• LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime) LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus : à gauche, manoir de Vardes par Paubry76 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51114513 ; au centre, manoir de Vardes ; Crédit : Paubry76 Sous licence Creative Commons 2017-05-1 https://monumentum.fr/manoir-vardes-pa76000059.html ; à droite, manoir de Vardes ; Crédit : Giogo Sous licence Creative Commons 2018-10-21 https://monumentum.fr/manoir-vardes-pa76000059.html 

     

         « Le manoir de Vardes (ou château) est un édifice situé sur la commune de Neuf-Marché, en Seine-Maritime, en France. (…) Il est situé sur la route départementale 915 au lieudit « ferme de Vardes ». [1]

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     « De l'ancien château de Vardes quelques bâtiments subsistent encore. Ce sont des constructions en briques. L'agriculture les a conquis sur les châtelains. A travers les bottes entassées des récoltes diverses, on peut apercevoir des poutres et des solives dorées, ornées de peintures et d'arabesques. » [2] 

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)   LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)

     

    Plan de situation du manoir de Vardes sur la commune de Neuf-Marché ; blason de la famille Crespin du Bec, fuselé d'argent et de gueules, par Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par User:Ssire., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5012623 

     

    Historique

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     « Vardes (anciennement Wardres) est une ancienne paroisse réunie à Neuf-Marché en 1823 (Démolition de l'église de Vardes en 1827). 

         Vardes est un établissement Romain et comme son nom l'indique, un poste pour défendre, en cet endroit, le passage de l'Epte. Son nom vient de Warda, garda, guardia, qui, selon Ducange, signifie praesidium, stalio, corps-de-garde, poste militaire.

         Le plus ancien seigneur connu de Vardes est Germer de Fly (mort entre 658 et 664), fils de Rigobert qui est un allié du roi Clotaire, est né à Vardes. Après avoir été courtisan et ministre, il devint moine et saint. Il fut premier abbé de l'abbaye Saint-Germer-de-Fly et conseiller des rois Dagobert et Clovis II.

         En 851 les Vikings emmenés par leur chef Hoseri (Asgeirr ou Asgeïr), remontent une nouvelle fois la Seine jusqu'à Rouen. Ils hivernent sur le continent pour la première fois. À pied, ils se rendent jusqu'à Beauvais qu'ils incendient ainsi que l'abbaye Saint-Germer-de-Fly avant d'être battus par les troupes Franques à Vardes. » [1]  

     

         « On trouve un seigneur de Vardes au nombre des capitaines qui accompagnèrent le duc Guillaume à la conquête de l'Angleterre. » [2]
     

         « On sait que le Château de Vardes était existant au 11e siècle, en raison de la présence actuelle d'une tour d'angle datée de cette époque. Il a été ensuite remanié aux 15e, 16e et 17e siècles. » [3]

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     « Au 16e siècle la seigneurie passe aux mains du vice-amiral de France Charles Crespin du Bec et de la famille Crespin du Bec. »

         « Le manoir, daté de la seconde moitié du 16e siècle et du 17e siècle, a été construit vers 1575-1585 par la famille du Bec Crespin, dans un but défensif et seigneurial.

         Le manoir connaît une campagne de construction sous l'impulsion de Jacqueline du Bueil, « comtesse de Moret (...) et maîtresse d'Henri IV ». [1]

     

         « Antoine de Bourbon, Comte de Moret, fils illégitime du roi Henri IV est né au château. (…) Jacqueline de Bueil, maîtresse officielle d'Henri IV puis épouse de René II Crespin du Bec, marquis de Vardes y serait morte, empoisonnée. » [3]

     

          « Vardes, avant la révolution, avait le titre de marquisat. (…)

         Cette terre a appartenu à la maison du Bec-Crespin dont était le fameux marquis de Vardes, célèbre par la disgrâce qu'il encourut sous le règne de Louis XIV et par l'amitié de Mme de Sévigné. » [2]

        Pour cette famille, voir ici ou/et ici.  

     

    Jacqueline de Bueil

      

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     « Jacqueline de Bueil-Courcillon fut l'une des maîtresses officielles d'Henri IV. Très jeune et sans fortune, elle exige du roi qu'il la marie à un gentilhomme de bonne famille.

         Le roi lui choisit un premier époux, Philippe de Harlay de Champvallon (1582-1652), comte de Césy, petit-cousin du président Achille, qu'elle épouse le 5 octobre 1604, à six heures du matin, à Saint-Maur-des-Fossés. Malgré ses frasques nocturnes dans Paris en compagnie le plus souvent de Roger de Bellegarde et Antoine de Roquelaure, et suivi des pages de la chambre de service arborant leur flambeau (et notamment par le jeune Racan), le roi lui est suffisamment attaché pour lui offrir, le jour de l'an 1605, le titre de comtesse de Moret, ainsi qu'une bourse de neuf mille livres. Le divorce avec Philippe de Harlay est prononcé le 18 juillet 1607 (il se remariera avec Marie de Béthune-Mareuil de Congy, cousine issue de germain du ministre Sully).

    De sa relation avec Henri IV naquit, le 9 mai 1607, un enfant prénommé Antoine de Bourbon-Bueil. Le petit comte de Moret sera légitimé en mars 1608.

     

    Ci-dessus, au Château de Bussy-Rabutin - Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret, marquise de Vardes (bgw19 0354) (cropped) par Benjamin Gavaudo - https://regards.monuments-nationaux.fr/fr/asset-92601, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=84833089

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     Jacqueline devient également la maîtresse de Claude de Chevreuse, prince de Joinville. Henri IV, informé par son ministre Sully, se fâche. La comtesse de Moret le rassure : Joinville ne lui fait pas la cour, il veut l'épouser. Voulant en avoir le cœur net, le souverain ordonne au prince d'acheter des alliances : toujours amoureux de Jacqueline, mais ne désirant en aucune manière s'opposer au roi, celui-ci rejoint immédiatement sa Lorraine natale. Alors qu'Henri IV fait mine de croire aux arguments de sa maîtresse, celle-ci se console vite avec un autre gentilhomme. Mais, cette fois, le roi « trompé » se fâche et rompt aussitôt.

         En 1617, elle se marie avec René II Crespin du Bec, marquis de Vardes.

         Elle serait morte empoisonnée à Vardes en 1651 et a été enterrée à dans la chapelle Notre-Dame de la Pitié, de l'église de Moret-sur-Loing, où sa pierre tombale est encore visible. » [4]

     

    Ci-dessus, document extrait de http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Crespin.pdf

     

          « Il y a six à sept ans qu’elle est morte empoisonnée par mégarde et sans y porter d’autre dessein. On a dit que c’étoit un valet qui l’a empoisonnée, et on soupçonne le mari, qui a retiré chez lui une demoiselle de bon lieu, qu’il pourroit bien avoir envie d’épouser. J’ai su depuis qu’on avoit fait un quiproquo chez l’apothicaire, et qu’on avoit donné du sublimé pour du cristal minéral. Elle en mourut. On lui trouva deux abcès qui l’eussent fait mourir subitement. » [7]  

     

         « Généalogie

     

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     Descendante directe de Jeanne de Valois, elle est l'arrière-arrière-arrière-petite-fille du roi Charles VII et de sa favorite Agnès Sorel.

         De sa relation avec Henri IV elle a eu un enfant :

    Antoine de Bourbon-Bueil (1607-1632).

         De son second mariage avec René II Crespin du Bec, marquis de Vardes elle a eu deux enfants :

         - François-René Crespin du Bec (1621-1688) marquis de Vardes : par sa fille Marie-Elisabeth du Bec-Crespin duchesse de Rohan, c'est un ancêtre des La Marck de Lummen et Schleiden, des Arenberg (cf. Amélie Louise Julie) et de Sissi.

          Voir aussi ici. 

         - Antoine du Bec (vers 1623-1658) comte de Moret, gouverneur de Hesdin. Il est tué d'un coup de canon au siège de Gravelines. » [4]

     

         « Dans cette famille de Vardes, on remarque surtout :

         - Philippe du Bec de Vardes qui fut évêque de Vannes en 1559, évêque de Nantes en 1566, et archevêque de Reims en 1594. Il assista au concile de Trente.

         - Jean du Bec de Vardes qui, après avoir parcouru les trois parties de l'ancien monde et s’être distingué dans la carrière des armes, entra dans les ordres, et devint évêque de Saint-Malo, abbé de Mortemer-en-Lions et mourut en 1610. On a de lui des paraphrases sur les Psaumes, et plusieurs autres ouvrages, entr'autres, L'Antagonie du chien et du lièvre, ouvrage fort rare, imprimé sans nom du lieu ni d'imprimeur en 1593, in-8°.
           - Antoine du Bec de Vardes, comte de Moret, lieutenant-général des armées du roi, tué au siège d'Ardres en 1658.
           - François-René du Bec, marquis de Vardes, comte de Moret, capitaine des cent suisses de la garde du corps du roi, créé chevalier des ordres en 1662. C'est le fameux marquis de Vardes dont nous avons parlé plus haut. Il naquit en 1615 et mourut en 1688. Après un exil de dix-huit années, Louis XIV le rappela par une lettre écrite de sa main, Vardes parut à Versailles dans son ancien costume et se jeta aux genoux du roi qui l'accueillit avec une bienveillance qui surprit toute la cour. Les grandes entrées lui furent rendues.
           M. Cartier, membre du conseil général du département de l'Eure pour le canton de Gisors, est aujourd'hui propriétaire de Vardes. (1844) »
     [2]  

     

         « Entre 1630 et 1665 René de Vardes et son fils, François de Vardes effectuent un grand nombre de transformations. » [1]

     

    Description

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     « Les bâtiments en brique et chaînage de pierre calcaire (portail, granges, colombier, logis) se développent autour d'une cour rectangulaire et comprennent des éléments défensifs (canonnières du colombier, fossés résiduels, échauguette, etc.). Cet ensemble a été transformé entre 1630 et 1665 par René de Vardes et son fils, François de Vardes, amis de la Marquise de Sévigné. Un grand bâtiment en maçonnerie à décor en bossage de brique, flanqué d'un pavillon à l'est, est élevé en travers de l'enclos. Le projet qui consistait sans doute à castelliser le manoir en construisant un château résidentiel séparé de la ferme, n'a pas abouti. A partir du 18e siècle, le manoir a été utilisé comme exploitation agricole, vocation qui est restée la sienne jusqu'à une époque très récente. » [5]

     

    Ci-dessus, une vue aérienne extraite du site Géoportail.

     

         « L'allée de châtaigniers a été plantée en 1805. Le parc comporte des poiriers dont le plus ancien aurait 400 ans. » [3]

     

    Protection

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     « Le manoir en totalité, soit l'ensemble du bâti organisé autour de l'enclos, de la clôture et des sols des parcelles A 137, A 138, A 167 et A 168, le grand logis central, ainsi qu'une bande de terrain de vingt mètres autour de l'enclos et l'avenue avec les sols et les alignements, les bornes et tables de pierre (cad. A 137, 138, 140, 166 à 169, 230, lieudit Ferme de Vardes) : inscription par arrêté du 24 juillet 2002. » [6]

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien du 19ème siècle - Archives de la Seine-Maritime, https://www.archivesdepartementales76.net/

     

    A proximité

     

    LES REMPARTS DE VARDES (Seine-Maritime)     Il y avait, juste à côté du château de Vardes, un poirier de 6,18 m de circonférence à 1,30 m du sol qui aurait été âgé de 400 ans. L’arbre est tombé en 2018 et n’existe plus. [NdB]

         Pour plus d’informations à ce sujet, voir ici.  

     

     

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de Supplément aux Recherches historiques sur la ville de Gournay-en-Bray par M. N.-R. [Potin] de La Mairie - Éditeur : Vve Folloppe (Gournay) : 1844 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65324148/f15.item.texteImage

    [3] Extrait de http://mes-ballades.com/76/chateaux-de-la-seine-maritime-76-en-region-normandie-en-france.htm 

    [4] Extrait de https://www.wikizero.org/wiki/fr/Jacqueline_de_Bueil 

    [5] Extrait de https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA76000059 

    [6] Extrait de https://monumentum.fr/manoir-vardes-pa76000059.html 

    [7] Extrait de Les Historiettes par Gédéon Tallemant des Réaux https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Historiettes/Tome_1/15 

     

    Bonnes pages :

     

    O https://monumentum.fr/manoir-vardes-pa76000059.html 

    O https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Manoir_de_Vardes?uselang=fr 

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6251678d/f47.image.r=%22manoir%20de%20Vardes%22?rk=21459;2 

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k307413/f356.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Vardes%22.zoom 

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  • LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure) LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure) LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Le nom ancien de Broglie est Chambrais. Cette commune, placée au point d'intersection de la voie romaine de Lisieux à Évreux, avec le grand chemin d'Alençon, remonte peut-être à la période romaine. » (Le Prevost.)
          Broglie a appartenu, du 11e siècle à 1636, à la puissante famille de Ferrières, dont le château fort, construit au 12e siè
    cle, tomba au pouvoir des Anglais, en 1418, et resta entre leurs mains jusqu'en 1449, époque à laquelle ils en furent délogés par Dunois. De leur côté, les protestants et les ligueurs s'en emparèrent, à la fin du 16e siècle, et dévastèrent le bourg et l'église.
          Le domaine de Chambrais entra par acquisition dans l'illustre famille de Broglie, en 1716. La baronnie de Ferrières ayant été érigée en duché, en 1742, Chambrais reçut le nom de Broglie. Les constructions militaires de l'ancien château de Chambrais disparurent pour faire place à un château moderne, entouré d'un beau parc, d'où l'on domine le bassin de la Charentonne, l'une des vallées les plus riantes de toute la France. » [1]

     

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         « Ce lieu ne doit cependant pas être confondu avec Chambray, autre commune de l'Eure, dont l'étymologie est peut-être la même. » [2]

     

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    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Le château de Broglie s'élève tout à côté du joli bourg du même nom ; l'une des grilles du parc s'ouvre sur le bourg. Le parc est très grand et bien planté il rappelle plus les jardins italiens que les jardins anglais.
          Grâce au mouvement du terrain, on y jouit d'une vue charmante sur la rivière et sur la vallée. De beaux arbres aux épais feuillages ombragent les allées remarquablement tracées. Le château lui-même peut dater de la guerre de Cent ans, dans ses parties les plus
    anciennes ; il a même subi plus d'un siège des Anglais, mais la longue façade et les principaux bâtiments ont été construits au 17e et au 18e siècle. De nombreuses restaurations ont eu lieu depuis cent ans, mais l'aspect général est le même qu'en 1789 et prouve, mieux que bien des phrases, les bonnes relations qui ont existé avant la révolution entre le château et la chaumière. Si le château avait eu à craindre les attaques de la chaumière, les grandes fenêtres de la façade ne descendraient pas jusqu'au sol et ne s'ouvriraient pas comme des portes. Le château de Broglie, comme beaucoup des châteaux d'alors, ne ressemble pas plus à une forteresse féodale qu'à une villa romaine du premier siècle.
    Il serait moins facile à défendre que les châteaux construits en Angleterre, même sous le règne de la reine Anne.
          A l'intérieur, les grands salons, le vestibule, la magnifique bibliothèque, sont bien en rapport avec les traditions d'une famille qui, depuis deux siècles, a tant contribué à l'histoire de France et fourni à sa patrie plusieurs générations successives de maréchaux et d'hommes d'État. » [3]
     

     

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    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Peu de personnes savent probablement que le château de Broglie (Eure) a appartenu à Pomponne, et même a été construit par ses ordres ; la baronnie à laquelle le premier duc de Broglie fit donner, en 1742, le nom de la localité piémontaise dont sa famille était originaire, s'appelait alors Chambrais. » [4]

     

         « Le bourg de Broglie, on le sait, portait autrefois le nom de Chambrais. Ce qu'on sait moins c'est que en 1716, François-Marie de Broglie, ayant acquis la baronnie de Ferrières, son chef-lieu, Chambrais, prit officiellement, en 1743, le nom de l'illustre famille qui le possédait et en faveur de laquelle cet important domaine avait été érigé en duché l'année précédente. » [5]

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)

     

    Plan de situation du château de Broglie ; blason de la famille de Broglie, d'or au sautoir ancré d'azur, par Nicolas C - moi et inkscape, Domini públic, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7255204 

     

    Histoire

     

         « Le bourg figure dans la dot de Judith de Bretagne et devient au 10e siècle partie intégrante du domaine du duc Richard II. » [2]

     

    La famille de Ferrière

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Au 11e siècle, Chambrais devint propriété de Henri Ier de Ferrières. » [2]

         « En 1071, délaissant le berceau ancestral de Ferrières-Saint-Hilaire, situé à 4 kilomètres en aval, les Premiers barons fossiers de Normandie, ainsi dénommés car ils avaient le droit d’ouvrir sur leurs terres des fosses à charbon et à minerai, s’installèrent à Chambrais. » [6]

     

    Ci-dessus, blason de la famille Ferrières, d'hermine, à la bordure de gueules chargée de huit fers à cheval d'or, par Cette image vectorielle a été créée avec Inkscape par Tretinville., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18651735 

         Sur la famille de Ferrières, voir ici.  

     

         « La seigneurie de Chambrais fut probablement donnée, vers 1071, par Guillaume le Conquérant à Henri de Ferrières, son compagnon et son ami ; du moins, est-il certain que le fils de ce dernier, Henri, deuxième du nom, la possédait au commencement du douzième
    siècle et que pendant six cents ans, elle fit partie du patrimoine de la maison. La forteresse, établie au plus haut de la colline qui domine le cours de la Charentonne, suivit les vicissitudes de l'histoire de la
    province. » [4]

     

         « Le roi d’Angleterre, Jean sans Terre y résida en 1199 et à plusieurs reprises en 1203. » [6]

     

         « Enlevée par les Anglais en 1418, elle fut reprise par Dunois en 1449... Deux tours en subsistent qui portent encore la marque des assauts de Dunois... Presque démantelé, le château a dû être approprié aux exigences de l'habitation. » [4]

     

         Durant la guerre de Cent Ans, le château de Chambrais tombe aux mains des Anglais, en 1418. Ils en sont délogés par Dunois en 1449. Les 18-26 septembre 1449 le château est repris par les Français [NdB] :

     

         « Pour l'autre armée, commandée par Monseigneur le conte de Dunois, lieutenant général du roy, comme dit est (avec lequel estoient Monseigneur le conte de Clermont, et celuy de Nevers les seigneurs d'Orval, et de Jalongnes, mareschal de France ; Charles de Culant, grand maistre d'ostel ; Messire Pierre de Bresay, seneschai de Poitou ; le seigneur de Blainville maistre des arbalestriers, le sire de Bueil, le sire de Gaucourt, et les baillifs de Berry et d'Évreux, avec trois à quatre mille gens de guerre bons combatans et gens d'étite), après leur département dudit Louviers, alla mectre le siège devant Chambrois, ou Chambrais, en Normendie, le dix-huitiesme jour de septembre duquel estoit cappitaine Guillaume Harniton Anglois accompaigné de deux cents hommes de guerre. Devant lequel chastel lesdits seigneurs francois et leurs gens furent par l'espace de huit jours ou environ, après quoy se rendirent ceulx de dedens par semblable composicion qu'avoient fait ceulx de-Neufchastel dessusdit. Et fit cette fois ladite composicion le susdit conte de Clermont, avec iceluy cappitaine, et ses gens au nombre de deux-cents hommes de guerre estans en garnison dans ladite place, laquelle de cette sorte fut acquise et demoura en suite en la main et l'obéissance du roy. » [7]  

     

         « Les protestants et les ligueurs dévastèrent Chambrais en 1589 ; le duc de Montpensier s’en empara définitivement en 1590. » [6] 

     

    « Incendie du château de Chambrais en 1589

     

         On lit aussi dans le document précité : « Les titres antérieurs au 16e siècle, s'ils avoient pu échapper aux Anglois, n'auroient pu échapper aux Gautiers et à leurs adhérents, la plupart vassaux de la baronnie, qui ont occupé si longtemps le château sons la conduite du capitaine Bosgueret, qui enlevèrent et pillèrent ce qui pouvait rester des titres anciens.
          « …Les anciennes déclarations avoient été enlevées et pillées par les vassaux et tenanciers de la baronnie de Chambrois,
    commandés par Jean Des Corches, écuyer seigneur du Bosguéret, vassal de la baronnie un surnommé Nicole dit Maupertuis, se disant capitaines pour le parti de la Ligue et union de rebelles au Roy, à la complicité d’une multitude de vassaux médiats et immédiats révoltés, qui surprirent luirent et occupèrent de force le château de
    Chambrois, brulèrent un corps de bâtiment de 80 pieds de longueur sur 34 pieds de largeur, rompirent les portes du chartrier, les armoires, coffres et bahuts qui renfermoient les titres qu'ils emportèrent, laissèrent emporter à toutes les personnes qui voulurent s’en saisir et laissèrent le reste sur le pavé du cabinet, dont les portes et les fenêtres ayant été fermées promptement en maçonnerie lors de la reprise du château par M de Montpensier qui fut obligé de l'abandonner. Ces papiers et parchemins laissés en désordre sur le pavé y furent trouvés pourris et consommés après les troubles, ainsi qu’il est constaté par le procès-verbal et des exploits de Pierre Lecomte, commissaire nommé par sentence du bailliage d’Orbec en date du 4e jour de mai et autres jours suivant de l’année 1591, et par une sentence du bailliage du dernier avril de la même année, portant permission d’informer des dégâts et ruines causés par les guerres au dit lieu de Chambrois. » [8]

      

         « Par succession féminine, la baronnie de Chambrais-Ferrières échut aux familles d’Arces, des Ursins et de Conflans. » [6] 

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure) LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)

     

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Arces, d'azur au franc canton d'or, https://man8rove.com/fr/blason/gn5qq6-arces ; au centre, blason de la famille Ursins, bandé d'argent et de gueules au chef d'argent chargé d'une rose de gueules, soutenu d'une divise d'or chargée d'une anguille ondoyante en fasce d'azur, https://man8rove.com/fr/blason/qrklfs5-orsini-et-jouvenel-alias-juvenal-des-ursins ; à droite, blason de la famille Conflans, d'azur semé de billettes d'or, au lion du même armé et lampassé de gueules brochant sur le tout, https://man8rove.com/fr/blason/ikh19qy-conflans 

    La famille Conflans

     

         Les Conflans furent seigneurs de Chambrais de 1628 à 1653 : [d’azur] billeté [d’or] au lion rampant [aussi
    d’or], brochant sur le tout
    . [NdB]

     

    La famille Lecomte de Nonant

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)      « Elle fut acquise en 1653 par Charles Le Conte de Nonant, frère du bâtisseur de Beaumesnil (…) » [6] 

     

          « La seigneurie passe à la famille Lecomte de Nonant en 1653. » [2]

     

          « En 1653, Eustache III, baron de Ferrières et comte de Conflans, vendit Chambrais à Charles Le Conte de Nonant.

     

    Ci-dessus, blason de la famille Lecomte de Nonant, d'azur au chevron d'argent, accompagné en pointe de trois besants d'or, mal ordonnés, par Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=109864521

     

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     De celui-ci, la terre passa à sa fille Catherine, mariée à Jacques du Plessis-Chatillon. Ils la vendirent, le 28 avril 1682, à M. de Pomponne (Charpillon et Caresme, Dictionnaire historique des communes du département de l'Eure, Les Andelys, 1868, V. Broglie. Les actes relatifs à cette acquisition ont été énumérés ci-dessus, p. 160-162.).
          Il acheta en même temps les seigneuries d'Anquinville et du Fresnay ; il fit ultérieurement l'acquisition des fiefs du Hamel et du Fay et de plusieurs terres ; il acheta aussi le moulin de Taunay sur la rivière de Carentan (voir p. 160, 163, 170, et ci-dessous, pièce LXXXI) (Voir, dans la pièce LXXXI, l'estimation de ces terres.). » [4]

     

     

    Ci-dessus, blason de la famille Plessis-Châtillon : d'argent à trois quintefeuilles de gueules, https://man8rove.com/fr/blason/cb1nka3-plessis-chatillon 

     

    La famille Pomponne

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Puis, en 1682, Simon Arnauld de Pomponne, qui vient d'être disgracié de sa charge de secrétaire d'État des Affaires étrangères, achète la baronnie de Chambrais, Ferrières et autres lieux. » [2] 

     

         « Simon Arnauld, marquis de Pomponne, ministre d’État sous Louis XIV, ami de la marquise de Sévigné et neveu du grand Arnauld, fondateur du jansénisme.
          Simon Arnauld réaménagea le vieux château féodal, appliqua sur l’ancien bâtiment une sobre façade en silex avec des pavillons en saillie, rythmée par des chaînages, pilastres et encadrements de poudingue. » [6]

     

    Ci-dessus, blason de la famille Pomponne, d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux palmes adossées et en pointe d'un mont isolé de six coupeaux, le tout d'or, https://man8rove.com/fr/blason/pt7lofh-arnauld 

     

          « Un grand corps de logis (château actuel) est construit vers 1680-1690 dans un style classique sobre. » [11]

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Nous avons lu dans l'inventaire (p. 173) que Pomponne fit commencer la construction d'un château, qui était presque achevé à sa mort et dont sa veuve fit continuer les travaux. Les meubles qui étaient dans le château furent évalués en 1712 à 4 000 livres et les terres de Normandie, ensemble, à 419 130 livres.


         LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)

             Nous pouvons donc établir avec quelque précision la date, qui jusqu'ici était demeurée inconnue, de la construction du château de Chambrais (ou Broglie) : mais c'est presque tout ce que nous savons de son histoire au dix-septième siècle. Ni les archives de la maison de Broglie (Voir pièce LXXXI ; sauf les domaines d 'Anquinville et du Fresnay et le moulin de Taunay attribués à l'abbé, ni les archives départementales de l'Eure ne contiennent rien à ce sujet. » [4]
     

    La famille Broglie

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « Enfin, en 1716, François Marie, comte de Broglie, achète la baronnie au fils de Pomponne, qui est érigée en duché héréditaire en 1742 par Louis XV, sous le nom de Broglie pour récompenser la famille de Broglie des éminents services rendus au royaume, notamment lors des guerres de Succession d'Espagne, de Pologne et d'Autriche. » [2]

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Broglie, d'or au sautoir ancré d'azur, par Nicolas C - moi et inkscape, Domini públic, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7255204 


          « Lors du partage qui suivit la mort de Mme de Pomponne, les terres de Normandie furent attribuées à Nicolas-Simon (Voir p. 123 et 282.). Celui-ci, en 1716, vendit Chambrais et Ferrières à François-Marie, comte de Broglie (La Normandie monumentale, p. 284.), qui fit ériger la baronnie de Ferrières et Chambrais en duché sous le nom de Broglie.
    Le premier duc de Broglie, qui mourut en 1745, dans sa terre de Buhy, semble n'avoir pas habité le château auquel il avait donné son nom. On dit cependant qu'il « fit abattre le vieux château-fort de Chambrais et fit construire le château actuel, qui fut terminé vers 1733 » (Note que M. L. Jacob, archiviste-paléographe, a bien voulu me communiquer et qui lui a été fournie par M. Veuclin, de Bernay, auteur d'une monographie manuscrite du château et du bourg de Broglie. M. Veuclin ajoute : « Il subsiste encore la motte de l'ancien château fortifié de Ferrières-Saint-Hilaire ; il ne reste aucune trace des murailles ; seule, la porte du donjon est encore visible. »).
          Les documents précis manquent sur ce point, mais de l’aspect même du château, il résulte que les travaux accomplis au dix-huitième siècle ne furent pas très considérables et laissèrent subsister, en la complétant, l'œuvre de Pomponne. « La bâtisse proprement dite date sûrement du dix-septième siècle », dit un des historiens qui ont décrit Broglie (La Normandie monumentale, p. 204.). « Ce château, dit un autre, présente un aspect rustique et vieux, bien qu'il ne date que du règne de Louis XIV ; il est construit en silex avec chaînes et encadrements de cette espèce de poudingue que dans le pays on appelle grison. Il est appliqué contre une construction beaucoup plus ancienne et recouverte par des lierres séculaires de l'effet le plus pittoresque. Ce vieux débris semble encore, de la hauteur où il est placé, protéger le bourg et toute la vallée par les deux puissantes tours dont il est flanqué (De Glanville, Rapport sur une excursion faite au château de Broglie Annuaire normand, 1864, p. 507. — Ce rapport, adressé au congrès tenu à Bernay par l'Association normande, ne contient guère de détails que sur la chapelle et la bibliothèque. L'ouvrage de Taylor et Nodier sur la Normandie ne contient aucune notice sur le château de Broglie.). »
           Depuis deux siècles, l'aspect du château ne parait pas avoir changé (Il n'y a pas au Cabinet des Estampes de vue ancienne du château de Broglie. On en trouvera ci-contre une vue que j'ai fait graver d'après une photographie dont je dois la communication à mon excellent ami, M. l'abbé V. Muller. Une photographie qui a été prise à peu près du même point, a été gravée dans la Normandie monumentale. Je crois savoir qu'un tableau de Rousseau, représentant le château, aurait été donné à M. Guizot par M. le duc de Broglie, son ami et collègue, et serait conservé dans la famille de Witt.). La famille de Broglie y établit sa principale résidence en 1742 (Le duc V. de Broglie (Souvenirs, publiés par son fils, 1886, p. 2) parle des chasses somptueuses que le maréchal donnait dans la forêt.). Pendant la Révolution, le domaine fut saisi ; il fut restitué à l’héritier légitime en 1797 ; mais le château avait été dévasté au point qu'il n'y restait pas même de croisées ; le mobilier avait été vendu, la bibliothèque transférée à Bernay, et les papiers brûlés (Duc De Broglie, ibid., p. 26-27.) ; » [4]

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure) LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure) LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)

     

         « Vers 1730, sur l'emplacement de l'antique, forteresse de Chambrais, le second maréchal de Broglie fit bâtir le château que l'on voit aujourd'hui or, il est incontestable que cette importante construction fit grand bien non seulement tous les corps de métier du pays, mais aussi à tous les marchands de la localité.
          Les constructions élevées sur les fiefs du domaine produisirent les mêmes avantages à ces artisans et à ces boutiquiers locaux.
    Et, lorsque, vers 1735, la famille de Broglie vint s'installer en son nouveau château de Chambrais, où elle résida constamment jusqu'à la Révolution, on comprend que les seules dépenses du seigneur et de ses nombreux serviteurs étaient de nature à augmenter la prospérité commerciale et industrielle du bourg et des paroisses voisines, lesquelles trouvaient un écoulement facile et rémunérateur de leurs denrées au marché du vendredi. » [5]
     

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)     « L’empereur Joseph II, en 1777, puis le futur tsar Paul Ier, en 1782, vinrent à Broglie. » [6] 

     

         « En 1789, l'antique château de Broglie, acquis en 1716 par l'illustre famille de ce nom, possédait, depuis 30 ans, huit pièces de canon données au duc Victor-François de Broglie, dans les mémorables circonstances. (…) 

          Le 23 juillet 1758, le général Victor-François de Broglie, alors âgé de 40 ans et qui depuis 24 servait dans les armées de Louis XV, joignit, à Sandershausen, un corps de 8 000 Hanovriens, le mit en fuite, en tua 2 500 et fit un grand nombre de prisonniers. Le roi témoigna sa satisfaction au vaillant général en lui faisant présent de 4 pièces de canon prises dans cette bataille.
          
    L'année suivante, le 13 août 1759, le même général soutint encore un combat glorieux contre les Hanovriens commandés par le prince Ferdinand de Brunswick, en repoussant 40 000 hommes avec 23 000 Français qu'il avait. Le roi lui donna encore 4 des canons pris à l'ennemi. (…) 

          Le maréchal de Broglie fit transporter à son château ces 8 canons sur lesquels fut ciselée une inscription relatant les circonstances du don royal. » [10]  

     

          En 1789, ces huit canons furent transportés à Bernay où par la suite, on perdit leur trace. Le Maréchal de Broglie et ses deux fils émigrèrent peu après. Seul, le prince Claude-Victor, resté en France, périra sur l'échafaud, cinq ans plus tard. [NdB] 

     

           « Léonor Mérimée, père de Prosper Mérimée, écrivain du 19e siècle, qui, lors de la Révolution de 1789, aurait évité le pillage du château en livrant ses archives aux émeutiers ; son nom a été donné à un pavillon de la demeure. » [2]

     

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    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)      « Le château est abandonné et livré au pillage en 1792 suite à l'exil de Victor de Broglie. (…) A partir de 1814, son descendant remit en état le domaine et les intérieurs selon le goût de l'époque Restauration et créa un parc à l'anglaise. » [11]

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

          « Le château actuel avec sa façade de plus de 250 m est dû aux travaux exécutés, après la Révolution par le duc Victor de Broglie et de son épouse, née Albertine de Staël. » [2] 

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)      « Pillé et incendié sous la Révolution, le château fut restauré vers 1820, par Victor de Broglie, qui aménagea les bibliothèques destinées à abriter les livres de madame de Staël venus de Coppet. De nombreux ouvrages politiques et scientifiques s’y ajoutèrent ensuite. L’ensemble constitue aujourd’hui une collection privée, unique en France, de soixante mille volumes. 

          Occupé en 1870, le château fut le quartier général du grand-duc de Mecklembourg.
           Le maréchal de Mac Mahon, président de la République, vint à Broglie en 1874.
           Éminent lieu de rencontres politiques et littéraires, le château s’enrichit au début du 20e siècle d’un laboratoire scientifique fréquenté par nombre de chercheurs dont les découvertes se révélèrent, plus tard, d’une extrême importance.
          En 1944, peu avant la bataille de Normandie, dans le château entièrement réquisitionné, se tint, un important conseil de guerre allemand, présidé par Himmler, auquel assista le maréchal Rommel. » [6]
     

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)      « Si les premiers des De Broglie se sont illustrés par leurs carrières militaires, leurs descendances, elles, ont brillé en politique, sciences et lettres.
           Les premiers, Achille Léon Victor (1785-1870) et Jacques Victor Albert (1821-1901), occupèrent de hauts postes au niveau français. Ils furent plusieurs fois ambassadeurs, ministres, et présidents du conseil. Ce sont, tout comme leurs descendants, des écrivains reconnus, membres de l’Académie française.
           De plus, Maurice et Louis furent de très grands physiciens. Le premier découvrit les spectres de rayons X et mit en évidence les spectres corpusculaires qui permirent de pénétrer directement dans l’atome, ce qui en fait un des fondateurs de la science atomique. Il fut maire de Broglie pendant 44 ans. »
     [9] 

     

          « Un cabinet de physique fut installé dans le château par Maurice de Broglie, membre de l'Institut de France, et par son frère Louis, prix Nobel de physique en 1929. » [11]


           « Son frère Louis (1892-1987), fut aussi un grand physicien. Fondateur de la mécanique ondulatoire, il réalisa une synthèse des lois de la matière et du rayonnement, reprenant notamment les travaux
    d’Augustin Fresnel. Il reçut le prix Nobel de physique en 1929 pour ses travaux sur la diffraction des électrons.
           Il faut réellement noter l’influence continue et prépondérante de cette famille sur la politique du territoire, dont les membres ont été quasi systématiquement élus à la tête du canton et de la ville au cours des siècles, et ce encore jusqu’à peu. »
    [9] 

     

    Site officiel de la maison de Broglie : http://maisondebroglie.com/ 

     

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    Une enceinte fortifiée ?

     

          Le texte ci-après semble indiquer que le bourg de Chambrais a connu des fortifications… Qui pourrait nous en apprendre plus à ce sujet ?... Merci [NdB] 

     

          « En 1785, un procès qui eut lieu entre le fournier du four à baon et quelques habitants réfractaires, donne les détails suivants :
    « Chaque baron – dit le fournier – s’établit et se fortifia comme le jugea à propos de Ferrières établit sa principale forteresse à Chambrais, où, il se fortifia et fit environner le bourg ou village d’une haute et forte muraille flanquées de tours et fermée de cinq portes ; il en distribua le terrain à vil prix à raison de 12 deniers par place (…)

          Il établit en faveur de ses vassaux un moulin et un four banal moyennant rétribution portée par les titres et les dispensa par-là de construire des fours dans leurs maisons ; il pourvut à la sûreté de leurs personnes et de leurs membres contre l’incursion des ennemis en leur accordant une retraite assurée dans sa forteresse et dans son château, à la charge d’en faire le guet en temps d’hostilités ; il les affranchit des aides féodales et coutumes, des reliefs et treizièmes et leur accorda des franchises aux jours de foire, des droits de conquêt, aux femmes, etc.

          Les communautés dont parlent les adversaires n'ont été établies que sous Louis-Ie-Gros qui commença à régner en 1100.
           Quant à l’augmentation des habitants de Chambrais, on en peut encore juger par les vestiges des portes et des murailles. C’était un lieu très limité, qui ne comprenait que le château environné de murailles et le terrain renfermé dans celle du bourg entre ses cinq portes et les murailles qui l’entouraient ; le surplus a toujours fait partie de la seigneurie de Fresney et qui n’a jamais été tenue en bourgeoisie ; il n’y a donc jamais eu lieu d’espérer un accroissement d’habitants.
     »

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)      « Les habitants de Chambrais – répliquent ces derniers – ont l’avantage de voir encore autour de leur bourg quelques ruines de vieux murs qui enfermaient l’enceinte et lequel domine le château de leur seigneur environné de grands fossés. Ce château servit-il autrefois de fort à leurs pères et ses murs furent-ils construits pour leur sûreté aux dépens de leur baron ?
           « Quand le fournier assure qu'oui, il a sans doute de bonnes preuves de tout cela, ne fut-ce que par la tradition ; mais si nos anciens barons furent utiles à leurs hommes, ceux-ci furent-ils inutiles à leurs barons ? Si les matériaux furent fournis des deniers des uns, les autres purent bien payer la main-d'œuvre de leurs sueurs ? et le plus puissant ne fut probablement pas le plus mal servi.
    » [8]
     


          
    « II est à noter que sont encore visibles dans le bourg de Broglie des traces de la forteresse du 11e siècle (Photo ci-dessus extraite de ce document [9]). L’ancien mur d’enceinte est intégré à une maison. Noter les murs en pan de bois et la toiture en tuileaux). » [9]

     

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    Description 

     

           « Les constructions militaires de l’ancienne forteresse ont été remplacées par un vaste château moderne entouré d’un beau parc qui domine la vallée de la Charentonne. » [2]  

     

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           « Toujours propriété des Broglie, l’actuel château – 242 m de façade en ligne brisée, 300 fenêtres – ne représente que la moitié de celui du 18e siècle. Son pavillon d’entrée porte le nom de François Mérimée, intendant du maréchal de Broglie, grand-père de l’écrivain et d’Augustin Fresnel. » [6] 

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       « Il est décrit ainsi après la Révolution de 1789 par le 3e duc (né en 1785) : « Le château, dont les meubles avaient été vendus, était inhabitable, sans croisées (fenêtres), avec tout au plus des volets ; j'allai loger chez le notaire » ; l'intendant (père de Prosper Mérimée) avait dû livrer les archives à la populace. L'immense demeure familiale dévastée put être restaurée grâce à la dot et aux héritages familiaux reçus par Albertine de Staël-Holstein, épouse du 3ème duc depuis 1816. Aperçu du château vers 1900 par Pauline de Broglie (1888-1972), plus tard comtesse de Pange, petite-fille du duc Victor : « La grande maison, fermée depuis de longs mois, (était) mal nettoyée. L'immense salle à manger était sombre, les portraits d'ancêtres à peine éclairés par les grosses lampes à pétrole suspendues aux plafonds et qui se balançaient au bruit des chaînes de cuivre (…) ». Elle est séduite par la première bibliothèque, sorte de chef-d'œuvre du genre (12 mètres sur 10), aménagée par Cornélia Eucharis Greffulhe, comtesse de Castellane, « qui fit plaquer sur les boiseries Louis XV une bibliothèque en sapin dans le goût anglais, parcourue d'une galerie circulaire, accessible par un escalier néo-gothique soutenu de lamelles d'acier », qui contient en 40 000 volumes le fonds familial : « Les rayons de livres qui, sur les quatre murs, vont du plancher au plafond, sont entièrement en pitchpin. Un petit escalier à vis monte jusqu'à une galerie légère qui fait le tour des rayons sans qu'on puisse comprendre sur quoi elle prend son appui (…). Le plafond en bois est formé de caissons ornés de rosaces en pâte plastique ton sur ton.

     

    Ci-dessus : plan extrait du cadastre napoléonien de 1831 montrant l'étendue du parc du château de Broglie - archives de l'Eure - https://archives.eure.fr/

     

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       « Sur les travées du haut se trouvent tous les livres qui ont appartenu à Mme de Staël  et sont venus de Coppet après la mort de son fils Auguste en 1827 (…) ». Les in-folio rangés à plat dans les meubles du centre, les fauteuils couverts d'andrinople rouge, « un superbe bureau Empire qui venait, disait-on, de la Malmaison » - achats du duc Victor - une lourde statue de Moïse en bronze, le maître à penser d'une digne bibliothèque de « doctrinaire » : il s'agit là de la seconde bibliothèque du château, qui abrite elle une partie des fonds de Stael. Le portrait par le baron Gérard de Mme de Staël en Corinne, coiffée d'un turban blanc barré par un tortil de couleur noués « à la Créole » qui surmonte la cheminée de la seconde bibliothèque serait une réplique de celui conservé au château de Coppet, selon Léandre Vaillat (Le château de Coppet - "L'Art et les Artistes", 1913, p. 171 - arch. pers.) ; une autre copie est au château de Versailles. Selon une expression populaire (non vérifiée), il est dit que le château compte « autant de fenêtres qu'il y a de jours dans l'année ». Situé en surplomb, entouré d'un vaste parc et d'une dense hêtraie, il est très peu visible et peu accessible aux visites. » [2] 

     

    Protection

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       « Les façades et toitures du château et des communs ; le hall d'entrée ; l'escalier avec sa cage et sa rampe ; la chapelle ; la bibliothèque des Ministres, la bibliothèque de Madame de Staël, le grand salon dit salon bleu, avec leur décor sont inscrits aux monuments historiques par arrêté du 25 février 1974. » [2] 

     

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    A proximité 

     

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          O « Église Saint-Martin : l'église actuelle fut édifiée au cours de la deuxième partie du 11e siècle par Henri II de Ferrières. Six colonnes romanes supportent des arcatures entrecroisées ; au-dessus, une ogive abrite la statue du saint patron et les piliers nord de la nef sont de style roman. Le collatéral sud a été construit au 15e siècle par Jean IV de Ferrières. La pierre de grison est particulièrement présente en façade et dominante à l'intérieur de l'édifice. À noter, un joli vitrail représentant saint Martin qui coupe son manteau pour en donner la moitié à un pauvre (en tant que membre de l'armée romaine, il ne possédait « en propre » que la moitié de cet équipement militaire). L'édifice est  Classé MH (1862) » [2]

     

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    Au Chamblac :

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       O « Le site du château de Bonneville et son parc sont classés à l’inventaire des monuments historiques. Reconstruit à plusieurs reprises, le château est composé de parties datant du 15e siècle et du 18e siècle. Il est en brique d’un ton orangé vif et est agrémenté d’élégantes ferronneries. Il est entouré d’un parc de hauts buis taillés en forme de jeux d’échec, qui contribue à lui donner son allure de gentilhommière du Pays d’Ouche. Il est ouvert au public en période estivale. " [9]

         Ce château fut la demeure de l'écrivain Jean de la Varende (1887,1959), voir ci-après.

     

    Personnalités

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       O « Jean-François-Léonor Mérimée est né à Broglie le 16 septembre 1757. D’abord peintre, il exposa ses œuvres issues de voyages en Italie et en Hollande, au Louvre. Il devint ensuite professeur de dessin à l’école polytechnique et s’illustra par ses travaux complets sur la restauration des tableaux. C’est le père du célèbre écrivain Prosper Mérimée et l’oncle d’Augustin Fresnel. » [9]

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       O Augustin Fresnel (1788-1827) : Augustin Fresnel est né à Broglie le 10 mai 1788 dans une maison du bourg, orné depuis 1884 et encore aujourd’hui de son buste. Fondateur de l’optique moderne, il proposa une explication de tous les phénomènes optiques dans le cadre de la théorie ondulatoire de la lumière, remettant en cause l’optique de Newton. Ses formules, dites de Fresnel, sur la réfraction sont toujours utilisées. Dans le domaine de l’optique appliquée, Fresnel inventa la lentille à échelon, dite lentille de Fresnel, utilisée pour accroître le pouvoir de l’éclairage des phares. » [9]

     

    LES REMPARTS DE BROGLIE (Eure)       O Jean de La Varende (1887,1959) : Jean Mallard, vicomte de la Varende est né au château de Bonneville au Chamblac en mai 1887. Après avoir fait les Beaux-Arts, il s’installe définitivement au Chamblac en 1919 jusqu’à sa mort . Écrivain et poète, on lui doit plus de quatre-vingts volumes où se mêlent romans, nouvelles et récits historiques dont les plus célèbres sont « Nez de Cuir », « Les contes du Pays d’Ouche », et « Le Centaure de Dieu », roman pour lequel il reçut le Grand Prix de l’Académie Française en 1938. » [9]

     

    Ci-dessus, une photo de Jean de la Varende par Robert Doisneau — http://www.encres-vagabondes.com/livredvd/nezdecuir.htm, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50885789

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l’Histoire et géographie du département de l'Eure par Paul Rateau et J. Pinet  (inspecteur de l'instruction primaire) - Éditeur : A. Blot (Evreux) 1870 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96926896/f220.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Chambray%22Broglie

    [2] Extrait de Wikipédia

    [3] Extrait de Voyage en France d'un démocrate américain pendant l'année du centenaire par William-Henry Hurlbert (1827-1895). Éditeur : (Paris) 1890

    [4] Extrait de Le marquis de Pomponne : ambassadeur et secrétaire d'Etat, 1618-1699 par Louis Delavaud, (1860-1924). Éditeur : Plon-Nourrit (Paris) 1911 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9760832w/f296.item.r=%22Chambrais%22.zoom 

    [5] Extrait de Petit bouquet de fleurs historiques sur la maison de Broglie : à l'occasion du concours agricole tenu à Broglie, le 14 septembre 1884 cueilli par Ernest Veuclin (1846-1914). Éditeur : (Bernay) 1884 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k633253/f12.item.r=%22Chambrais%22 

    [6] Extrait de http://maisondebroglie.com/chateau-de-broglie-eure/ 

    [7] Extrait de la Chronique de Charles VII, roi de France. Tome 2 par Jean Chartier (1385 ? - 1464) ; nouvelle édition, revue sur les manuscrits... publiée avec notes, notices et éclaircissements par Vallet de Viriville, Éditeur : (Paris) 1858 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k27713b/f125.item.r=%22Chambrais%22 

    [8] Extrait de Les anciennes fortifications de Ferrières et Chambrais par V. Ernest Veuclin (1846-1914). Éditeur : (Bernay) 1891 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63428d/f9.item.r=%22Chambrais%22 

    [9] Extrait de http://memoires.scd.univ-tours.fr/EPU_DA/LOCAL/2004_MAG1_PIND_BLONDEL_CYRIL.pdf 

    [10] Extrait de http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/08/26/27900373.html 

    [11] Extrait de la fiche Le dire de l’architecte les Essentiels de l’Eure - Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Conseil n°99 – Zones à Forte Sensibilité Patrimoniale – 3 déc. 2015 – France Poulain - https://www.eure.gouv.fr/content/download/41139/266442/file/ESSENTIEL_CONSEIL_99%20Broglie_Chateau_ZFSP.pdf 

     

    Bonnes pages :

     

    O La Normandie monumentale et pittoresque... Eure, 1re [-2e] partie.... Partie 2 - Éditeur  :  Lemale (Le Havre) 1896 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62406567/f371.image.r=%22Chambrais%22?rk=1845502;4 

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k541051b/f1.image.r=%22Chambrais%22?rk=1072966;4 

    O https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/ro00001271320/histoire-de-broglie 

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63324r/f4.image 

    O http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/08/26/27900373.html 

    01 http://memoires.scd.univ-tours.fr/EPU_DA/LOCAL/2004_MAG1_PIND_BLONDEL_CYRIL.pdf 

     

         Ci-dessous, fiche Le dire de l’architecte les Essentiels de l’Eure - Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Conseil n°99 – Zones à Forte Sensibilité Patrimoniale – 3 déc. 2015 – France Poulain - https://www.eure.gouv.fr/content/download/41139/266442/file/ESSENTIEL_CONSEIL_99%20Broglie_Chateau_ZFSP.pdf

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  • LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     « (…) Un poète né sur les bords de la Sélune, vers le milieu du 16e siècle, a orné de toutes les fleurs de la mythologie l'histoire des localités voisines, et a donné à Ducey une merveilleuse origine. De l'union du dieu de l'Ile Manière ou Lyrmano avec la nymphe Sélune naît Poilleion. Celui-ci poursuit en la prée une nymphe qui croit l'éviter en se jetant dans le sein de Sélune, et leur fils Duceion fonde la localité que nous décrirons. Le père, pour visiter facilement son fils, construit le vieux pont, et celui-ci bâtit un château sur la place où s'élève le château des Montgommery :

    Qui fist après bastir en ce lieu le dongeon
    Da chasteau de Ducey, dressant sur la rivière... »

    (Exercices poét. de Jan de Vilel, poète avranchois. Voir le poème de la Prinse du Mont Saint-Michel. Toute cette mythologie est racontée dans cette langue latine de la littérature française du temps de Ronsard et de La Pléïade. Vitel, dont le mérite poétique est assez médiocre, ne manque pas d'importance dans l'histoire générale de la littérature comme ayant poussé à ses dernières limites ce langage d'imitation. Voir l'art, de Poilley.) [1]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     « Le bourg de Ducey, entouré de vastes prairies et d'une fertile campagne, est situé sur la Sélune, dont les rives sont pittoresques et variées. L'étranger qui traverse cette localité, où tout semble respirer la tranquillité, se figurerait difficilement que ce fut autrefois un des centres les plus redoutables du calvinisme en Normandie. Les seigneurs de Ducey, les Montgommery, furent en effet mêlés, à la fin du 16e siècle, à des scènes sanglantes de notre histoire et leur nom a encore conservé je ne sais quoi de redoutable. » [2]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     " La commune de Ducey est une presqu'île arquée, dont le contour est découpé par le cours sinueux de la Sélune, et dont la corde, tirée au nord, est tracée par la rivière d'Oir et d'autres petits cours d'eau qui la séparent de Marcilly et des Chéris. Le sol y est pittoresque et varié : on y trouve des vallées, des marais, des montagnes, une belle rivière, des bois, dont le principal est le bois d'Ardenne [Celt. Arden, bois : aiosi la forêt des Ardennes : ainsi l'abbaye d'Ardenne près Caen. Ce bois est baigné par la Sélune ou Ardée. Il y a probablement un rapport entre le nom de la rivière et celui du bois.]. La Sélune, les rochers du Jalours, le bois d'Ardenne, les vastes prairies qui s'étendent en face du bourg et du château, présentent la réunion de tout ce qu'on peut désirer pour un paysage complet. En quelques endroits, principalement à l'endroit appelé les Ilots, la Sélune est semée de bas-fonds verdoyants. Dans le bourg même de Ducey, on remarque un ilot planté de peupliers : jeté entre les deux ponts, auprès du vieux moulin, il est le centre d'un fort joli tableau. » [1]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « Le château des Montgommery est une demeure historique de la Manche, située à Ducey-Les Chéris.

         Il témoigne d'un projet ambitieux et moderne de l'époque des guerres de religion. Le château du 17e siècle est classé Monument historique depuis 1923.

          Dominant la Sélune et remis en valeur depuis quelques années, il révèle un passé historique important. Il est l'œuvre de Gabriel II de Montgommery, fils du célèbre Gabriel Ier de Montgommery (1526-1574), qui blessa mortellement Henri II, roi de France, lors d'un tournoi. » [3]  

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     « Le château de Ducey appartenait jadis à la célèbre, mais redoutable famille de Montgomery, déjà maîtresse de Pontorson, comme nous l’avons dit. Cette famille était originaire d’Angleterre et plus précisément d’Écosse. Elle vint en France lorsque les rois de France se constituèrent une garde écossaise. Un Montgomery, le Grand Montgomery, eut le malheur de tuer involontairement le roi Henry II dans une joute. Chassé de la Cour, il vint se réfugier à Ducey et se fit protestant. Ce fut l’un des plus fameux capitaines de la Réforme : batailleur, soudard, pillard, d’une bravoure à toute épreuve. Fait prisonnier par l’armée royale à Domfront, il fut décapité en place de Grève à Paris sur l’ordre de Catherine de Médicis. Ses descendants suivirent ses traditions de protestant d’humeur difficile et mauvais voisins. A diverses reprises, ils essayèrent de s’emparer du Mont-Saint-Michel, sans y parvenir. Le château actuel, achevé en 1624, remplaçait probablement un petit castel fortifié, monté sur une motte. Actuellement, il ne subsiste qu’une partie du château qui comportait un corps central encadré de deux pavillons. Celui du Nord fut détruit vers 1864. On voit et on admire encore, l’escalier à double révolution qui conduit à la porte d’entrée, sous une voûte ornée d’une élégante balustrade. Sous cet escalier, entrée des caves voûtées.
           A l’intérieur, un monumental escalier à révolution appuyé sur quatre colonnes qui vont des caves au grenier. Les marches faites d’une dalle de granit, forment en-dessous une voûte plate, ce qui est assez rare. Au premier étage, de ce qui reste, une grande salle avec solives et poutres peintes à l’italienne. Le manteau de la cheminée porte un tableau représentant un guerrier avec la devise « Marte, non fortuna ». Un second étage contient également une vaste pièce dénudée. On l’appelle la chambre dorée. L’ensemble du château, bien que classé, est dans un état lamentable, déshonoré par les restes d’une distillerie qui s’y installa après la guerre de 1914 ; il est d’ailleurs à vendre. »
    (1972) [4]

     

    Ci-dessus, une photo du château de Ducey par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7982753 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

    Plan de situation du château de Ducey ; blason de la famille de Montgommery, écartelé : aux 1 et 4 d'azur à trois fleurs de lys d'or ; aux 2 et 3 de gueules à trois coquilles d'or, https://man8rove.com/fr/blason/9lwpww5-montgommery 

     

    Historique

     

    Le Héricher, 1845-1865 :

     

          « Il a dû y avoir à Ducey un château féodal, et tout porte à croire qu'il occupait à peu près l'emplacement du château actuel : cependant la forteresse féodale a dû se poser sur une position plus forte, et s'élever sur cette falaise qui est auprès et qu'on appelle le Pâtis. (Le lieu s'appelait Motte ou Chastel.)

         D'ailleurs, les archives du château attestent l'identité de l'emplacement. Un correspondant de M. de Gerville a cru retrouver les ruines de la forteresse de Ducey à Mortrie, dans un village isolé, à plus de quatre kilomètres de Ducey (Les Châteaux du département de la Manche.), et a prétendu que ses matériaux avaient servi à la construction du château de Ducey. Qu'il y ait eu un château fort à Mortrie, c'est une chose certaine : l'emplacement, le mouvement du terrain, la tradition (La tradition met un baril d'or dans ces ruines, dont le plan est carré, avec des dépressions de fossés, et qui sont plantées de châtaigniers. Le nom de l'emplacement est les Petits-Bois, sans doute par opposition au bois d'Ardenne qui est en face. On prétend qu'on a fait bien des fois, mais inutilement, jouer les vergettes pour découvrir le trésor.) en font foi ; mais il n'est pas vrai que le château de Ducey ait été à Mortrie, car il n'eût pas été le château de Ducey. D'ailleurs celui de Mortrie a été détruit longtemps avant la construction de celui-ci : il fut détruit en 1473 (Richard Séguin, Industrie du Bocage, p. 62.), et M. de Gerville dit lui-même qu'en 1562 Montgommery avait à Ducey une habitation qui fut démolie par son fils, quand il bâtit le château actuel, c'est-à-dire en 1624 (Châteaux. Art. Ducey.). En outre, en 1346, les Anglais, commandés par Renaud de Gobehen, brûlèrent les faubourgs d'Avranches, et ruinèrent le bourg et le manoir de Ducey.

          Il est impossible de préciser l'époque à laquelle s'éleva un château à Ducey : seulement il est probable que ce fut à la fin du 9e siècle, du moment où Rollon eut divisé la Normandie entre ses leudes ou fidèles. Ce fut un chef du nom de Duci ou Duxi qui reçut ce fief, et selon l'usage général, lui donna son nom. Ranulfe de Ducey, guerrier de la Conquête, est le premier seigneur cité avant le commencement du 12e siècle. Il y a dans le Cartulaire du Mont Saint-Michel une charte de donation du Fougeray (En Bacilly.) par son fils, Robert de Ducey, du temps de l'abbé Bernard. Le donateur y fait mention de son père, ce qui peut reculer la série connue jusque vers le milieu du 11e siècle, et même indéfiniment, puisqu'il parle de ses ancêtres. Voici cette Carta de Fulgereio, très intéressante par elle-même et par ses souscripteurs :

           « Notum sit omnibus presentibus et futuris quod ego Robertus de Duxeio pro remedio anime mee et patris mei vigilia Purificationis sancte Marie veni in capitulum sancti Michaelis ibique terram de Fulgereio que alodum patris mei et antecessorum meorum fuerat ecclesie sancti archangeli Michaelis et ipsius monachis finetenus dedi et concessi, ut hanc terram teneant et perpetuo possideant absque omnium sequentium heredum meorum et omnium aliorum calumpnia et contradictione. Hoc autem factum est in comitis Rannulfi et baronum suorum abrincatensium presentia, excepto Radulfi de Veim terram quam de me tenebat. Hoc donum hujus terre concedo ego Guillelmus filius Roberti post mortem patris mei cum Cecilia. Hujus rei sunt testes Robertus de Duxeio; Rannulfus comes (Ce comte Ranulphe est un des grands noms de l'histoire d'Avranches, et s'ajoute à l'infortuné Richard d'Avranches, le naufragé de la Blanche-Nef, pour continuer la série des vicomtes de cette cité : ce Ranulphe de Bricquesart, vicomte de Bayeux , fils d'Emma, sœur de Hugues-le-Loup, succéda à Richard dans les comtés d'Avranches et de Chester. C'était un des plus puissants seigneurs de Normandie ; il fut un des soutiens du roi Henri Ier, selon Orderic Vital, et il acheva le monastère de Saint-Sever, fondé par son oncle.) Radulfus de Veim. Radulfus de Brei, Aluredus de Maci (Nous ferons remarquer ce nom de Maci écrit dans la charte comme dans le Domesday.). Gradalonus de Taneia, Turgisus de Taneia. Bertrannus de Verdun. Stephanus de Eschailli (Nous croyons que ce mot désigne Chassilly, fief de Saint-Laurent-de-Terregatte.). Rannulfus et Rannulfus de Grandevilla. G. filius Rob. de Duxeio. Cecilia uxor. G. de Boce. Rogerius de Brafes. (Cartulaire) »

          Ce même Robert de Ducey signa la charte par laquelle Ranulphe Avenel donna au Mont Saint-Michel l'église de Sartilly : « Concilio Roberti de Duxeio et amicorums. » (Cartulaire. Carta de Sare tilleio.) Son fils Guillaume confirma cette donation par la charte suivante, qui rappelle la forme de l'investiture usitée au Mont Saint-Michel, et signale Guillaume comme un homme distingué.

          « … Hæc autem datio facta est per brachium sancti Autberli super altare et juravit ibidem super quatuor evangeliorum quod hoc donum inconcussum maneret in sempiternum. Ut autem hoc mente libera concederet Bernardus venerabilis memorie abbas unum palefredum tanto viro dignum et fratri suo duos solidos in memoriam hujus rei dedit (La charte suivante)»

          A la fin de ce siècle, en 1180, le seigneur de Ducey était Joscelin : « Gauf. Duredent reddit de Joscelino de Duxeio pro piscaria (Magnus Rotul. de Scaccario. Stapleton, p. 9, tom. per. Geoffroi Duredent était prévot d'Avranches.). »

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      Robert, frère de Guillaume, laissa une fille qui se maria à la fin du 12e siècle à G. de Husson. On lit à l'année 1180 des Rôles de l'échiquier : « Will. de Hueceon deb. c. li. pro relevio honoris de Duceio. » Les Husson furent seigneurs de Ducey pendant tout le 13e siècle. Dans le 14e siècle les seigneurs de Ducey étaient les Meullant et les Pontbriant (Nous trouvons dans les archives du château un titre de 1391 relatif au mariage de J. Cornille avec Marguerite Racappe.). Dans ce siècle, Ducey fut ravagé et pris par les Anglais, principalement par Renaud de Gobehen ou Cobham. Duguesclin les en chassa et établit son quartier à l'abbaye de Montmorel dont les Anglais et les Navarrais avaient fait un lieu de dépôt pour leurs prisonniers (Voir l'article de Brecey et celui de Poilley.). Au commencement du 15e siècle, la seigneurie de Ducey, qui était en litige entre Jean de Meullent et Hector de Pontbriant, fut donnée à G. Nessefeld par le roi d'Angleterre (Registre des Dons, Confiscalions, etc., par Charles Vautier, p. 117.). En 1450, après la bataille de Formigny, Ducey fut sans doute évacué par les Anglais et occupé par les troupes du connétable de Richemont qui vint recevoir la capitulation d'Avranches. Les Pontbriant rentrèrent dans leur ancienne seigneurie. En 1465, Marie de Pontbriant était dame de Ducey (Archives du château.). En 1486 elle l'était encore.

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Husson, d'azur à six annelets d'or posés 3, 2 et 1, https://man8rove.com/fr/blason/cuj4do5-husson ; à droite, blason de la famille de Pontbriand, d'azur à un pont de trois arches d'argent maçonné de sable, par Yricordel — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29556321 

     

     LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     Un seigneur du nom de Pierre de la Bouessière succéda aux Pontbriant : en 1500, la seigneurie était à Marie de Maros, veuve de P. de la Bouéssière (Archives du château. Actes de 1500, 1503, 1506, au nom de Marie de Maros.). En 1528, Charles de Troussebois, mari de Jeanne de la Bouessière, dame de Ducey, faisait une transaction avec les religieux de Montmorel (Archives du château. Il y a un acte de 1524 relatif à l'acquisition de trois maisons de Ducey appelées le Manoir.). Vers le milieu de ce 16e siècle, en 1560, mourut Jacques Ier de Lorges, comte de Montgommery, originaire d'Écosse, capitaine distingué, attaché au service de François Ier, qui avait épousé Claude de la Bouessière.

     

     

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille de la Bouexière ou de la Boissière par Gilloudifs ; à droite, blason de la famille de Montgommery, écartelé : aux 1 et 4 d'azur à trois fleurs de lys d'or ; aux 2 et 3 de gueules à trois coquilles d'or, https://man8rove.com/fr/blason/9lwpww5-montgommery

     

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     Son fils Gabriel Ier, qui devint le grand Montgommery, celui qui blessa mortellement Henri II dans une joute d'armes, succéda aux biens de ses cinq frères et sœurs. Ce nom célèbre est écrit dans l'histoire générale du pays, dans celle de la province, et est associé dans l'Avranchin a beaucoup de faits et de monuments. Nous le retrouverons en divers lieux, et nous ne ferons pas une biographie spéciale de Montgommery : disons, à notre point de vue, qu'il arrangea en prêche la chapelle St-Germain. Il se maria avec Isabeau de la Tiral, qui fut après sa mort dame de Ducey (Archives du château. Acte de 1581 de dame Isabeau de la Tiral, dame de Ducey, stipulant pour Gabriel de Ducey, son fils mineur. Remarquons qu'elle ne prend pas, selon l'usage, le titre du veuvage.) : il fut décapité en 1574. Il eut de ce mariage quatre garçons et quatre filles. La sentence de Villenage portée contre ses enfants n'eut pas de suite (On connaît ses paroles à l'occasion de cette sentence : « S'ils n'ont pas la vertu des nobles pour se relever eux-mêmes, j'acquiesce à leur dégradation.).

     

    Ci-dessus, portrait de Gabriel Ier de Montgommery par Peintre non identifié — unknown, possibly previously on loan to Kunsthistorisches Museum Wien, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12878323 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     A la fin de ce siècle, son fils aîné Gabriel Il était seigneur du comté de Ducey (Acte de 1598 dans lequel J. Roger-Gabriel de Montgommery est qualifié de seigneur de Ducey, Cherencey-le-Héron, Champservon, etc. Archives du château.) : il était marié à Suzanne de Bouquetot (Acte de 1593. Dame Suzanne de Montgommery contribua à la réparation du Pont-aux-Vaches sur Loir.), dont il eut cinq garçons et une fille. Ce fut lui qui éleva le château actuel en 1624, avec les débris de l'ancien manoir de Ducey, ou peut-être aussi du manoir de Mortrie (Les titres du château montrent que Mortrie était aux Montgommery.). Ce seigneur eut une haute position locale par ses richesses et sa place officielle, et comme le chef du calvinisme de l'Avranchin. Il fut le gouverneur de Pontorson, dont les fortifications furent rasées en 1621. Louis XIII, ayant appris qu'il avait fait fortifier cette place, qui était le boulevart des protestans, lui fit proposer de s'en défaire pour un dédommagement. Le comte de Lorges y consentit, et Blainville fut nommé gouverneur (Masseville, tom. VI, p. 105. On lit dans un Mémoire du temps : « Pontorson, place d'importance, pouvant donner quelque jalousie à la Basse-Normandie, étant commandée par le comte de Montgommery, personnage de la religion, grand capitaine et pécunieux, pouvant toujours lever à ses dépens un équipage de plus de deux mille hommes, pour tenir ses voisins en bride, s'ils se mettaient à mal faire ; mais il a tellement assuré le roi de son obéissance qu'il a offert de lui rendre la place quand il lui plairait. »). C'est alors que, quittant Pontorson, sa forteresse et l'habitation dite Maison de Montgommery, il se retira à Ducey où il bâtit son château, dans lequel il mourut en 1635. Il fut déposé dans le caveau du prêche, sur lequel a passé récemment la grande route (On montre encore son marbre sépulcral, chargé d'une fastueuse inscription, telle qu'on ne l'eût pas faite pour le père. Il y est appelé Mars Gallicus, terror hostium, amor suorum, quem cùm audis, virlutem bellicam animo cogitas. Son épitaphe, et en grande partie son histoire, prouvent qu'il fut sujet fidèle : Beno moritam de regibus suis et de patrid mentem cælo reddidit 1635. Montgommericum sub marmore cerno, vialor Si tamen hæc virtus tanta latere potest. Non una hæc tellus tam grandem continet umbram : Hanc in cordo suo Gallia tota gerit.).

           Il laissa plusieurs enfants : Louis de Montgommery eut la seigneurie de Ducey : un titre de 1647 l'intitule seigneur de ce lieu (Archives du château.). En 1670, Louis de Montgommery et Anne de Macheroul, sa compagne, se firent une mutuelle donation de leurs biens (Archives du château.). Il mourut en 1680. Sa veuve se retira en Angleterre pour cause de religion, et on lit dans la Statistique de 1698 : « Le seigneur de Ducey est la dame de Montgommery, comtesse de Quintin, retirée à Londres pour cause de religion (Mém. sur la Gén, de Caen.). Elle épousa ensuite le comte de Mortagne (Du temps de Masseville, Ducey était à la comtesse de Mortagne.).

     

    Ci-dessus, maquette au 1/70ème, réalisée par le Rail Miniature de la Baie. http://chateaudesmontgommery.over-blog.com/ 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Chaulnes par Spedona — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4542389 ; au centre, blason de la famille Poilvilain, parti d'or et d'azur, https://man8rove.com/fr/blason/363xp76-poilvilain ; à droite, bBlason de la famille Cambiazo By Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15905585 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      En 1714, le château et la terre de Ducey furent vendus. Quelques années après ils passèrent dans la famille du duc de Chaulnes, ensuite dans celle de Julien de Poilvilain, comte de Cresnay, qui, en 1791, vendit cette propriété au comte de Cambiazo, alors doge ou plutôt maire de Gênes, plus tard membre du Sénat français (Mss, de Genêts ou de M. Deslandel.). Les armes des Montgommery étaient « d'azur au lion d'or armé et lampassé d'un casque de comte avec la devise : Garde bien. » Par allusion au coup de tronçon de lance porté à Henri II, un membre de la famille portait une lance brisée dans son cimier (The crost of some of the family is a broken lance. Aur, and its vicinity, p. 192.). Par une singulière fatalité, Jacques de Montgommery, dans un amusement de jeunes seigneurs, blessa François Ier d'un coup de tison à la tête et mit ses jours en danger : Gabriel de Montgommery tua Henri II d'un coup de lance dans une passe d'armes (Voir Martin Dubellay pour l'affaire du tison.).

          Il y avait à Ducey une église au moins au 12e siècle, car Guillaume de Ducey donna dans ce siècle l'église de Saint-Pair-de-Ducey à l'abbaye naissante de Montmorel. Il y joignit la chapelle de Saint-Germain, bâtie près de la motte de son chastel. L'église actuelle, sans art ni architecture, est toute jeune et n'offre rien à la description. (…)

          (…) La chapelle de Saint-Germain, donnée au 12e siècle à Montmorel par Guillaume de Ducey, servit à bâtir le prêche qui vient de tomber devant l'irrésistible élan de la grande route, qui a passé sur le caveau sépulcral et le jardin des Montgommery, comme le symbole du passage de la démocratie sur les ruines de la féodalité. La chapelle de Saint-Germain fut transformée en prêche par les Montgommery, ou plutôt le prêche fut bâti de ses débris (M. Foucault dit, dans sa Statistique de 1698, que le prêche était une ancienne chapelle. Mais c'est par erreur que l'auteur des Guerres de religion dans la Manche l'appelle la chapelle de Saint-Georges. La rue s'appelle la rue Saint-Germain.). » [1] 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)       « Ducey eut, très anciennement, un castrum qui fut détruit, dit un ancien aveu (Archives, de la Seine-Inférieure, B. 154, pièce 84, aveu sans date, rendu par Louis de Montgommery.), « par les actes et hostilités des Navarrois, il y a environ trois cents ans, sous les règnes du roi Jean et Charles, son fils. » :
           « Le premier seigneur connu, écrit M. l'abbé Pigeon (Le Diocèse d'Avranches, t. II, p. 381), est Robert de Ducey qui, vers 1135, donna au Mont Saint-Michel la terre de Fougeray en Bacilly. Son fils Guillaume fut regardé comme le troisième fondateur de Montmorel (Le patronage de l'église de Ducey ne dut pas toujours appartenir à l'abbaye de Montmorel, car le 8 juin 1690, Suzanne de Montgommery avouait « avoir droit de patronage, de présenter à l'église paroissiale dudit lieu de Ducey, Cherencey, aux églises paroissiales de Champservon, Saint-Pierre du Tronchey et Sainte-Cécille quand ils vaqueront et le cas s'offre ». Dans les procès-verbaux des visites des paroisses du diocèse d'Avranches, de Mgr Durand de Missy, en 1748, nous recueillons ce renseignement : Ducey, Pierre Le Dru, curé, 2 prêtres. Chapelles de la Sainte-Vierge et Sainte-Anne. Point de maîtresse d'école ; avons ordonné qu'il en sera mis une à la Saint-Michel prochain ; maître d'école pour les garçons, nommé Coubois, sage-femme suffisamment instruite, plus de 1 000 com., 4 par n'ont pas fait leur devoir : Église fondée de Saint-Paterne. Montmorel, patron présentateur Grosses dîmes à l'abbaye.). Il donna à cette abbaye l'église de Ducey, sa chapelle, la dîme de son moulin, l'ermitage du bois d'Ardenne, une terre assez considérable entre deux gués de la Sélune, et tout le sable nécessaire pour construire l'église. » Après cette famille, nous trouvons à Ducey, les Husson, les de Laval, les de Pontbriant et les de la Boissière.
    C'est par cette famille que nous voyons les de Montgommery devenir propriétaires de Ducey.
           Une Claude de la Boissière épousait, au commencement du 16e siècle, Jacques Ier de Montgommery, officier distingué et de vieille noblesse écossaise. » [2]
     

     

         « La seigneurie de Ducey est entrée dans la famille des Montgommery en 1521 lors du mariage de Jacques Ier de Montgommery issu d'une vieille famille normande, avec Claude de la Boissière, héritière des terres de Ducey. » [3] 

          A cette époque, « Il s'agit d'un manoir médiéval, qui subsista jusqu'au début du 17e siècle, parallèlement à la construction du nouveau logis. » [5]

     

          « On se rappelle, tout d'abord, ce grand tournoi du 29 juin 1559, où Henri II, ayant voulu rompre une lance avec Gabriel Ier, comte de Montgommery, un des capitaines-de ses gardes, reçut de lui un coup mortel (Certains historiens ont raconté qu'un accident grave, arrivé à François 1er, le 6 janvier 1521, aurait été dû à l'imprudence de Jacques Ier de Lorges, comte de Montgommery et père de Gabriel ler de Montgommery. Ce fait n'a jamais été établi d'une manière sérieuse.).

           Catherine de Médicis garda rancune au comte de Montgommery de ce meurtre involontaire et ne put supporter sa vue. Froissé dans son amour-propre, Montgommery se retira à Ducey et adhéra
    avec passion au parti protestant. Il forma, dès 1562, avec le prince de Condé, Coligny et les ChâtilIon, cette funeste coalition qui sema la ruine dans une partie de la France.
           Ce n'est pas le lieu de passer en revue les exploits de ce partisan d'un caractère si étrange, et dont l'existence, comme on l'a dit si souvent, appartient aussi bien à la légende qu'à l'histoire. Pris à Domfront, Gabriel de Montgommery fut décapité en cette ville, le 26 juin 1574. Une plaquette du temps, intitulée : Discours de la mort et exécution de Gabriel de Montgommery (A Paris, par Michel Buffet, « demourant au Marché-Neuf, à l'enseigne de la Couronne. 1574 ». Cette plaquette a été rééditée par la Société des Bibliophiles normands, en 1872.), se termine par ces lignes : « Voilà, comme depuis treize ou quatorze ans en ça, Montgommery par cinq diverses fois a pris les armes contre son prince et aussi comme il en a esté à la fin salarié, ce que doivent attendre tous conspirateurs et rebelles s'ils ne se recognoissent et amendent. » [2]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      Gabriel Ier de Montgommery, régicide involontaire du roi Henri II, s'y réfugie fuyant la haine de Catherine de Médicis, l'épouse du roi décédé. Converti au protestantisme, il sera exécuté en place de Grève le 26 juin 1574, et ses biens confisqués. Mais en 1576, Henri III réhabilite sa mémoire, permettant à Gabriel II de Montgommery, fils du régicide, devenu gouverneur de Pontorson, de réoccuper en 1596, le château de Ducey, après son mariage avec Suzanne de Bouquetôt, dame du Breuil-en-Auge. » [5]

     

          « Il avait pris une part importante à la défense de Mézières et au siège de Pavie. Il se maria trois fois. De son premier mariage avec Claude de la Boissière, il eut deux fils, Gabriel Ier et François ; de son second mariage avec Suzanne de Sully, il eut également deux fils, Jacques et Louis ; enfin, de son troisième mariage avec Charlotte de Maillé, il eut une fille, Claude de Montgommery.
           Gabriel Ier de Montgommery avait épousé Isabeau de la Touche, dont il eut quatre garçons : Jacques, Gilles, Gabriel et Gédéon, et deux filles, Suzanne et Élisabeth.
           Ce fut Gabriel II, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes, gouverneur de la ville et du château de Pontorson, seigneur de Cherencey et de Champcervon (Ce sont les titres qu'il prend dans l'aveu du 1er décembre 1608. (Archives de la Seine-Inférieure, B. 153, pièce 83.) Il avait épousé Suzanne de Bouquetot, dont il eut cinq garçons et une fille. L'aîné, Gabriel III, étant mort avant son père, ce fut Louis qui eut la seigneurie de Ducey.), qui éleva le château de Ducey. » [2]

     

          « Après la mort de Gabriel Ier, son fils Gabriel II décide de reconstruire le château de Ducey. Les travaux débutent dans les premières années du 17e siècle (en 1608). Ils s'arrêtent en 1635 à la mort de Gabriel II. » [3]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « La famille de Montgommery, qui avait tenu une si grande place à Ducey, devait disparaître de cette paroisse au commencement du 18e siècle. Louis de Montgommery était mort en 1682, laissant deux enfants : Louis II et Suzanne.
           Louis II servit dans l'armée de Turenne et mourut à la guerre (Voir M. l'abbé Pigeon, Le Diocèse d'Avranches, t. IL p. 383.) ; il avait épousé Anne de Machecoul. Sa sœur hérita de la terre de Ducey. Veuve du comte de Quintin, Suzanne de Montgommery épousa, en secondes noces, le comte de Mortagne.
           Vers 1714, la terre de Ducey fut vendue à un sieur Bonnier et devint, peu après, la propriété de la famille de Poilvilain qui la possédait encore en 1789.
           Aujourd'hui, une enseigne d'hôtel rappelle seule, à Ducey, le souvenir des Montgommery ! » [2]
     

     

          « En 1830, au début de la révolution des Trois Glorieuses, le prince Jules de Polignac, ministre des finances de Charles X, en fuite, est caché dans le château de Ducey par le comte de Semallé, son propriétaire. » [3]  

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « Bien qu'inachevée, cette demeure vraiment seigneuriale, avec ses grands toits, ses hautes cheminées, construite dans un style particulier, qui tient à la fois et de la Renaissance et du 17e siècle, aurait mérité d'être respectée ; malheureusement, il y eut un temps peu éloigné, où l'on ne paraît pas avoir compris l'intérêt que présentait cette construction. Non seulement l'ouverture de la route de Ducey à Saint-Hilaire amena la destruction d'une partie des communs et du prêche, mais, de plus, les propriétaires abattirent, il y a vingt-cinq ans, la moitié du corps principal qui comprenait la Salle des Gardes, la Chambre dorée et la Chambre dite des Nourrices.
            M. Le Héricher a visité et décrit le château de Ducey avant toutes ces mutilations (Avranchin monumental, p. 368 et suiv. Le mobilier qui ornait les pièces du château devait être en rapport avec la construction. M. l'abbé Pigeon possède de jolies tentures en serge verte qui proviennent d'une des chambres du pavillon) et les détails qu'il fournit sont intéressants pour tous ceux qui ont le culte des anciens monuments.
            La Salle des Gardes était la plus vaste du château. « Ses poutrelles, dit l'auteur de l'Avranchin monumental, portent des traces de cartons a peintures blafardes. La cheminée est riche : des consoles de granit portent un entablement de bois, orné de trophées et d'emblèmes. Un tableau remplissait le trumeau. La Chambre dorée a dû mériter son nom. Les solives sont ornées d'arabesques, avec de petits pendentifs en cuivre. Une frise peinte court au haut des parois, et en bas règne un
    lambris à compartiments, représentant alternativement un paysage ou des figures mythologiques et des arabesques ; de médiocres grisailles assombrissent les flancs de la cheminée. Celle-ci est fastueuse : huit colonnes se superposent par deux les unes en marbre rouge, les autres en marbre noir, pour soutenir le manteau dont le trumeau a conservé une mauvaise peinture mythologique. Le cabinet voisin est fort intéressant pour ses briques peintes ou ornées. Au-dessus de ces appartements est une pièce, nue aujourd'hui, qu'on appelle la Chambre des Nourrices. » [2]
     

     

           « Le 14 septembre 1841, une flamme s'élève au-dessus de la cheminée du grand pavillon du château. Il est environ une heure de l'après-midi. Les pompiers prévenus, se hâtent sur le lieu du sinistre et observent le feu jaillissant 30 mètres plus haut.

          L'incendie s'étant déclaré au dernier étage du bâtiment, dans la chambre dite des Nourrices, il est rapidement décidé de remplir la salle d'eau afin que la suie calcinée et enflammée n'enflamme le parquet. On commence par boucher hermétiquement la cheminée à l'aide de bottes de foin mouillées pendant que deux autres pompiers coupent les chevrons de la toiture pour se faire un passage. D'autres pompiers et des "citoyens zélés", transportent péniblement la pompe et ses agrès. Pendant ce temps, le pompier Bidois arrive à atteindre le toit et se place sur la cheminée qu'il arrose à l'aide de seaux d'eau « montés à l'aide de cordages par les soins des sieurs Deshayes et Blandin ». La chaleur des pierres de la cheminée devenant de plus en plus forte, Bidois se renverse de l'eau sur les cuisses et les jambes afin de tenir jusqu'à ce que la pompe devienne opérationnelle et le libère de ce poste dangereux. Dix minutes plus tard, le feu est éteint et le danger écarté. » [6]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « Au 19e siècle, le château est sérieusement dégradé, et on installe dans la cour une distillerie [1922], aujourd'hui disparue, qui fonctionnera de 1970 à 1980. » [5]

     

           « En 1984, la commune de Ducey achète le château.

          La distillerie est rasée en 1987, laissant place à un jardin.

          Racheté par la ville en 1996, le pressoir du château de Ducey est aménagé en bibliothèque municipale.

          En 2009 une tenture du lit revient au château après une longue et minutieuse restauration.

           En 2010, Ducey achète l'aile des communs du château et son parc. La haie séparant les deux bâtiments est abattue, un cheminement est créé, ouvrant le parc sur la bibliothèque municipale où figure un kiosque à musique. Dans l'escalier monumental, les enduits représentant des fausses briques vertes et rouges alternées sont restaurés. Les ateliers Aubert-Labansat, menuiserie, refont un plafond, et posent de nouvelles portes. Les marches, les piliers de granit et calcaire des portes palières sont nettoyés par l'entreprise Bodin de Montebourg. » [3]

     

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    Description

     

           « À l'origine, le château avait un plan classique en forme de U face à la Sélune. Sur sa façade, se juxtaposent le granit et la brique pour le parement et la pierre calcaire pour les décorations les plus délicates. Il abrite un escalier monumental à trois volées, novateur pour l'époque, deux imposantes cheminées richement décorées ainsi qu'un plafond à la française et un plafond à caissons « à l'italienne » caractéristique de l'art de la Renaissance.

           L'escalier monumental est restauré en 2012. » [3]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

    Ci-dessus, documents extraits de  https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf

     

    Le Héricher, 1845-1865 : 

     

            « Le nom de Ducey, écrit Duxeium dans les documens antiques, comme on le verra dans ce chapitre, semble être un nom d'homme et fait supposer un chef normand Duc, Duci ou Duxi, comme Vessey, Aucey, Macey, Boucey, Marcey, dérivent des noms normands Veci, Alci, Maci, Boci, Marci, qui se trouvent dans le Domesday. Il y a deux Duci dans le Calvados. Quoique ce nom ne soit pas dans le Domesday, il est probable qu'un seigneur de ce nom alla à la Conquête ou passa en Angleterre, car il y a dans ce pays une famille de Ducey.

           Parmi les monuments de Ducey se présente en première ligne le château.

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     Sur le bord de la Sélune, entre de vastes prairies qui sont une plaine de verdure en été et un lac en hiver, et un champ immense appelé le Domaine, s'élève la masse grise et rouge d'un château qui n'a d'élancé que le coin de ses pavillons et la colonne de ses cheminées. Bâti en 1624 par Gabriel II, fils du grand Montgommery, il est une imitation lointaine, ou plutôt une dégénérescence de cette Renaissance qui sut associer l'art et la richesse. Le château de Ducey est plus riche que beau, plus fastueux qu'élégant. Si l'on excepte les belles voûtes des caves, les lignes dures et sèches heurtent le regard : les arêtes des revêtements de briques, les italiennes anguleuses, les pilastres de granit, l'entablement du balcon, les cheminées carrées et le couronnement des fenêtres s'associent pour donner une impression générale de dureté et de monotonie. Les lignes brisées et harmonieuses, les caprices et la variété de la Renaissance disparaissent devant la loi générale d'étiquette, de faste et de tenue régulière du siècle de Louis XIV. L'art, abandonnant l'architecture, se réfugia dans les intérieurs. Aussi, à Ducey, comme à Brecey, l'ornementation est-elle plus remarquable que l'architecture. Quoiqu'il en soit, celle construction est digne du plus grand intérêt, à raison même de ses imperfections, et comme spécimen de cette architecture de transition de la Renaissance ou plutôt d'imitation italienne (Voir à l'art. de Brecey quelques considérations générales sur cette architecture. M. de Caumont n'a pas cité le château de Ducey dans ceux du 17e siècle : il a cité celui de Chiffrevast, son analogue.). D'ailleurs elle réveille le souvenir de grands noms : le château de Ducey est le château des Montgommery. Cette grande famille, surtout son illustre chef, est pour le pays ce que César, la reine Anne, Brunehaut sont pour beaucoup d'autres : tout ce qui est vieux rappelle Montgommery : les vieux châteaux, les vieilles armures, les grandes prouesses, la tradition locale lui attribue tout, et son histoire c'est le roman et la légende ? (Ainsi le château de Saint-Jean-le-Thomas est-il attribué faussement à Montgommery. Ainsi faussement encore le tableau du château est-il interprété comme l'assaut de Pontorson par Montgommery. Tombelaine était à lui : des souterrains rattachaient cette île à Ducey. Le peuple a donné des proportions gigantesques à cet homme, d'ailleurs si terrible, que Garnier montre dans une vérité plus prosaïque, et qui était un diable quand il avait le cul sur la selle.)

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)       Tout d'abord l'œil est frappé de ce qui manque à cet édifice. On reconnaît trois lacunes, car il n'y a qu'un pavillon, une aile, un perron latéral, et une mutilation, car le toit du perron a dévoré quatre fenêtres, et par suite trois lucarnes : or ces lucarnes, un peu fleuries, sont la seule ligne gracieuse de cet édifice fastueux. Quand on a franchi le perron aux colonnes de granit d'un seul jet, avec des chapiteaux corinthiens en tuffeau, au fronton armorié, on se trouve en face de l'escalier central, dont les quatre piliers carrés plongent dans les caves ou s'élancent vers les combles, et portent sur leurs flancs bordés de raides italiennes les paliers et les volées qui s'enroulent en spirale autour de cet axe gigantesque. On descend sous les voûtes des caves et des cuisines, qui sont la partie architecturale la plus remarquable du château : on peut signaler la vaste cuisine, dont la cheminée ferait un appartement aux hommes de nos jours, la prison et son cachot, le charnier, la salle de bains (Cette zone est très-humide, et, malgré la force des voûtes et des murs, elle a semblé fléchir. Un mur à arcades règne dans toute la longueur : il a été construit par un propriétaire du château, M. de Cambiazo, ex-maire de Gênes, membre du Sénat français, qui avait le château en 1791, et qui a laissé des souvenirs de noble générosité. Il est question de lui dans l'Histoire d'Italie de Bolla.). Plusieurs appartements des autres étages méritent d'être décrits, et nous remettent en mémoire ces gentilshommes du 17e siècle, dans la richesse de leurs châteaux, et dans l'indépendance de leur isolement.  La Salle-des-Gardes nous rappelle le Moyen-Age : mais dans cette salle le chevalier porte autant de dentelles et de rubans que de fer. C'est la plus vaste pièce du château. Ses poutrelles portent des traces de cartons à peintures blafardes. La cheminée est riche : des consoles en granit portent un entablement de bois, orné de trophées et d'emblèmes. Un tableau remplissait le trumeau. La Chambre Dorée a dû mériter son nom. Les solives sont ornées d'arabesques, avec de petits pendentifs en cuivre. Une frise peinte court au haut des parois et en bas règne un lambris à compartiments, représentant alternativement un paysage ou des figures mythologiques et des arabesques ; de médiocres grisailles assombrissent les flancs de la cheminée. Celle-ci est fastueuse : huit colonnes se superposent par deux, les unes en marbre rouge, les autres en marbre noir, pour soutenir le manteau dont le trumeau a conservé une mauvaise peinture mythologique. Le cabinet voisin est fort intéressant pour ses briques peintes ou ornées (Quelques-unes étaient aux armes des Montgommery. Le musée d'Avranches possède de belles briques illustrées de l'abbaye de Hambie. L'une représente des moines, une autre une vierge en prière, une Salutation. C'est dans cette pièce qu'ont été trouvées des armures qui sont au musée d'Avranches, et une culotte de cuir attribuée à Montgommery.). Au-dessus de ces appartements est une pièce nue aujourd'hui, qu'on appelle la Chambre-des-Nourrices. La salle dite le Grand-Premier est célèbre (Ces dénominations sont tirées de divers inventaires. Extrait de nombreuses archives du château.), à cause d'un tableau qui orne la cheminée. La plaque du foyer est un écusson. Le manteau porte un fronton ou triangle interrompu à la base. Le fameux tableau est au-dessus. Il représente une ville embrasée et un guerrier en costume antique, brandissant son glaive et levant son bouclier du côté de la ville. Au-dessus est la devise : Marte, non fortunâ. On a vu là Montgommery mettant le feu à Pontorson. Cette idée ne nous semble légitimée par rien : la ville n'est point Pontorson, le guerrier est le symbole du héros qui suit Mars et non la Fortune, symbole d'une grande vérité appliqué à Montgommery. Ce tableau est donc une allégorie et non une page historique : c'est une devise peinte et dramatisée. » [1]

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1831 - Archives de la Manche, https://www.archives-manche.fr/

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     Ci-dessus, documents extraits de  https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf

     

           « Ce qui subsiste du château aujourd'hui se présente sous la forme d'un corps de logis central, qui s'éclaire par de hautes fenêtres surmontées de fronton pointus ou arrondis, bâti sur des caves à demi enterrées.

            À la gauche de ce logis, on trouve ce qui devait être la partie centrale du manoir dressé par Gabriel II de Montgommery. On accède à cette partie par un escalier de granit donnant sur une terrasse couverte d'un balcon supporté par quatre colonnes avec des chapiteaux évoquant l'art corinthien. Les demi-fenêtres surmontées de frontons, l'alternance des lignes et l'utilisation de la brique et de la pierre et le décor intérieur sont caractéristique du style Louis XIII. 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)        Séparés depuis les années 1860, un autre élément du château subsiste, sous la forme d'une longue aile terminée par un pavillon. Aujourd'hui situées dans deux propriétés différentes, les deux parties du château étaient à l'origine réunis sous la forme de deux bâtiments perpendiculaires, dont la jonction devait s'effectuer par un gros pavillon d'angle similaire à celui qui subsiste. Une dernière aile devait permettre de créer un ensemble en « U », symétrique autour du corps central. Des reprises de l'appareillage du pavillon nord actuel laissent à penser que cette galerie connut un début d'exécution. Ces éléments furent détruits au début du 19e siècle afin de laisser la place à de nouvelles fenêtres. Ces modifications expliquent l'aspect hétéroclite de la façade du pavillon, ouverte au rez-de-chaussée mais presque aveugle aux étages.

           À l'intérieur, on peut voir un escalier à double révolution, ainsi qu'au premier étage du logis, un plafond aux poutres apparentes décorées à fleurs, comme au château de Blois, un haut de cheminée du 17e siècle, et des pavés armoriés. » [5]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)       « Le corps central du château a conservé la porte d'entrée avec l'écusson des Montgommery (Les armoiries des Montgommery sont : Écartelé de gueules ; au 1er et 4e quartier, chargé de trois coquilles d'or ; au 2e et 3e de trois fleurs de lys d'or.) et de belles colonnes ioniques. On y accède par un perron de granit orné de colonnes corinthiennes. L'escalier en spirale est remarquable. Quatre grands piliers carrés, qui vont - des caves aux combles, supportent les marches et les paliers.
    Au-dessous de cette partie du château et du pavillon se trouvent de grandes caves, bien éclairées et formant rez-de-chaussée. Elles servaient jadis de cuisine, de salle de bain, etc.
    Le grand pavillon renferme, au premier étage, une vaste pièce, désignée par M. Le Héricher sous le nom de Grand Premier. On y remarque une cheminée et un tableau qui représente un guerrier devant une place forte, avec cette inscription :

    MARTE, NON FORTUNA.

           C'est, d'après M. Le Héricher et M. l'abbé Pigeon, une allusion à Montgommery, suivi par le dieu Mars, et devant tous ses succès à son courage et non à la fortune. Cette idée orgueilleuse, exprimée par le peintre dans la décoration du château, fut adoptée un peu plus tard par le panégyriste qui fit graver ces lignes sur la pierre tombale de Gabriel II (M. l'abbé Pigeon a donné le texte de cette pierre tombale, conservée aujourd'hui au Musée lapidaire d'Avranches. Voir le Diocèse d'Avranches, t. I, p. 165 et 166.) :

    MARS ILLE GALLICUS TERROR HOSTIUM, AMOR SUORUM
    PATRIÆ SALUS, NUNQUAM VICTUS, ET QUAMVIS IMPARI
    NUMERO SEMPER VICTOR, QUI LICET MULTA CLARIS NATALIBUS
    PLURA TAMEN VIRTUTI DEBET, HIC EST.

           Comme on le voit par ces simples indications, le château de Ducey répondait, par l'importance de sa construction, à l'étendue de son domaine, que plusieurs aveux conservés aux archives de la Seine-Inférieure font suffisamment connaître.
             C'était un plein fief de-haubert avec justice et juridiction, plaids, gage-plège, cour et usage, etc.
             D'après un aveu, rendu au roi en 1608 (Archives de la Seine-Inférieure, - B. - 153, p. 83), par Gabriel II de Montgommery, on voit que ce fief s'étendait sur les paroisses de Chérencey-le-Héron, Champcervon, Boisyvon, la Chapelle-Cécelin, Sainte-Cécile, Saint-Pierre-du-Tronchet, Notre-Dame de Beslon, Husson, Sacey, Lessay, Juilley, Bourguenolles, Lengronne et Cérences.
            A Ducey, Gabriel II de Montgommery avait, à cause de la motte ou place de château ancien démoli par les guerres, droit de guet et de garde aussi bien la nuit que le jour, par ses hommes et ses tenants, tant dans la paroisse de Ducey que dans les paroisses de Chérencey-le-Héron, Boisyvon, Saint-Martin-le-Bouillant et Champcervon.
            Le domaine non fieffé, d'une étendue de 600 acres de terre environ, consistait en manoir, maisons, motte et place de château, jardins, prés, terres labourables, bois de haute futaie, garennes, pêcheries.
            Le domaine fieffé, de 700 acres environ, consistait en plusieurs aînesses et autres terres.
            Mais un des avantages les plus importants de cette seigneurie était le droit de pêche. Ce droit nous est indiqué, d'une façon très précise, par un aveu rendu par Louis de Montgommery (Archives de la Seine-Inférieure, B. 153, p. 84. - Louis Ier de Montgommery avait épousé Marguerite du Mas. Le 20 décembre 1680, « dame Marguerite du Mas, espouze de Messire Louis de Montgommery, chevalier, seigneur de Ducey, baron d'Escouché et autres terres, d'avec lui civilement séparée », avouait être propriétaire « du fief, terre et seigneurie de Ducey, circonstances et deppendances à elle délaissées par led. sieur son mary pour remplacement de son dot, par contract passé devant les tabellions de Mortain, le dernier jour d'avril 1675, à elle eschu par les partages faits et choisis entre les créanciers dudit seigneur de Ducey, le 6 décembre 1678 ». Archives de la Seine-Inférieure, B. 153 p. 207.).
    On y lit ce passage : A cause du même fief « nous avons droit de pescheries et de pêcher avec bateaux, filets et autrement, pour tout le cours de la rivière de Sélune, depuis le lieu communément appelé la Roche qui Boit, jusqu'à la Grande Rue de Genets, suivant les anciens aveux et possessions immémoriales… ». [2]
     

     

    « Résumé
           Le château de Ducey « dit de Montgommery ».
           Le château de Ducey a été construit dans le premier quart du 17e siècle pour Gabriel II Montgommery (1565-1635), fils du régicide d'Henri II, et son épouse Suzanne de Bouquetot.
            Gravement mutilé dans la deuxième moitié du 19e siècle, il n'est guère aisé de reconnaître aujourd'hui les différents bâtiments mentionnés par un acte de partage de 1635. Les pièces les plus anciennes du chartrier ont été dispersées. Toutefois des documents du 19e siècle ainsi que l'examen des parties subsistantes permettent de proposer une restitution des volumes initiaux suivant un classique plan en U inscrit dans un rectangle de 51 x 65 m. Ce parti ne se retrouve guère dans la région qu'au château de Thorigny. L'élévation extérieure polychrome est enrichie de quelques éléments sculptés d'esprit souvent maniériste. L'entrée, curieusement décentrée, est monumentalisée par un porche surélevé, portant terrasse et précédé d'un perron. Cette résidence conserve de surcroît l'un des plus anciens escaliers à quatre noyaux connu au nord de la Loire ainsi que des décorations intérieures dignes d'intérêt : cheminées incrustées de marbres, chambranles de porte sculptés, plafonds peints, à solives et à caissons. Cet édifice qui fut sans doute l'un des plus luxueux de Normandie au tournant des 16e et 17e siècles, n'est pas sans parenté avec l'œuvre des premiers Gabriel, notamment de Jacques Ier. » [7] 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

    Protection

     

           « Au titre des monuments historiques :

               - le château est classé par décret du 20 janvier 1923 ;

               - les façades et les toitures du petit pavillon et des communs sont inscrites par arrêté du 14 juin 1990. » [5] 

           « Le bureau d'information touristique de Ducey est désormais dans l'aile des communs. Le grand pavillon s'ouvre aux expositions de peinture et sculpture, notamment Rencontre des arts, depuis 2004. » [3] 

     

    A proximité

     

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           O « Le vieux pont remonte à 1613. Il remplace un pont en bois plus ancien et se situait sur la route Paris-Granville où transitait le sel et le poisson. Il enjambe la Sélune et la limite de commune avec Poilley. » [5] 

     

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           O " L'église est composée de deux parties :

    - le clocher, qui porte la date de 1828, est un vestige d'une église baroque du 18e siècle ;

    - le corps principal, quant à lui a été mis en chantier en 1860, mais n'a jamais été achevé. " [5]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l’Avranchin monumental et historique, Volume 1, par Édouard Le Héricher - Chez E. Tostain (Avranches) 1845-1865 - 750 pages https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1504678n/f394.item.r=Avranchin%20monumental%20et%20historique 

    [2] Extrait de Ch. A. de Beaurepaire La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche 1re [-2e] partie. Partie 2 / Éditeur  :  Lemale & Cie, impr. édit. (Le Havre) 1899 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6480990w/f280.item.zoom# 

    [3] Extrait de https://www.wikimanche.fr/Ch%C3%A2teau_des_Montgommery 

    [4] Extrait des Annales de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Saint-Malo / président : Dr E. Petit de la Villéon - Éditeur : Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Saint-Malo (Saint-Malo) 1972 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k53248023/f283.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Ducey%22 

    [5] Extrait de Wikipédia

    [6] Extrait de http://chateaudesmontgommery.over-blog.com/article-un-incendie-au-chateau-de-ducey-en-1841-103941577.html 

    [7] Extrait de https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf

     

    Bonnes pages :

     

    O http://chateaudesmontgommery.over-blog.com/ 

    O https://www.wikimanche.fr/Ch%C3%A2teau_des_Montgommery 

    O https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf 

    O https://monumentum.fr/chateau-montgomery-pa00110393.html 

    O http://carnetdejuliette.fr/chateau-du-ducey-manche/ 

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24659n/f252.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Ducey%22.zoom 

    O https://man8rove.com/fr/seigneurie-de-ducey/pb5gvfd2-ducey 

     

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  • LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados) LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados) LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)

     

    Ci-dessus : à gauche, une photo par Pimprenel — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26062767 ; au centre,une photo extraite de https://www.zankyou.fr/f/manoir-de-douville-46459#1 ; à droite, une photo par Pimprenel — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=89965719

     

         « La ferme-manoir de Douville est une ancienne demeure fortifiée située sur la commune de Mandeville-en-Bessin dans le département du Calvados, en région Normandie. Les bâtiments de ferme et le logis seigneurial sont disposés sans discontinuité autour d'une cour carrée. L'habitation a été construite en grande partie au 17e siècle mais la tour et les caves sont plus anciennes. Au 18e siècle résidence épisodique des maîtres, la propriété est ensuite occupée par des fermiers qui exploitent le domaine avec de moins en moins d'ouvriers agricoles au 20e siècle. Témoin de l'Ancien Régime, elle évoque à la fois la vie de la noblesse de l'époque et le travail de la terre.

     

    Localisation

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)     Le monument est situé à 2 kilomètres à l'est-nord-est de l'église Notre-Dame de Mandeville-en-Bessin, sur l'ancienne commune de Tessy [Tessy a fusionné avec Mandeville par la loi du 10 juillet 1856 pour former la nouvelle commune de Mandeville-en-Bessin], dans le département français du Calvados. À 6 kilomètres des falaises du littoral, le manoir surgit au détour de la départementale 29 entre Mosles et Trévières sur les plateaux crayeux et calcaires du Bessin à environ 52 mètres au-dessus du niveau de la mer dans un paysage bocager arrosé par l'Aure inférieure. » [1]

     

    Ci-dessus, une photo extraite de https://monumentum.fr/chateau-douville-pa00111523.html 

     

    Arcisse de Caumont :

     

         « Mais ce qui offre le plus d'intérêt à Tessy, c'est le château de Douville, dont je présente une vue dessinée par M. Victor Petit. L'édifice doit dater du milieu ou de la seconde moitié du 18e siècle ; la porte d'entrée a du caractère, aussi bien que les cheminées, les lucarnes et les pièces en encorbellement sur les angles, dernier souvenir des tours.
          Le toit conserve encore plusieurs épis et une crête en terre cuite.
          Ce château, qui avait appartenu, au siècle dernier, à mon bisaïeul maternel, M. de Radulph, procureur-général au conseil supérieur de Bayeux lors de la suppression du Parlement, a passé par héritage à Mme la baronne Hue de Mathan, sa fille unique. Par suite des partages qui ont eu lieu à la mort de cette dame entre ses enfants (ma mère, Mme de Rochefort et M. le baron Louis de Mathan), le château et la terre de Tessy ont été attribués à ce dernier (Nous avons t. Il de la Statistique, p. 113, que M. Louis de Malhan avait épousé une demoiselle de Cagny et avait établi sa résidence à Chicheboville.). Le château est aujourd'hui la propriété de son fils aîné, M. le baron E. de Mathan, lieutenant-colonel de hussards.
          Derrière le château était un étang qui existe encore et un beau quinconce de chênes qui a été abattu et remplacé par quelques peupliers. » [2]
     

     

    Historique

     

         « D'abord connue sous le nom de manoir de Tessy, cette magnifique construction des 16e et 17e siècles à tout d'abord appartenu à la Famille Hélyes de Housteville. Une des filles épousa, avant 1695, un certain Desson, seigneur et patron de Douville-en-Auge (Canton de Dozulé), d'où le nom pris par le manoir. » [3]

     

         « Vers 1060 la plus grande part de Tessy fait partie avec Houtteville et Surrain, du domaine des Lièvres qui appartient à Alvérède ou Auvray le Géant ; celui-ci en fait don aux moines de Saint Vigor de Bayeux.

     

     

          Les terres sont élevées en baronnie et fieffées en 1594 à Pierre Hélyes seigneur de Lyferne, dont un ancêtre du même nom a été anobli en 1461 par lettres du roi Charles VII et listé dans la recherche de Montfaut en 1463. Les revenus de la baronnie des Lièvres sont cédés par Richard Hélyes seigneur d'Housteville [Orthographié aussi Houtteville sur l'actuelle commune de Surrain] et du Quesnay, petit-fils de Pierre en 1633 à l'abbaye de Cerisy au moins jusqu'en 1672, date à laquelle c'est le prince de Vendôme, abbé de Cerisy qui les perçoit. L'abbé, commendataire comme ses prédécesseurs depuis 1502, doit entretenir le chœur de l'église de Tessy. En 1683 Raulline d'Hermerel, veuve de Richard, aide à faire réparer la nef de l'église, engage un prêtre à la fois chapelain et instituteur et lui fait construire une petite maison. 

     

    Ci-dessus, blason de la famille Hélyes, d’azur au chevron d’argent, accompagne de trois glands d’or, par Gilloudifs. Est-ce celui de la famille Hélyes de Housteville ? A vérifier…

     

          Marie Madeleine Hélyes, petite-fille de Raulline et Richard, épouse, en 1693, Guillaume Desson seigneur de Douville [Aujourd'hui Douville-en-Auge] qui entre en possession du domaine, soit à la suite de l'héritage de son épouse, soit par achat. Le manoir de Tessy devient alors le manoir de Douville [Comme le manoir de Longueville prend le nom d'Amferville en 1759 quand la fille unique héritière du domaine, épouse Nicolas Vaultier, seigneur d'Amferville]. L'élevage bovin et la commercialisation des produits laitiers notamment du beurre salé enrichit les détenteurs des grands domaines agricoles du Bessin. 

         C'est à cette époque que le nouveau logis est construit, l'ancien qui lui est adjacent est loué au fermier qui exploite les terres. 

         Le domaine reste en possession de la famille Desson jusqu'à la deuxième moitié du 18e siècle.

     

    Ci-dessus, blason de la famille Desson, d’azur, à la tour crénelée d’or, accompagnée de trois croissants d’argent, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Blason_de_la_famille_Desson_de_Saint-Aignan.svg 

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)

     

    Ci-dessus, une photo extraite de http://www.fumichon-douville.com/historique.html 

     

    Au 18e siècle

     

         En 1763, Joseph-François Desson vend à Léonord-Charles Radulph, lieutenant général de police de Caen issu d'une famille de petite noblesse depuis le 14e siècle par son ancêtre Jean Radulph « maisons de maître et de fermier, terres et labours, bois d'Housteville, fiefs et seigneuries du Quesnay et Meherang consistant en hommes et hommages, reliefs et rentes tant en deniers, grains, œufs, oiseaux qu'autres espèces, rentes foncières et hypothèques, meubles appartenant au sieur de Douville dans les dites maisons de Tessy ». De plus « l'acquéreur devait recouvrer les treizièmes [Le treizième est un droit versé au seigneur par le vendeur d'une tenure égal à la treizième partie du prix de vente] pour en remettre la moitié au sieur de Douville et continuer les rentes foncières et seigneuriales. » 

     

    Ci-dessus, blason de la famille Radulph, d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois molettes du même, https://man8rove.com/fr/blason/gzbk8ss-radulph 

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)     C'est en Normandie et particulièrement dans le Bessin que l'on compte le plus de fiefs. C'est ce qui explique que Léonord Radulph puisse se porter acquéreur de plusieurs petits fiefs. Chaque fief, lui-même dépendant d'un fief plus important, est une seigneurie composée d'un domaine que le seigneur exploite directement ou non [Par des salariés, domestiques nourris et logés sur place], sur lequel se trouve son manoir ou château et des terres qui, si le fief est assez important, sont elles-mêmes fieffées ou exploitées en censive ; c'est-à-dire en terre non noble. 

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

         Aussi l'achat de terres reste très compliqué car, sauf dans le cas des alleux, la vente de terres, nobles ou pas, est régie par la nature de la propriété des fiefs qui n'est jamais complètement entière. Un fief est toujours assujetti à un fief dominant auquel se rattachent des droits divers, et ce en remontant la pyramide jusqu'à ce qu'on se trouve confronté à des titres perdus ou éteints. 

         Léonord Radulph va percevoir des taxes, et diverses rentes en argent ou en nature de ses nouveaux tenanciers. Mais il va devoir en reverser annuellement une partie à son vendeur J. F. Desson. Quatre ans plus tard il rachète une autre parcelle pour agrandir son domaine. 

    Vingt-six ans avant la prise de la Bastille qui marque le début de la Révolution française, le régime seigneurial s'est adouci par rapport aux siècles précédents. Mais il pèse financièrement plus ou moins lourd suivant les provinces. 

         L'hommage est dû à chaque mutation mais seulement sur les terres nobles. Cérémonie par laquelle le vassal s'engage encore selon la coutume de Normandie rédigée en 1731 à porter aide et assistance à son seigneur, ce n'est plus, dans la deuxième moitié du 18e siècle, dans certaines provinces comme en Touraine, qu'un engagement pour les formes, prétexte à dénombrer les propriétés. Et on peut constater que dans le document notarial relatif à l'achat de L. Ch. Radulph, le mot « foi », de la formule rituelle « foi et hommage », a disparu. 

         Les « hommes » cités dans l'acte notarial sont des fermiers ou des métayers qui peuvent garder les terres avec les bâtiments de ferme et d'habitation dans leur famille au fil des générations Mais les tenures sont grevées de droits et redevances et un droit de relief est payable au seigneur comme si la terre ou domaine devait être racheté symboliquement à toutes les mutations. En Normandie, contrairement à l'usage dans d'autres provinces, le montant du relief reste très modique :« En Normandie le relief est dû à toutes mutations, mais c'est si peu de chose qu'il est très rare de voir des contestations à ce sujet ». Par contre il est dû sur les terres nobles et non nobles même par les héritiers directs. 

         Les types de rente sont très divers. Certaines ne sont plus très élevées car dites perpétuelles donc fixes, elles perdent de leur importance avec les années. Par contre les redevances en nature peuvent se révéler plus lourdes pour les tenanciers. Quant aux rentes seigneuriales, elles sont dues au seigneur sur les terres nobles pour des droits de chasse, pêche et droits coutumiers divers. 

         En 1782, Léonord Radulph bataille pour obtenir le droit de recevoir les honneurs dus au patron de l'église de Tessy. Cette soif d'honneurs totalement désuets peut paraître dérisoire.

     

     

         Alors que Joseph-François Desson habitait au château de Douville jusqu'à la vente du domaine, le nouveau propriétaire n'y réside pas en permanence. M. de Radulph meurt en l'an II de la République laissant le domaine à sa fille unique mariée au baron Jean-Claude Hue de Mathan. Cette famille Hue de Mathan, qui le conservera jusqu'en 1920, n'habite plus du tout au manoir de Douville. En 1824, les états de sections du cadastre indiquent que le propriétaire Louis de Mathan, petit-fils de Léonord qui avait émigré pendant la Révolution, habite au château de Chicheboville. Léonord Charles Radulph est l'arrière-grand-père d'Arcisse de Caumont qui hérite d'une ferme à Crépon tandis que deux de ses cousins se partagent 86 ha de terres, une ferme et le manoir de Tessy. Vers 1850 le domaine est exploité par le fermier et sa famille et plus d'une dizaine d'ouvriers. Vingt ans plus tard, le nombre des ouvriers est réduit de moitié.

     

    Ci-dessus, blason de la famille Hüe de Mathan, d'argent à la bande de gueules chargée de trois mouchetures d'hermine du champ posées dans le sens de la bande, et une bordure d'azur chargée de huit coquilles d'or, https://man8rove.com/fr/blason/z6z0jss-hue 

      

         À la fin du 19e siècle l'institutrice du village fait remarquer que les châtelains de Douville étaient les plus riches seigneurs de la contrée, les autres châtelains ; de Bénouville, Cléronde, Moulasny leur devaient hommage. Le domaine tombe ensuite en indivision et doit être vendu en 1920. Une famille d'agriculteurs acquiert le manoir et une quarantaine d'hectares et continue l'élevage de vaches laitières et de porcs et bien-sûr la production de beurre jusqu'en 1995, date à laquelle les bâtiments reviennent à l'un des héritiers.

     

     

    Plan de situation du manoir de Douville à Mandeville-en-Bessin ; blason de la famille Hélyes, d’azur au chevron d’argent, accompagne de trois glands d’or, par Gilloudifs. Est-ce celui de la famille Hélyes de Housteville ? A vérifier…

     

    Description 

     

         Le manoir de Douville est un ensemble de bâtiments d'allure défensive qui datent en grande partie du 17e siècle. La partie habitation en forme de L se compose de deux logis distincts mais contigus ; le vieux logis et le logis du levant. Au fil du temps le premier devint la demeure du fermier, le second celle des maîtres du domaine. Coiffés de hauts toits en ardoise, les bâtiments sont en pierre calcaire, moellons pour le gros œuvre et pierres de taille autour des ouvertures. Comme de nombreuses fermes-manoirs du Bessin l'ensemble des constructions forme un carré défensif complètement fermé autour d'une grande cour, un mur haut ayant remplacé une étable côté nord face à la départementale. Cet ensemble est composé d'une petite tour carrée accolée à une des deux maisons d'habitation, de bâtiments agricoles et d'un pigeonnier. L'accès à la cour est ménagé sur deux côtés, le plus ancien se trouve au sud-ouest, il n'en reste que la petite porte piétonnière dissimulée au sud-ouest derrière les ruines de burets [Patois normand pour porcherie] du 19e siècle.

     

    Le Portail [A]

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)

    Ci-dessus, un dessin extraite de http://www.fumichon-douville.com/historique.html 

     

          L'entrée principale se fait par un portail monumental du 17e siècle qui donne directement sur la voie rurale. Très semblable au portail daté de 1641 de la Caillerie à Bayeux, si ce n'est que ce dernier n'a qu'une seule grande ouverture, ou de celui du manoir de Longeau, il comporte une porte piétonnière et une porte charretière dont les arcs en anse de panier sont composés d'une rangée de grands claveaux avec au centre une clef biseautée encadrée par deux claveaux pendants. Les piédroits sont ornés d'un pilastre qui se prolonge au-dessus de l'imposte jusqu'à une mince corniche commune aux deux baies mais qui supporte au-dessus de chacune d'elles un fronton brisé à volutes. La partie supérieure des trois pilastres porte un motif exactement identique à celui du portail de la Caillerie. Une cheminée au chaînage harpé s'élève au-dessus du toit sur la droite. 

     

     

     LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados) LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)

     

    Ci-dessus, le portail du manoir de Douville : à gauche une photo par Pimprenel — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26062766 ; à droite une photo extraite de https://locations.filmfrance.net/fr/location/manoir-de-douville-vallee

     

    L'ancien logis [B]

     

         Il a été la demeure de la famille Hélyes de Housteville qui l'a probablement fait bâtir à la fin du 16e siècle ou au tout début du 17e siècle avant de le louer à un fermier pour habiter le deuxième bâtiment construit ultérieurement. Les deux logis forment une sorte de L, le bâtiment plus ancien venant s'encastrer dans le second. 

    Il comporte trois travées dont les alignements verticaux sont marqués par trois lucarnes dont les jambages s'appuient directement sur le mur de façade. La lucarne du milieu est un œil-de-bœuf surmonté par un fronton plein-cintre mouluré. Les deux autres, un peu plus grandes, ont une ouverture cintrée surmontée d'un fronton gravé d'une rosace et souligné d'une petite corniche à denticules discrètes. À l'origine une unique porte entourée par deux fenêtres perçait la façade du rez-de-chaussée. 

         Une tour carrée, qui serait la partie la plus ancienne, avec certaines caves, et pourrait dater du 15e siècle voire du 14e siècle, contiguë au logis nord est munie d'une petite échauguette et d'un mâchicoulis. L'apparence défensive de l'ensemble peut être liée à une volonté d'affirmer la noblesse du propriétaire, tout en offrant une protection contre les maraudeurs, l'époque des guerres de religion étant terminée. 

         À l'intérieur, la laiterie, la buanderie et la cuisine transformée en laverie sont séparées de la grande salle commune, et de la salle à manger des maîtres par un escalier droit. Cet escalier de pierre percé de plusieurs trous destinés à tirer sur d'éventuels assaillants mène aux chambres des domestiques et aux combles. Une des deux caves voûtées, auxquelles quelques soupiraux accordent un peu d'air et une rare lumière, abrite un puits.

     

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados) LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)

     

    Ci-dessus, l'ancien logis : à gauche, une photo par Pimprenel — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=89966073 ; à droite, une photo extraite de https://www.mariages.net/salle-mariage/manoir-de-douville--e119149 

     

    Le logis du levant [C]

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)     Construit dans la première moitié du17e siècle, dans le style Louis XIII, il a servi d'habitation permanente puis périodique pour les seigneurs de ce domaine à vocation essentiellement agricole. Après 1836, la famille Hue de Mathan, propriétaire des lieux, est domiciliée à Bayeux, puis à Chicheboville. Ce logis fait face au chemin rural, à angle droit avec l'ancien logis. 

         Il est construit sur trois niveaux au-dessus de grandes caves voûtées ventilées par des soupiraux. Côté rue il est encadré par deux grandes échauguettes en encorbellement, similaires, contenant chacune une petite pièce éclairée par deux fenêtres qui donnent d'excellents points de vue sur les alentours. Une corniche à denticules souligne la toiture du logis, reprend sous les toits des échauguettes et court jusqu'à l'extrémité du portail. Les trois fenêtres de l'étage, de même hauteur, celle du milieu étant plus étroite, sont bien positionnées sous trois lucarnes aux frontons en plein-cintre. Mais au rez-de-chaussée les ouvertures sont de hauteurs différentes suite à des modifications, une fenêtre et un petit perron rajouté après-coup rompent la symétrie de cette façade. Des cheminées monumentales, copies de celle du toit du portail mais beaucoup plus grandes que cette dernière, s'élèvent de part et d'autre du logis. 

     

    Ci-dessus, échauguette côté rue par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=82223715 

     

     

         Côté cour l'alignement vertical est conservé entre les fenêtres des deux niveaux et les lucarnes au-dessus. Ces dernières, alternativement à ouverture rectangulaire ou en œil-de-bœuf, ont toutes des frontons cintrés, des piédroits et une plate-bande, ou un arc, à bossages. 

    Au rez-de-chaussée l'unique porte sur cour s'ouvre sur un petit vestibule devant l'escalier central qui donne accès d'une part à la cuisine et à l'autre logis par lequel on peut entrer dans la salle à manger, et d'autre part à une grande salle de réception. Un pavage et des cheminées du 17e siècle sont conservés. Les chambres des maîtres de l'étage sont surmontées par deux niveaux de combles.

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados) LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)

     

    Ci-dessus : le logis du levant : à gauche et à droite, photos extraites de https://www.mariages.net/salle-mariage/manoir-de-douville--e119149 

     

    Les bâtiments agricoles [D]

     

    LES REMPARTS DE DOUVILLE (Calvados)      Les bâtiments agricoles occupent le reste du carré formé par l'ensemble de la ferme-manoir. Au plus près du portail se trouvent les remises pour les voitures hippomobiles, les écuries, la sellerie. Puis se succèdent poulailler, bergeries, clapier. À l'angle sud-ouest une petite tour qui abrite dans son niveau supérieur un pigeonnier d'environ 250 boulins servait aussi de tour de défense grâce à sa position stratégique qui permettait de surveiller l'ancien chemin d'accès au manoir. Face au logis du levant et au portail se trouvent des granges et un pressoir. 

          Les bergeries et plusieurs granges sont transformées en étables et salle de traite au 20e siècle quand l'élevage de vaches laitières s'intensifie. Des burets, dont certains en ruines depuis 1944 ont été édifiés pour nourrir les porcs avec le petit-lait issu de la fabrication du beurre. 

          Au nord du carré, face à la départementale, s'élèvent les ruines de l'ancienne boulangerie du domaine, avec un petit four à pain à l'intérieur. Dans les limites de la propriété un étang permettait aux troupeaux de la ferme de s'abreuver. Une charretterie de 1920 fait face au portail de l'autre côté de la voie rurale. » [1] 

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite de https://www.mariages.net/salle-mariage/manoir-de-douville--e119149 

     

    Protection

     

         Inscription aux Monuments Historiques par arrêté du 2 juillet 1927.

     

    A proximité

     

         « L’église Notre-Dame de Mandeville date des 13e et 14e siècles mais a fortement été retouchée au 19e siècle. La particularité de cette église sont les voûtes du chœur garnies d’arceaux croisés par un arceau longitudinal, sorte de clefs de voûte ornées de petits
    fleurons. Cette forme d’architecture est typique du style anglais des 14e et 15e siècles. Il s’agit ici du témoignage de l’occupation anglaise durant la Guerre de Cent Ans. » [4]  

          Pour cette église voir aussi ici

     

          O Manoir du Quesnay, anciennement manoir du Quesnoy, du 14e siècle : avant la guerre de Cent Ans, le manoir est la possession de la famille de Villiers, qui le tenait d'un chevalier du nom de Jean Recuchon. Il est ensuite la propriété de Robert Davaynes, seigneur de Gruchy [Son gisant et celui de son épouse se trouvent dans la chapelle seigneuriale du 17e siècle de l'église de Saon.]. Le domaine est de nos jours la possession des Lastours-Fourcade.

          Ses parties les plus anciennes remontent au 15e siècle. Avec son décor Renaissance, le manoir, est ceinturé par les bâtiments agricoles dont certains sont pourvus de boulins, et en partie entouré d'eau, laissant suggérer la présence de douves. On accédait au manoir probablement par une porte piétonne et une porte charretière surmontées d'un arc en plein cintre sculpté. L'entrée du logis est flanquée de deux tours de défenses octogonales percées de meurtrières. Dans la cour, se dresse accolée au logis seigneurial une tour avec à l'intérieur un escalier à vis qui dessert les étages. Dans une des chambres, on peut voir une cheminée décorée de moulures. Sur une des fenêtres du logis, figure le blason sculpté de la famille de Faulcq, avec au-dessus trois fleurs de Lys. » [1] 

     

    Ci-dessus, une photo du manoir du Quesnay extraite de https://www.booking.com/hotel/fr/manoir-du-quesnay.fr.html?activeTab=photosGallery 

     

    Sources

     

    [1] Extrait de Wikipédia

    [2] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados, tome 3 par Arcisse de Caumont, (1801-1873). Éditeurs :  Derache (Paris) /  Dumoulin (Caen) / A. Hardel, 1846-1867 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96748058/f722.item.r=Arcisse%20de%20caumont%20Statistique%20monumentale%20du%20Calvados%20Douville 

    [3] Extrait de http://www.fumichon-douville.com/historique.html 

    [4] Extrait de file:///C:/Users/Gilles/Downloads/Mandeville%20en%20Bessin.pdf 

     

    Bonnes pages :

     

    Site officiel : http://www.fumichon-douville.com/ 

     

    O file:///C:/Users/Gilles/Downloads/Mandeville%20en%20Bessin.pdf  

    O https://www.zankyou.fr/f/manoir-de-douville-46459#1 

    O https://www.adtlb.com/le-bessin/patrimoine/ 

     

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  • LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne) LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne) LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)

     

    Ci-dessus, à gauche, le manoir de la Bouverie par Cbarbillon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75669459

     

    Le manoir de la Bouverie à Mardilly

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)

           « A la fin du 16e siècle, la vieille forteresse est remplacée par le manoir actuel. A la Révolution, Mardilly fut vendu comme bien national. C'est un bâtiment rectangulaire, construit en roussier, muni, aux quatre angles, d'une poivrière circulaire. » [1]

     

    Ci-dessus, une photo extraite de https://monumentum.fr/manoir-pa00110847.html

     

          « Le manoir de la Bouverie est une demeure du début du 17e siècle qui (…) est situé, sur les rives de la Touques, sur la petite commune de Mardilly à 5 km de Gacé, en limite avec le département du Calvados, dans le département français de l'Orne. »

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)

     

    Plan de situation du manoir de la Bouverie à Mardilly ; blason de la famille de Rupierre, palé d'or et d'azur, par Cbarbillon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75669459

     

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    Historique

      

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)      « La famille de Rupierre est déjà établie à Mardilly au 13e siècle ainsi que sur plusieurs fiefs de la vallée de la Touques. Pourvues de charges militaires importantes, les Rupierre adoptent des attitudes opposées pendant la guerre de Cent Ans et embrassent la cause du roi de France pour les uns ou le parti des Anglais pour les autres ce qui leur valut quelques confiscations lesquelles seront effacées par des mesures d'indulgence.

     

    Ci-dessus, blason de la famille de Rupierre, palé d'or et d'azur, par Cbarbillon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75669459

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)      Leur descendant Martin de Rupierre s'engage avec conviction en faveur de la Ligue et connut lors de ses voyages de grandes demeures et leurs commanditaires dont un de ses cousins qui était conseiller de Catherine de Médicis. Martin de Rupierre va se retirer dans sa seigneurie de Mardilly et à la suite de son mariage avec Catherine, fille d'Alain de Hudebert, il entreprend à la place de l'ancienne place forte, la construction du château de style Henri IV tel qu'on peut le voir encore à l'heure actuelle. Achevé en 1604 (Philippe Seydoux avance comme date de construction aux environs de 1615) sous le règne d'Henri IV, le corps de logis du manoir doit son élégance aux quatre poivrières d'angle et aux ouvrages de maçonnerie de briques et de pierres locales (pierres de roussier) qui rythment sa façade principale. Malgré l'importante dot de son épouse, Martin de Rupierre doit aliéner ses terres en raison du coût de construction élevé eu égard à la qualité des matériaux.

         Ses fils hériteront de la seigneurie mais devront la vendre à leur cousin Gilles de La Pallu, sieur du Mesnil-Hubert. (…) » [2]

     

    La famille de la Pallu ou la Palu

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)      « Noblesse simple, qui n'a point de preuves certaines d'ancienneté, n'établit sa filiation que depuis 1485, a peu d'alliances de marque et peu de services » (B. Chérin). Chérin semble un peu sévère :

          Les origines : légères erreurs de date : Guillaume de la Palu + 1488 est cité dans des documents authentiques en 1475 et 1479. La famille soutient devant d'Hozier, à tort sans doute pour Chérin, que ce Guillaume est fils cadet d'Henri, mort à Azincourt, et que leur famille avant de s'installer en Normandie, est originaires du Maine...à voir.

     

    Ci-dessus, blason de la famille de la Pallu, d'argent à trois fasces de sable dentées d'azur. https://man8rove.com/fr/blason/rvpolc6-la-pallu

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)      Leurs alliances : alliés aux Grave, Guerpel, de Rosnyvinen, Chaumont-Quitry, la Motte-Fouquet, Hue de Miromesnil, etc. on ne peut dire avec cette série « peu d'alliances de marque »...

         Les services : Il est vrai que les La Palu font figure de gentilshommes terriens du 15e au 18e siècle et on ne trouve qu'un procureur général du duc d'Alençon au 15e siècle, un gouverneur d'Exmes sous Henri IV, un chef de la vénerie du duc d'Orléans sous Louis XIII et des officiers supérieurs jusqu’à la Révolution. Les La Palu tiennent cependant un rang distingué dans la noblesse de Basse Normandie, il est vrai qu'ils passent pour être peu fortunés avant la deuxième moitié du 18e siècle, époque où ils reconstruisent leur château du Mesnil-Hubert dominant la vallée de la Vie et où Degas vint loger au siècle suivant et s'auto portraitura dans sa chambre.

         La famille s'est éteinte dans les mâles en 1823. Admise aux honneurs de la cour 3 fois : 1775, 1785-86. (Promethée) » [3]

     

         « À la Révolution, le château est vendu comme bien national. Il perd alors son titre de château de Mardilly pour devenir manoir de la Bouverie, du nom de la ferme à laquelle il est rattaché.

         La famille La Pallu y habite jusqu'en 1840. » [2]

     

    Description

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)      « Conforme aux nouvelles règles de l'art de bâtir au début du 17e siècle, la façade principale est d'une ordonnance régulière et d'une symétrie parfaite. La taille du logis est modeste mais les matériaux utilisés sont somptueux et coûteux et vont donner à ce bâtiment ampleur et raffinement. Les fenêtres et baies aveugles de même module s'alternent pour rythmer la façade et lui donner une ampleur exceptionnelle. Elles sont toutes couvertes d'un linteau droit à clef saillante et alignées sur le bandeau. De même, elles sont toutes pourvues à leur base d'allèges à écoinçons en quarts-de-rond. Les baies aveugles et allèges adoptent un remplissage de briques rosées où s'inscrivent trois losanges superposés par des lignes obliques de briques vernissées plus foncées.

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)     Quatre tourelles d'angle sont posées sur des encorbellements à ressaut et sont dotées de toit campaniforme. La porte principale est soulignée d'un encadrement à bossages, d'un linteau clavé en arc segmentaire et couronné d'un fronton interrompu. Premier et second niveaux s'articulent par un bandeau plat alors que le troisième niveau que constitue le toit repose sur une belle corniche à modillons avec mâchicoulis.

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE MARDILLY (Orne)     Au niveau du grand et haut comble d'ardoises, trois lucarnes viennent rythmer la façade en mettant l'accent sur les travées de fenêtres. Les façades latérales et arrière sont très sobres, construites sans artifice en pierre de roussier. Un fossé en eau, vestige probable d'anciennes douves qui entouraient la motte, reste présent à l'arrière du logis principal.

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1824 - Archives de l'Orne - https://archives.orne.fr/  

     

         Le domaine comprend aussi trois dépendances : une grange, un lavoir et une boulangerie, d'autres éléments cadastrés en 1850 ayant aujourd'hui disparus.

         Enfin le moulin situé sur un bras de la Touques ne fait plus partie de la propriété. » [2]

     

    Protection

     

         « Le manoir, propriété privée non ouvert à la visite, est partiellement inscrit aux monuments historiques. (…) Les façades et toitures sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 9 octobre 1968. » [2]

     

    A proximité

    « Église Notre-Dame datant du 16e siècle de style roman abritant une Vierge à l'Enfant du 15e ou 16e siècle classée à titre d'objet. » [2]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de https://monumentum.fr/manoir-pa00110847.html

    [2] Extrait de Wikipédia

    [3] Extrait de https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+la+famille+de+la+pallu&oc=0&p=histoire

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