• LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     « (…) Un poète né sur les bords de la Sélune, vers le milieu du 16e siècle, a orné de toutes les fleurs de la mythologie l'histoire des localités voisines, et a donné à Ducey une merveilleuse origine. De l'union du dieu de l'Ile Manière ou Lyrmano avec la nymphe Sélune naît Poilleion. Celui-ci poursuit en la prée une nymphe qui croit l'éviter en se jetant dans le sein de Sélune, et leur fils Duceion fonde la localité que nous décrirons. Le père, pour visiter facilement son fils, construit le vieux pont, et celui-ci bâtit un château sur la place où s'élève le château des Montgommery :

    Qui fist après bastir en ce lieu le dongeon
    Da chasteau de Ducey, dressant sur la rivière... »

    (Exercices poét. de Jan de Vilel, poète avranchois. Voir le poème de la Prinse du Mont Saint-Michel. Toute cette mythologie est racontée dans cette langue latine de la littérature française du temps de Ronsard et de La Pléïade. Vitel, dont le mérite poétique est assez médiocre, ne manque pas d'importance dans l'histoire générale de la littérature comme ayant poussé à ses dernières limites ce langage d'imitation. Voir l'art, de Poilley.) [1]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     « Le bourg de Ducey, entouré de vastes prairies et d'une fertile campagne, est situé sur la Sélune, dont les rives sont pittoresques et variées. L'étranger qui traverse cette localité, où tout semble respirer la tranquillité, se figurerait difficilement que ce fut autrefois un des centres les plus redoutables du calvinisme en Normandie. Les seigneurs de Ducey, les Montgommery, furent en effet mêlés, à la fin du 16e siècle, à des scènes sanglantes de notre histoire et leur nom a encore conservé je ne sais quoi de redoutable. » [2]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     " La commune de Ducey est une presqu'île arquée, dont le contour est découpé par le cours sinueux de la Sélune, et dont la corde, tirée au nord, est tracée par la rivière d'Oir et d'autres petits cours d'eau qui la séparent de Marcilly et des Chéris. Le sol y est pittoresque et varié : on y trouve des vallées, des marais, des montagnes, une belle rivière, des bois, dont le principal est le bois d'Ardenne [Celt. Arden, bois : aiosi la forêt des Ardennes : ainsi l'abbaye d'Ardenne près Caen. Ce bois est baigné par la Sélune ou Ardée. Il y a probablement un rapport entre le nom de la rivière et celui du bois.]. La Sélune, les rochers du Jalours, le bois d'Ardenne, les vastes prairies qui s'étendent en face du bourg et du château, présentent la réunion de tout ce qu'on peut désirer pour un paysage complet. En quelques endroits, principalement à l'endroit appelé les Ilots, la Sélune est semée de bas-fonds verdoyants. Dans le bourg même de Ducey, on remarque un ilot planté de peupliers : jeté entre les deux ponts, auprès du vieux moulin, il est le centre d'un fort joli tableau. » [1]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « Le château des Montgommery est une demeure historique de la Manche, située à Ducey-Les Chéris.

         Il témoigne d'un projet ambitieux et moderne de l'époque des guerres de religion. Le château du 17e siècle est classé Monument historique depuis 1923.

          Dominant la Sélune et remis en valeur depuis quelques années, il révèle un passé historique important. Il est l'œuvre de Gabriel II de Montgommery, fils du célèbre Gabriel Ier de Montgommery (1526-1574), qui blessa mortellement Henri II, roi de France, lors d'un tournoi. » [3]  

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     « Le château de Ducey appartenait jadis à la célèbre, mais redoutable famille de Montgomery, déjà maîtresse de Pontorson, comme nous l’avons dit. Cette famille était originaire d’Angleterre et plus précisément d’Écosse. Elle vint en France lorsque les rois de France se constituèrent une garde écossaise. Un Montgomery, le Grand Montgomery, eut le malheur de tuer involontairement le roi Henry II dans une joute. Chassé de la Cour, il vint se réfugier à Ducey et se fit protestant. Ce fut l’un des plus fameux capitaines de la Réforme : batailleur, soudard, pillard, d’une bravoure à toute épreuve. Fait prisonnier par l’armée royale à Domfront, il fut décapité en place de Grève à Paris sur l’ordre de Catherine de Médicis. Ses descendants suivirent ses traditions de protestant d’humeur difficile et mauvais voisins. A diverses reprises, ils essayèrent de s’emparer du Mont-Saint-Michel, sans y parvenir. Le château actuel, achevé en 1624, remplaçait probablement un petit castel fortifié, monté sur une motte. Actuellement, il ne subsiste qu’une partie du château qui comportait un corps central encadré de deux pavillons. Celui du Nord fut détruit vers 1864. On voit et on admire encore, l’escalier à double révolution qui conduit à la porte d’entrée, sous une voûte ornée d’une élégante balustrade. Sous cet escalier, entrée des caves voûtées.
           A l’intérieur, un monumental escalier à révolution appuyé sur quatre colonnes qui vont des caves au grenier. Les marches faites d’une dalle de granit, forment en-dessous une voûte plate, ce qui est assez rare. Au premier étage, de ce qui reste, une grande salle avec solives et poutres peintes à l’italienne. Le manteau de la cheminée porte un tableau représentant un guerrier avec la devise « Marte, non fortuna ». Un second étage contient également une vaste pièce dénudée. On l’appelle la chambre dorée. L’ensemble du château, bien que classé, est dans un état lamentable, déshonoré par les restes d’une distillerie qui s’y installa après la guerre de 1914 ; il est d’ailleurs à vendre. »
    (1972) [4]

     

    Ci-dessus, une photo du château de Ducey par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7982753 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

    Plan de situation du château de Ducey ; blason de la famille de Montgommery, écartelé : aux 1 et 4 d'azur à trois fleurs de lys d'or ; aux 2 et 3 de gueules à trois coquilles d'or, https://man8rove.com/fr/blason/9lwpww5-montgommery 

     

    Historique

     

    Le Héricher, 1845-1865 :

     

          « Il a dû y avoir à Ducey un château féodal, et tout porte à croire qu'il occupait à peu près l'emplacement du château actuel : cependant la forteresse féodale a dû se poser sur une position plus forte, et s'élever sur cette falaise qui est auprès et qu'on appelle le Pâtis. (Le lieu s'appelait Motte ou Chastel.)

         D'ailleurs, les archives du château attestent l'identité de l'emplacement. Un correspondant de M. de Gerville a cru retrouver les ruines de la forteresse de Ducey à Mortrie, dans un village isolé, à plus de quatre kilomètres de Ducey (Les Châteaux du département de la Manche.), et a prétendu que ses matériaux avaient servi à la construction du château de Ducey. Qu'il y ait eu un château fort à Mortrie, c'est une chose certaine : l'emplacement, le mouvement du terrain, la tradition (La tradition met un baril d'or dans ces ruines, dont le plan est carré, avec des dépressions de fossés, et qui sont plantées de châtaigniers. Le nom de l'emplacement est les Petits-Bois, sans doute par opposition au bois d'Ardenne qui est en face. On prétend qu'on a fait bien des fois, mais inutilement, jouer les vergettes pour découvrir le trésor.) en font foi ; mais il n'est pas vrai que le château de Ducey ait été à Mortrie, car il n'eût pas été le château de Ducey. D'ailleurs celui de Mortrie a été détruit longtemps avant la construction de celui-ci : il fut détruit en 1473 (Richard Séguin, Industrie du Bocage, p. 62.), et M. de Gerville dit lui-même qu'en 1562 Montgommery avait à Ducey une habitation qui fut démolie par son fils, quand il bâtit le château actuel, c'est-à-dire en 1624 (Châteaux. Art. Ducey.). En outre, en 1346, les Anglais, commandés par Renaud de Gobehen, brûlèrent les faubourgs d'Avranches, et ruinèrent le bourg et le manoir de Ducey.

          Il est impossible de préciser l'époque à laquelle s'éleva un château à Ducey : seulement il est probable que ce fut à la fin du 9e siècle, du moment où Rollon eut divisé la Normandie entre ses leudes ou fidèles. Ce fut un chef du nom de Duci ou Duxi qui reçut ce fief, et selon l'usage général, lui donna son nom. Ranulfe de Ducey, guerrier de la Conquête, est le premier seigneur cité avant le commencement du 12e siècle. Il y a dans le Cartulaire du Mont Saint-Michel une charte de donation du Fougeray (En Bacilly.) par son fils, Robert de Ducey, du temps de l'abbé Bernard. Le donateur y fait mention de son père, ce qui peut reculer la série connue jusque vers le milieu du 11e siècle, et même indéfiniment, puisqu'il parle de ses ancêtres. Voici cette Carta de Fulgereio, très intéressante par elle-même et par ses souscripteurs :

           « Notum sit omnibus presentibus et futuris quod ego Robertus de Duxeio pro remedio anime mee et patris mei vigilia Purificationis sancte Marie veni in capitulum sancti Michaelis ibique terram de Fulgereio que alodum patris mei et antecessorum meorum fuerat ecclesie sancti archangeli Michaelis et ipsius monachis finetenus dedi et concessi, ut hanc terram teneant et perpetuo possideant absque omnium sequentium heredum meorum et omnium aliorum calumpnia et contradictione. Hoc autem factum est in comitis Rannulfi et baronum suorum abrincatensium presentia, excepto Radulfi de Veim terram quam de me tenebat. Hoc donum hujus terre concedo ego Guillelmus filius Roberti post mortem patris mei cum Cecilia. Hujus rei sunt testes Robertus de Duxeio; Rannulfus comes (Ce comte Ranulphe est un des grands noms de l'histoire d'Avranches, et s'ajoute à l'infortuné Richard d'Avranches, le naufragé de la Blanche-Nef, pour continuer la série des vicomtes de cette cité : ce Ranulphe de Bricquesart, vicomte de Bayeux , fils d'Emma, sœur de Hugues-le-Loup, succéda à Richard dans les comtés d'Avranches et de Chester. C'était un des plus puissants seigneurs de Normandie ; il fut un des soutiens du roi Henri Ier, selon Orderic Vital, et il acheva le monastère de Saint-Sever, fondé par son oncle.) Radulfus de Veim. Radulfus de Brei, Aluredus de Maci (Nous ferons remarquer ce nom de Maci écrit dans la charte comme dans le Domesday.). Gradalonus de Taneia, Turgisus de Taneia. Bertrannus de Verdun. Stephanus de Eschailli (Nous croyons que ce mot désigne Chassilly, fief de Saint-Laurent-de-Terregatte.). Rannulfus et Rannulfus de Grandevilla. G. filius Rob. de Duxeio. Cecilia uxor. G. de Boce. Rogerius de Brafes. (Cartulaire) »

          Ce même Robert de Ducey signa la charte par laquelle Ranulphe Avenel donna au Mont Saint-Michel l'église de Sartilly : « Concilio Roberti de Duxeio et amicorums. » (Cartulaire. Carta de Sare tilleio.) Son fils Guillaume confirma cette donation par la charte suivante, qui rappelle la forme de l'investiture usitée au Mont Saint-Michel, et signale Guillaume comme un homme distingué.

          « … Hæc autem datio facta est per brachium sancti Autberli super altare et juravit ibidem super quatuor evangeliorum quod hoc donum inconcussum maneret in sempiternum. Ut autem hoc mente libera concederet Bernardus venerabilis memorie abbas unum palefredum tanto viro dignum et fratri suo duos solidos in memoriam hujus rei dedit (La charte suivante)»

          A la fin de ce siècle, en 1180, le seigneur de Ducey était Joscelin : « Gauf. Duredent reddit de Joscelino de Duxeio pro piscaria (Magnus Rotul. de Scaccario. Stapleton, p. 9, tom. per. Geoffroi Duredent était prévot d'Avranches.). »

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      Robert, frère de Guillaume, laissa une fille qui se maria à la fin du 12e siècle à G. de Husson. On lit à l'année 1180 des Rôles de l'échiquier : « Will. de Hueceon deb. c. li. pro relevio honoris de Duceio. » Les Husson furent seigneurs de Ducey pendant tout le 13e siècle. Dans le 14e siècle les seigneurs de Ducey étaient les Meullant et les Pontbriant (Nous trouvons dans les archives du château un titre de 1391 relatif au mariage de J. Cornille avec Marguerite Racappe.). Dans ce siècle, Ducey fut ravagé et pris par les Anglais, principalement par Renaud de Gobehen ou Cobham. Duguesclin les en chassa et établit son quartier à l'abbaye de Montmorel dont les Anglais et les Navarrais avaient fait un lieu de dépôt pour leurs prisonniers (Voir l'article de Brecey et celui de Poilley.). Au commencement du 15e siècle, la seigneurie de Ducey, qui était en litige entre Jean de Meullent et Hector de Pontbriant, fut donnée à G. Nessefeld par le roi d'Angleterre (Registre des Dons, Confiscalions, etc., par Charles Vautier, p. 117.). En 1450, après la bataille de Formigny, Ducey fut sans doute évacué par les Anglais et occupé par les troupes du connétable de Richemont qui vint recevoir la capitulation d'Avranches. Les Pontbriant rentrèrent dans leur ancienne seigneurie. En 1465, Marie de Pontbriant était dame de Ducey (Archives du château.). En 1486 elle l'était encore.

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Husson, d'azur à six annelets d'or posés 3, 2 et 1, https://man8rove.com/fr/blason/cuj4do5-husson ; à droite, blason de la famille de Pontbriand, d'azur à un pont de trois arches d'argent maçonné de sable, par Yricordel — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29556321 

     

     LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     Un seigneur du nom de Pierre de la Bouessière succéda aux Pontbriant : en 1500, la seigneurie était à Marie de Maros, veuve de P. de la Bouéssière (Archives du château. Actes de 1500, 1503, 1506, au nom de Marie de Maros.). En 1528, Charles de Troussebois, mari de Jeanne de la Bouessière, dame de Ducey, faisait une transaction avec les religieux de Montmorel (Archives du château. Il y a un acte de 1524 relatif à l'acquisition de trois maisons de Ducey appelées le Manoir.). Vers le milieu de ce 16e siècle, en 1560, mourut Jacques Ier de Lorges, comte de Montgommery, originaire d'Écosse, capitaine distingué, attaché au service de François Ier, qui avait épousé Claude de la Bouessière.

     

     

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille de la Bouexière ou de la Boissière par Gilloudifs ; à droite, blason de la famille de Montgommery, écartelé : aux 1 et 4 d'azur à trois fleurs de lys d'or ; aux 2 et 3 de gueules à trois coquilles d'or, https://man8rove.com/fr/blason/9lwpww5-montgommery

     

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     Son fils Gabriel Ier, qui devint le grand Montgommery, celui qui blessa mortellement Henri II dans une joute d'armes, succéda aux biens de ses cinq frères et sœurs. Ce nom célèbre est écrit dans l'histoire générale du pays, dans celle de la province, et est associé dans l'Avranchin a beaucoup de faits et de monuments. Nous le retrouverons en divers lieux, et nous ne ferons pas une biographie spéciale de Montgommery : disons, à notre point de vue, qu'il arrangea en prêche la chapelle St-Germain. Il se maria avec Isabeau de la Tiral, qui fut après sa mort dame de Ducey (Archives du château. Acte de 1581 de dame Isabeau de la Tiral, dame de Ducey, stipulant pour Gabriel de Ducey, son fils mineur. Remarquons qu'elle ne prend pas, selon l'usage, le titre du veuvage.) : il fut décapité en 1574. Il eut de ce mariage quatre garçons et quatre filles. La sentence de Villenage portée contre ses enfants n'eut pas de suite (On connaît ses paroles à l'occasion de cette sentence : « S'ils n'ont pas la vertu des nobles pour se relever eux-mêmes, j'acquiesce à leur dégradation.).

     

    Ci-dessus, portrait de Gabriel Ier de Montgommery par Peintre non identifié — unknown, possibly previously on loan to Kunsthistorisches Museum Wien, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12878323 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     A la fin de ce siècle, son fils aîné Gabriel Il était seigneur du comté de Ducey (Acte de 1598 dans lequel J. Roger-Gabriel de Montgommery est qualifié de seigneur de Ducey, Cherencey-le-Héron, Champservon, etc. Archives du château.) : il était marié à Suzanne de Bouquetot (Acte de 1593. Dame Suzanne de Montgommery contribua à la réparation du Pont-aux-Vaches sur Loir.), dont il eut cinq garçons et une fille. Ce fut lui qui éleva le château actuel en 1624, avec les débris de l'ancien manoir de Ducey, ou peut-être aussi du manoir de Mortrie (Les titres du château montrent que Mortrie était aux Montgommery.). Ce seigneur eut une haute position locale par ses richesses et sa place officielle, et comme le chef du calvinisme de l'Avranchin. Il fut le gouverneur de Pontorson, dont les fortifications furent rasées en 1621. Louis XIII, ayant appris qu'il avait fait fortifier cette place, qui était le boulevart des protestans, lui fit proposer de s'en défaire pour un dédommagement. Le comte de Lorges y consentit, et Blainville fut nommé gouverneur (Masseville, tom. VI, p. 105. On lit dans un Mémoire du temps : « Pontorson, place d'importance, pouvant donner quelque jalousie à la Basse-Normandie, étant commandée par le comte de Montgommery, personnage de la religion, grand capitaine et pécunieux, pouvant toujours lever à ses dépens un équipage de plus de deux mille hommes, pour tenir ses voisins en bride, s'ils se mettaient à mal faire ; mais il a tellement assuré le roi de son obéissance qu'il a offert de lui rendre la place quand il lui plairait. »). C'est alors que, quittant Pontorson, sa forteresse et l'habitation dite Maison de Montgommery, il se retira à Ducey où il bâtit son château, dans lequel il mourut en 1635. Il fut déposé dans le caveau du prêche, sur lequel a passé récemment la grande route (On montre encore son marbre sépulcral, chargé d'une fastueuse inscription, telle qu'on ne l'eût pas faite pour le père. Il y est appelé Mars Gallicus, terror hostium, amor suorum, quem cùm audis, virlutem bellicam animo cogitas. Son épitaphe, et en grande partie son histoire, prouvent qu'il fut sujet fidèle : Beno moritam de regibus suis et de patrid mentem cælo reddidit 1635. Montgommericum sub marmore cerno, vialor Si tamen hæc virtus tanta latere potest. Non una hæc tellus tam grandem continet umbram : Hanc in cordo suo Gallia tota gerit.).

           Il laissa plusieurs enfants : Louis de Montgommery eut la seigneurie de Ducey : un titre de 1647 l'intitule seigneur de ce lieu (Archives du château.). En 1670, Louis de Montgommery et Anne de Macheroul, sa compagne, se firent une mutuelle donation de leurs biens (Archives du château.). Il mourut en 1680. Sa veuve se retira en Angleterre pour cause de religion, et on lit dans la Statistique de 1698 : « Le seigneur de Ducey est la dame de Montgommery, comtesse de Quintin, retirée à Londres pour cause de religion (Mém. sur la Gén, de Caen.). Elle épousa ensuite le comte de Mortagne (Du temps de Masseville, Ducey était à la comtesse de Mortagne.).

     

    Ci-dessus, maquette au 1/70ème, réalisée par le Rail Miniature de la Baie. http://chateaudesmontgommery.over-blog.com/ 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

    Ci-dessus : à gauche, blason de la famille Chaulnes par Spedona — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4542389 ; au centre, blason de la famille Poilvilain, parti d'or et d'azur, https://man8rove.com/fr/blason/363xp76-poilvilain ; à droite, bBlason de la famille Cambiazo By Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15905585 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      En 1714, le château et la terre de Ducey furent vendus. Quelques années après ils passèrent dans la famille du duc de Chaulnes, ensuite dans celle de Julien de Poilvilain, comte de Cresnay, qui, en 1791, vendit cette propriété au comte de Cambiazo, alors doge ou plutôt maire de Gênes, plus tard membre du Sénat français (Mss, de Genêts ou de M. Deslandel.). Les armes des Montgommery étaient « d'azur au lion d'or armé et lampassé d'un casque de comte avec la devise : Garde bien. » Par allusion au coup de tronçon de lance porté à Henri II, un membre de la famille portait une lance brisée dans son cimier (The crost of some of the family is a broken lance. Aur, and its vicinity, p. 192.). Par une singulière fatalité, Jacques de Montgommery, dans un amusement de jeunes seigneurs, blessa François Ier d'un coup de tison à la tête et mit ses jours en danger : Gabriel de Montgommery tua Henri II d'un coup de lance dans une passe d'armes (Voir Martin Dubellay pour l'affaire du tison.).

          Il y avait à Ducey une église au moins au 12e siècle, car Guillaume de Ducey donna dans ce siècle l'église de Saint-Pair-de-Ducey à l'abbaye naissante de Montmorel. Il y joignit la chapelle de Saint-Germain, bâtie près de la motte de son chastel. L'église actuelle, sans art ni architecture, est toute jeune et n'offre rien à la description. (…)

          (…) La chapelle de Saint-Germain, donnée au 12e siècle à Montmorel par Guillaume de Ducey, servit à bâtir le prêche qui vient de tomber devant l'irrésistible élan de la grande route, qui a passé sur le caveau sépulcral et le jardin des Montgommery, comme le symbole du passage de la démocratie sur les ruines de la féodalité. La chapelle de Saint-Germain fut transformée en prêche par les Montgommery, ou plutôt le prêche fut bâti de ses débris (M. Foucault dit, dans sa Statistique de 1698, que le prêche était une ancienne chapelle. Mais c'est par erreur que l'auteur des Guerres de religion dans la Manche l'appelle la chapelle de Saint-Georges. La rue s'appelle la rue Saint-Germain.). » [1] 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)       « Ducey eut, très anciennement, un castrum qui fut détruit, dit un ancien aveu (Archives, de la Seine-Inférieure, B. 154, pièce 84, aveu sans date, rendu par Louis de Montgommery.), « par les actes et hostilités des Navarrois, il y a environ trois cents ans, sous les règnes du roi Jean et Charles, son fils. » :
           « Le premier seigneur connu, écrit M. l'abbé Pigeon (Le Diocèse d'Avranches, t. II, p. 381), est Robert de Ducey qui, vers 1135, donna au Mont Saint-Michel la terre de Fougeray en Bacilly. Son fils Guillaume fut regardé comme le troisième fondateur de Montmorel (Le patronage de l'église de Ducey ne dut pas toujours appartenir à l'abbaye de Montmorel, car le 8 juin 1690, Suzanne de Montgommery avouait « avoir droit de patronage, de présenter à l'église paroissiale dudit lieu de Ducey, Cherencey, aux églises paroissiales de Champservon, Saint-Pierre du Tronchey et Sainte-Cécille quand ils vaqueront et le cas s'offre ». Dans les procès-verbaux des visites des paroisses du diocèse d'Avranches, de Mgr Durand de Missy, en 1748, nous recueillons ce renseignement : Ducey, Pierre Le Dru, curé, 2 prêtres. Chapelles de la Sainte-Vierge et Sainte-Anne. Point de maîtresse d'école ; avons ordonné qu'il en sera mis une à la Saint-Michel prochain ; maître d'école pour les garçons, nommé Coubois, sage-femme suffisamment instruite, plus de 1 000 com., 4 par n'ont pas fait leur devoir : Église fondée de Saint-Paterne. Montmorel, patron présentateur Grosses dîmes à l'abbaye.). Il donna à cette abbaye l'église de Ducey, sa chapelle, la dîme de son moulin, l'ermitage du bois d'Ardenne, une terre assez considérable entre deux gués de la Sélune, et tout le sable nécessaire pour construire l'église. » Après cette famille, nous trouvons à Ducey, les Husson, les de Laval, les de Pontbriant et les de la Boissière.
    C'est par cette famille que nous voyons les de Montgommery devenir propriétaires de Ducey.
           Une Claude de la Boissière épousait, au commencement du 16e siècle, Jacques Ier de Montgommery, officier distingué et de vieille noblesse écossaise. » [2]
     

     

         « La seigneurie de Ducey est entrée dans la famille des Montgommery en 1521 lors du mariage de Jacques Ier de Montgommery issu d'une vieille famille normande, avec Claude de la Boissière, héritière des terres de Ducey. » [3] 

          A cette époque, « Il s'agit d'un manoir médiéval, qui subsista jusqu'au début du 17e siècle, parallèlement à la construction du nouveau logis. » [5]

     

          « On se rappelle, tout d'abord, ce grand tournoi du 29 juin 1559, où Henri II, ayant voulu rompre une lance avec Gabriel Ier, comte de Montgommery, un des capitaines-de ses gardes, reçut de lui un coup mortel (Certains historiens ont raconté qu'un accident grave, arrivé à François 1er, le 6 janvier 1521, aurait été dû à l'imprudence de Jacques Ier de Lorges, comte de Montgommery et père de Gabriel ler de Montgommery. Ce fait n'a jamais été établi d'une manière sérieuse.).

           Catherine de Médicis garda rancune au comte de Montgommery de ce meurtre involontaire et ne put supporter sa vue. Froissé dans son amour-propre, Montgommery se retira à Ducey et adhéra
    avec passion au parti protestant. Il forma, dès 1562, avec le prince de Condé, Coligny et les ChâtilIon, cette funeste coalition qui sema la ruine dans une partie de la France.
           Ce n'est pas le lieu de passer en revue les exploits de ce partisan d'un caractère si étrange, et dont l'existence, comme on l'a dit si souvent, appartient aussi bien à la légende qu'à l'histoire. Pris à Domfront, Gabriel de Montgommery fut décapité en cette ville, le 26 juin 1574. Une plaquette du temps, intitulée : Discours de la mort et exécution de Gabriel de Montgommery (A Paris, par Michel Buffet, « demourant au Marché-Neuf, à l'enseigne de la Couronne. 1574 ». Cette plaquette a été rééditée par la Société des Bibliophiles normands, en 1872.), se termine par ces lignes : « Voilà, comme depuis treize ou quatorze ans en ça, Montgommery par cinq diverses fois a pris les armes contre son prince et aussi comme il en a esté à la fin salarié, ce que doivent attendre tous conspirateurs et rebelles s'ils ne se recognoissent et amendent. » [2]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      Gabriel Ier de Montgommery, régicide involontaire du roi Henri II, s'y réfugie fuyant la haine de Catherine de Médicis, l'épouse du roi décédé. Converti au protestantisme, il sera exécuté en place de Grève le 26 juin 1574, et ses biens confisqués. Mais en 1576, Henri III réhabilite sa mémoire, permettant à Gabriel II de Montgommery, fils du régicide, devenu gouverneur de Pontorson, de réoccuper en 1596, le château de Ducey, après son mariage avec Suzanne de Bouquetôt, dame du Breuil-en-Auge. » [5]

     

          « Il avait pris une part importante à la défense de Mézières et au siège de Pavie. Il se maria trois fois. De son premier mariage avec Claude de la Boissière, il eut deux fils, Gabriel Ier et François ; de son second mariage avec Suzanne de Sully, il eut également deux fils, Jacques et Louis ; enfin, de son troisième mariage avec Charlotte de Maillé, il eut une fille, Claude de Montgommery.
           Gabriel Ier de Montgommery avait épousé Isabeau de la Touche, dont il eut quatre garçons : Jacques, Gilles, Gabriel et Gédéon, et deux filles, Suzanne et Élisabeth.
           Ce fut Gabriel II, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes, gouverneur de la ville et du château de Pontorson, seigneur de Cherencey et de Champcervon (Ce sont les titres qu'il prend dans l'aveu du 1er décembre 1608. (Archives de la Seine-Inférieure, B. 153, pièce 83.) Il avait épousé Suzanne de Bouquetot, dont il eut cinq garçons et une fille. L'aîné, Gabriel III, étant mort avant son père, ce fut Louis qui eut la seigneurie de Ducey.), qui éleva le château de Ducey. » [2]

     

          « Après la mort de Gabriel Ier, son fils Gabriel II décide de reconstruire le château de Ducey. Les travaux débutent dans les premières années du 17e siècle (en 1608). Ils s'arrêtent en 1635 à la mort de Gabriel II. » [3]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « La famille de Montgommery, qui avait tenu une si grande place à Ducey, devait disparaître de cette paroisse au commencement du 18e siècle. Louis de Montgommery était mort en 1682, laissant deux enfants : Louis II et Suzanne.
           Louis II servit dans l'armée de Turenne et mourut à la guerre (Voir M. l'abbé Pigeon, Le Diocèse d'Avranches, t. IL p. 383.) ; il avait épousé Anne de Machecoul. Sa sœur hérita de la terre de Ducey. Veuve du comte de Quintin, Suzanne de Montgommery épousa, en secondes noces, le comte de Mortagne.
           Vers 1714, la terre de Ducey fut vendue à un sieur Bonnier et devint, peu après, la propriété de la famille de Poilvilain qui la possédait encore en 1789.
           Aujourd'hui, une enseigne d'hôtel rappelle seule, à Ducey, le souvenir des Montgommery ! » [2]
     

     

          « En 1830, au début de la révolution des Trois Glorieuses, le prince Jules de Polignac, ministre des finances de Charles X, en fuite, est caché dans le château de Ducey par le comte de Semallé, son propriétaire. » [3]  

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « Bien qu'inachevée, cette demeure vraiment seigneuriale, avec ses grands toits, ses hautes cheminées, construite dans un style particulier, qui tient à la fois et de la Renaissance et du 17e siècle, aurait mérité d'être respectée ; malheureusement, il y eut un temps peu éloigné, où l'on ne paraît pas avoir compris l'intérêt que présentait cette construction. Non seulement l'ouverture de la route de Ducey à Saint-Hilaire amena la destruction d'une partie des communs et du prêche, mais, de plus, les propriétaires abattirent, il y a vingt-cinq ans, la moitié du corps principal qui comprenait la Salle des Gardes, la Chambre dorée et la Chambre dite des Nourrices.
            M. Le Héricher a visité et décrit le château de Ducey avant toutes ces mutilations (Avranchin monumental, p. 368 et suiv. Le mobilier qui ornait les pièces du château devait être en rapport avec la construction. M. l'abbé Pigeon possède de jolies tentures en serge verte qui proviennent d'une des chambres du pavillon) et les détails qu'il fournit sont intéressants pour tous ceux qui ont le culte des anciens monuments.
            La Salle des Gardes était la plus vaste du château. « Ses poutrelles, dit l'auteur de l'Avranchin monumental, portent des traces de cartons a peintures blafardes. La cheminée est riche : des consoles de granit portent un entablement de bois, orné de trophées et d'emblèmes. Un tableau remplissait le trumeau. La Chambre dorée a dû mériter son nom. Les solives sont ornées d'arabesques, avec de petits pendentifs en cuivre. Une frise peinte court au haut des parois, et en bas règne un
    lambris à compartiments, représentant alternativement un paysage ou des figures mythologiques et des arabesques ; de médiocres grisailles assombrissent les flancs de la cheminée. Celle-ci est fastueuse : huit colonnes se superposent par deux les unes en marbre rouge, les autres en marbre noir, pour soutenir le manteau dont le trumeau a conservé une mauvaise peinture mythologique. Le cabinet voisin est fort intéressant pour ses briques peintes ou ornées. Au-dessus de ces appartements est une pièce, nue aujourd'hui, qu'on appelle la Chambre des Nourrices. » [2]
     

     

           « Le 14 septembre 1841, une flamme s'élève au-dessus de la cheminée du grand pavillon du château. Il est environ une heure de l'après-midi. Les pompiers prévenus, se hâtent sur le lieu du sinistre et observent le feu jaillissant 30 mètres plus haut.

          L'incendie s'étant déclaré au dernier étage du bâtiment, dans la chambre dite des Nourrices, il est rapidement décidé de remplir la salle d'eau afin que la suie calcinée et enflammée n'enflamme le parquet. On commence par boucher hermétiquement la cheminée à l'aide de bottes de foin mouillées pendant que deux autres pompiers coupent les chevrons de la toiture pour se faire un passage. D'autres pompiers et des "citoyens zélés", transportent péniblement la pompe et ses agrès. Pendant ce temps, le pompier Bidois arrive à atteindre le toit et se place sur la cheminée qu'il arrose à l'aide de seaux d'eau « montés à l'aide de cordages par les soins des sieurs Deshayes et Blandin ». La chaleur des pierres de la cheminée devenant de plus en plus forte, Bidois se renverse de l'eau sur les cuisses et les jambes afin de tenir jusqu'à ce que la pompe devienne opérationnelle et le libère de ce poste dangereux. Dix minutes plus tard, le feu est éteint et le danger écarté. » [6]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)      « Au 19e siècle, le château est sérieusement dégradé, et on installe dans la cour une distillerie [1922], aujourd'hui disparue, qui fonctionnera de 1970 à 1980. » [5]

     

           « En 1984, la commune de Ducey achète le château.

          La distillerie est rasée en 1987, laissant place à un jardin.

          Racheté par la ville en 1996, le pressoir du château de Ducey est aménagé en bibliothèque municipale.

          En 2009 une tenture du lit revient au château après une longue et minutieuse restauration.

           En 2010, Ducey achète l'aile des communs du château et son parc. La haie séparant les deux bâtiments est abattue, un cheminement est créé, ouvrant le parc sur la bibliothèque municipale où figure un kiosque à musique. Dans l'escalier monumental, les enduits représentant des fausses briques vertes et rouges alternées sont restaurés. Les ateliers Aubert-Labansat, menuiserie, refont un plafond, et posent de nouvelles portes. Les marches, les piliers de granit et calcaire des portes palières sont nettoyés par l'entreprise Bodin de Montebourg. » [3]

     

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    Description

     

           « À l'origine, le château avait un plan classique en forme de U face à la Sélune. Sur sa façade, se juxtaposent le granit et la brique pour le parement et la pierre calcaire pour les décorations les plus délicates. Il abrite un escalier monumental à trois volées, novateur pour l'époque, deux imposantes cheminées richement décorées ainsi qu'un plafond à la française et un plafond à caissons « à l'italienne » caractéristique de l'art de la Renaissance.

           L'escalier monumental est restauré en 2012. » [3]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

    Ci-dessus, documents extraits de  https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf

     

    Le Héricher, 1845-1865 : 

     

            « Le nom de Ducey, écrit Duxeium dans les documens antiques, comme on le verra dans ce chapitre, semble être un nom d'homme et fait supposer un chef normand Duc, Duci ou Duxi, comme Vessey, Aucey, Macey, Boucey, Marcey, dérivent des noms normands Veci, Alci, Maci, Boci, Marci, qui se trouvent dans le Domesday. Il y a deux Duci dans le Calvados. Quoique ce nom ne soit pas dans le Domesday, il est probable qu'un seigneur de ce nom alla à la Conquête ou passa en Angleterre, car il y a dans ce pays une famille de Ducey.

           Parmi les monuments de Ducey se présente en première ligne le château.

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)     Sur le bord de la Sélune, entre de vastes prairies qui sont une plaine de verdure en été et un lac en hiver, et un champ immense appelé le Domaine, s'élève la masse grise et rouge d'un château qui n'a d'élancé que le coin de ses pavillons et la colonne de ses cheminées. Bâti en 1624 par Gabriel II, fils du grand Montgommery, il est une imitation lointaine, ou plutôt une dégénérescence de cette Renaissance qui sut associer l'art et la richesse. Le château de Ducey est plus riche que beau, plus fastueux qu'élégant. Si l'on excepte les belles voûtes des caves, les lignes dures et sèches heurtent le regard : les arêtes des revêtements de briques, les italiennes anguleuses, les pilastres de granit, l'entablement du balcon, les cheminées carrées et le couronnement des fenêtres s'associent pour donner une impression générale de dureté et de monotonie. Les lignes brisées et harmonieuses, les caprices et la variété de la Renaissance disparaissent devant la loi générale d'étiquette, de faste et de tenue régulière du siècle de Louis XIV. L'art, abandonnant l'architecture, se réfugia dans les intérieurs. Aussi, à Ducey, comme à Brecey, l'ornementation est-elle plus remarquable que l'architecture. Quoiqu'il en soit, celle construction est digne du plus grand intérêt, à raison même de ses imperfections, et comme spécimen de cette architecture de transition de la Renaissance ou plutôt d'imitation italienne (Voir à l'art. de Brecey quelques considérations générales sur cette architecture. M. de Caumont n'a pas cité le château de Ducey dans ceux du 17e siècle : il a cité celui de Chiffrevast, son analogue.). D'ailleurs elle réveille le souvenir de grands noms : le château de Ducey est le château des Montgommery. Cette grande famille, surtout son illustre chef, est pour le pays ce que César, la reine Anne, Brunehaut sont pour beaucoup d'autres : tout ce qui est vieux rappelle Montgommery : les vieux châteaux, les vieilles armures, les grandes prouesses, la tradition locale lui attribue tout, et son histoire c'est le roman et la légende ? (Ainsi le château de Saint-Jean-le-Thomas est-il attribué faussement à Montgommery. Ainsi faussement encore le tableau du château est-il interprété comme l'assaut de Pontorson par Montgommery. Tombelaine était à lui : des souterrains rattachaient cette île à Ducey. Le peuple a donné des proportions gigantesques à cet homme, d'ailleurs si terrible, que Garnier montre dans une vérité plus prosaïque, et qui était un diable quand il avait le cul sur la selle.)

     

    Ci-dessus, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)       Tout d'abord l'œil est frappé de ce qui manque à cet édifice. On reconnaît trois lacunes, car il n'y a qu'un pavillon, une aile, un perron latéral, et une mutilation, car le toit du perron a dévoré quatre fenêtres, et par suite trois lucarnes : or ces lucarnes, un peu fleuries, sont la seule ligne gracieuse de cet édifice fastueux. Quand on a franchi le perron aux colonnes de granit d'un seul jet, avec des chapiteaux corinthiens en tuffeau, au fronton armorié, on se trouve en face de l'escalier central, dont les quatre piliers carrés plongent dans les caves ou s'élancent vers les combles, et portent sur leurs flancs bordés de raides italiennes les paliers et les volées qui s'enroulent en spirale autour de cet axe gigantesque. On descend sous les voûtes des caves et des cuisines, qui sont la partie architecturale la plus remarquable du château : on peut signaler la vaste cuisine, dont la cheminée ferait un appartement aux hommes de nos jours, la prison et son cachot, le charnier, la salle de bains (Cette zone est très-humide, et, malgré la force des voûtes et des murs, elle a semblé fléchir. Un mur à arcades règne dans toute la longueur : il a été construit par un propriétaire du château, M. de Cambiazo, ex-maire de Gênes, membre du Sénat français, qui avait le château en 1791, et qui a laissé des souvenirs de noble générosité. Il est question de lui dans l'Histoire d'Italie de Bolla.). Plusieurs appartements des autres étages méritent d'être décrits, et nous remettent en mémoire ces gentilshommes du 17e siècle, dans la richesse de leurs châteaux, et dans l'indépendance de leur isolement.  La Salle-des-Gardes nous rappelle le Moyen-Age : mais dans cette salle le chevalier porte autant de dentelles et de rubans que de fer. C'est la plus vaste pièce du château. Ses poutrelles portent des traces de cartons à peintures blafardes. La cheminée est riche : des consoles en granit portent un entablement de bois, orné de trophées et d'emblèmes. Un tableau remplissait le trumeau. La Chambre Dorée a dû mériter son nom. Les solives sont ornées d'arabesques, avec de petits pendentifs en cuivre. Une frise peinte court au haut des parois et en bas règne un lambris à compartiments, représentant alternativement un paysage ou des figures mythologiques et des arabesques ; de médiocres grisailles assombrissent les flancs de la cheminée. Celle-ci est fastueuse : huit colonnes se superposent par deux, les unes en marbre rouge, les autres en marbre noir, pour soutenir le manteau dont le trumeau a conservé une mauvaise peinture mythologique. Le cabinet voisin est fort intéressant pour ses briques peintes ou ornées (Quelques-unes étaient aux armes des Montgommery. Le musée d'Avranches possède de belles briques illustrées de l'abbaye de Hambie. L'une représente des moines, une autre une vierge en prière, une Salutation. C'est dans cette pièce qu'ont été trouvées des armures qui sont au musée d'Avranches, et une culotte de cuir attribuée à Montgommery.). Au-dessus de ces appartements est une pièce nue aujourd'hui, qu'on appelle la Chambre-des-Nourrices. La salle dite le Grand-Premier est célèbre (Ces dénominations sont tirées de divers inventaires. Extrait de nombreuses archives du château.), à cause d'un tableau qui orne la cheminée. La plaque du foyer est un écusson. Le manteau porte un fronton ou triangle interrompu à la base. Le fameux tableau est au-dessus. Il représente une ville embrasée et un guerrier en costume antique, brandissant son glaive et levant son bouclier du côté de la ville. Au-dessus est la devise : Marte, non fortunâ. On a vu là Montgommery mettant le feu à Pontorson. Cette idée ne nous semble légitimée par rien : la ville n'est point Pontorson, le guerrier est le symbole du héros qui suit Mars et non la Fortune, symbole d'une grande vérité appliqué à Montgommery. Ce tableau est donc une allégorie et non une page historique : c'est une devise peinte et dramatisée. » [1]

     

    Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1831 - Archives de la Manche, https://www.archives-manche.fr/

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     Ci-dessus, documents extraits de  https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf

     

           « Ce qui subsiste du château aujourd'hui se présente sous la forme d'un corps de logis central, qui s'éclaire par de hautes fenêtres surmontées de fronton pointus ou arrondis, bâti sur des caves à demi enterrées.

            À la gauche de ce logis, on trouve ce qui devait être la partie centrale du manoir dressé par Gabriel II de Montgommery. On accède à cette partie par un escalier de granit donnant sur une terrasse couverte d'un balcon supporté par quatre colonnes avec des chapiteaux évoquant l'art corinthien. Les demi-fenêtres surmontées de frontons, l'alternance des lignes et l'utilisation de la brique et de la pierre et le décor intérieur sont caractéristique du style Louis XIII. 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)        Séparés depuis les années 1860, un autre élément du château subsiste, sous la forme d'une longue aile terminée par un pavillon. Aujourd'hui situées dans deux propriétés différentes, les deux parties du château étaient à l'origine réunis sous la forme de deux bâtiments perpendiculaires, dont la jonction devait s'effectuer par un gros pavillon d'angle similaire à celui qui subsiste. Une dernière aile devait permettre de créer un ensemble en « U », symétrique autour du corps central. Des reprises de l'appareillage du pavillon nord actuel laissent à penser que cette galerie connut un début d'exécution. Ces éléments furent détruits au début du 19e siècle afin de laisser la place à de nouvelles fenêtres. Ces modifications expliquent l'aspect hétéroclite de la façade du pavillon, ouverte au rez-de-chaussée mais presque aveugle aux étages.

           À l'intérieur, on peut voir un escalier à double révolution, ainsi qu'au premier étage du logis, un plafond aux poutres apparentes décorées à fleurs, comme au château de Blois, un haut de cheminée du 17e siècle, et des pavés armoriés. » [5]

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)       « Le corps central du château a conservé la porte d'entrée avec l'écusson des Montgommery (Les armoiries des Montgommery sont : Écartelé de gueules ; au 1er et 4e quartier, chargé de trois coquilles d'or ; au 2e et 3e de trois fleurs de lys d'or.) et de belles colonnes ioniques. On y accède par un perron de granit orné de colonnes corinthiennes. L'escalier en spirale est remarquable. Quatre grands piliers carrés, qui vont - des caves aux combles, supportent les marches et les paliers.
    Au-dessous de cette partie du château et du pavillon se trouvent de grandes caves, bien éclairées et formant rez-de-chaussée. Elles servaient jadis de cuisine, de salle de bain, etc.
    Le grand pavillon renferme, au premier étage, une vaste pièce, désignée par M. Le Héricher sous le nom de Grand Premier. On y remarque une cheminée et un tableau qui représente un guerrier devant une place forte, avec cette inscription :

    MARTE, NON FORTUNA.

           C'est, d'après M. Le Héricher et M. l'abbé Pigeon, une allusion à Montgommery, suivi par le dieu Mars, et devant tous ses succès à son courage et non à la fortune. Cette idée orgueilleuse, exprimée par le peintre dans la décoration du château, fut adoptée un peu plus tard par le panégyriste qui fit graver ces lignes sur la pierre tombale de Gabriel II (M. l'abbé Pigeon a donné le texte de cette pierre tombale, conservée aujourd'hui au Musée lapidaire d'Avranches. Voir le Diocèse d'Avranches, t. I, p. 165 et 166.) :

    MARS ILLE GALLICUS TERROR HOSTIUM, AMOR SUORUM
    PATRIÆ SALUS, NUNQUAM VICTUS, ET QUAMVIS IMPARI
    NUMERO SEMPER VICTOR, QUI LICET MULTA CLARIS NATALIBUS
    PLURA TAMEN VIRTUTI DEBET, HIC EST.

           Comme on le voit par ces simples indications, le château de Ducey répondait, par l'importance de sa construction, à l'étendue de son domaine, que plusieurs aveux conservés aux archives de la Seine-Inférieure font suffisamment connaître.
             C'était un plein fief de-haubert avec justice et juridiction, plaids, gage-plège, cour et usage, etc.
             D'après un aveu, rendu au roi en 1608 (Archives de la Seine-Inférieure, - B. - 153, p. 83), par Gabriel II de Montgommery, on voit que ce fief s'étendait sur les paroisses de Chérencey-le-Héron, Champcervon, Boisyvon, la Chapelle-Cécelin, Sainte-Cécile, Saint-Pierre-du-Tronchet, Notre-Dame de Beslon, Husson, Sacey, Lessay, Juilley, Bourguenolles, Lengronne et Cérences.
            A Ducey, Gabriel II de Montgommery avait, à cause de la motte ou place de château ancien démoli par les guerres, droit de guet et de garde aussi bien la nuit que le jour, par ses hommes et ses tenants, tant dans la paroisse de Ducey que dans les paroisses de Chérencey-le-Héron, Boisyvon, Saint-Martin-le-Bouillant et Champcervon.
            Le domaine non fieffé, d'une étendue de 600 acres de terre environ, consistait en manoir, maisons, motte et place de château, jardins, prés, terres labourables, bois de haute futaie, garennes, pêcheries.
            Le domaine fieffé, de 700 acres environ, consistait en plusieurs aînesses et autres terres.
            Mais un des avantages les plus importants de cette seigneurie était le droit de pêche. Ce droit nous est indiqué, d'une façon très précise, par un aveu rendu par Louis de Montgommery (Archives de la Seine-Inférieure, B. 153, p. 84. - Louis Ier de Montgommery avait épousé Marguerite du Mas. Le 20 décembre 1680, « dame Marguerite du Mas, espouze de Messire Louis de Montgommery, chevalier, seigneur de Ducey, baron d'Escouché et autres terres, d'avec lui civilement séparée », avouait être propriétaire « du fief, terre et seigneurie de Ducey, circonstances et deppendances à elle délaissées par led. sieur son mary pour remplacement de son dot, par contract passé devant les tabellions de Mortain, le dernier jour d'avril 1675, à elle eschu par les partages faits et choisis entre les créanciers dudit seigneur de Ducey, le 6 décembre 1678 ». Archives de la Seine-Inférieure, B. 153 p. 207.).
    On y lit ce passage : A cause du même fief « nous avons droit de pescheries et de pêcher avec bateaux, filets et autrement, pour tout le cours de la rivière de Sélune, depuis le lieu communément appelé la Roche qui Boit, jusqu'à la Grande Rue de Genets, suivant les anciens aveux et possessions immémoriales… ». [2]
     

     

    « Résumé
           Le château de Ducey « dit de Montgommery ».
           Le château de Ducey a été construit dans le premier quart du 17e siècle pour Gabriel II Montgommery (1565-1635), fils du régicide d'Henri II, et son épouse Suzanne de Bouquetot.
            Gravement mutilé dans la deuxième moitié du 19e siècle, il n'est guère aisé de reconnaître aujourd'hui les différents bâtiments mentionnés par un acte de partage de 1635. Les pièces les plus anciennes du chartrier ont été dispersées. Toutefois des documents du 19e siècle ainsi que l'examen des parties subsistantes permettent de proposer une restitution des volumes initiaux suivant un classique plan en U inscrit dans un rectangle de 51 x 65 m. Ce parti ne se retrouve guère dans la région qu'au château de Thorigny. L'élévation extérieure polychrome est enrichie de quelques éléments sculptés d'esprit souvent maniériste. L'entrée, curieusement décentrée, est monumentalisée par un porche surélevé, portant terrasse et précédé d'un perron. Cette résidence conserve de surcroît l'un des plus anciens escaliers à quatre noyaux connu au nord de la Loire ainsi que des décorations intérieures dignes d'intérêt : cheminées incrustées de marbres, chambranles de porte sculptés, plafonds peints, à solives et à caissons. Cet édifice qui fut sans doute l'un des plus luxueux de Normandie au tournant des 16e et 17e siècles, n'est pas sans parenté avec l'œuvre des premiers Gabriel, notamment de Jacques Ier. » [7] 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

    Protection

     

           « Au titre des monuments historiques :

               - le château est classé par décret du 20 janvier 1923 ;

               - les façades et les toitures du petit pavillon et des communs sont inscrites par arrêté du 14 juin 1990. » [5] 

           « Le bureau d'information touristique de Ducey est désormais dans l'aile des communs. Le grand pavillon s'ouvre aux expositions de peinture et sculpture, notamment Rencontre des arts, depuis 2004. » [3] 

     

    A proximité

     

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           O « Le vieux pont remonte à 1613. Il remplace un pont en bois plus ancien et se situait sur la route Paris-Granville où transitait le sel et le poisson. Il enjambe la Sélune et la limite de commune avec Poilley. » [5] 

     

    LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche) LES REMPARTS DE DUCEY (Manche)

     

           O " L'église est composée de deux parties :

    - le clocher, qui porte la date de 1828, est un vestige d'une église baroque du 18e siècle ;

    - le corps principal, quant à lui a été mis en chantier en 1860, mais n'a jamais été achevé. " [5]

     

    Sources :

     

    [1] Extrait de l’Avranchin monumental et historique, Volume 1, par Édouard Le Héricher - Chez E. Tostain (Avranches) 1845-1865 - 750 pages https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1504678n/f394.item.r=Avranchin%20monumental%20et%20historique 

    [2] Extrait de Ch. A. de Beaurepaire La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche 1re [-2e] partie. Partie 2 / Éditeur  :  Lemale & Cie, impr. édit. (Le Havre) 1899 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6480990w/f280.item.zoom# 

    [3] Extrait de https://www.wikimanche.fr/Ch%C3%A2teau_des_Montgommery 

    [4] Extrait des Annales de la Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Saint-Malo / président : Dr E. Petit de la Villéon - Éditeur : Société d'histoire et d'archéologie de l'arrondissement de Saint-Malo (Saint-Malo) 1972 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k53248023/f283.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Ducey%22 

    [5] Extrait de Wikipédia

    [6] Extrait de http://chateaudesmontgommery.over-blog.com/article-un-incendie-au-chateau-de-ducey-en-1841-103941577.html 

    [7] Extrait de https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf

     

    Bonnes pages :

     

    O http://chateaudesmontgommery.over-blog.com/ 

    O https://www.wikimanche.fr/Ch%C3%A2teau_des_Montgommery 

    O https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1995_num_153_4_3639.pdf 

    O https://monumentum.fr/chateau-montgomery-pa00110393.html 

    O http://carnetdejuliette.fr/chateau-du-ducey-manche/ 

    O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24659n/f252.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Ducey%22.zoom 

    O https://man8rove.com/fr/seigneurie-de-ducey/pb5gvfd2-ducey 

     

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