• ANCIENS CHATEAUX DE LA MANCHE PAR GERVILLE - ARR. SAINT-LÔ [3]

    [Suite et fin de l'arrondissement de Saint-Lô. On trouvera ici les cantons de Saint-Jean-de-Daye et de Carentan.

    Pour revenir aux précédents cantons de Saint-Clair, Saint-Lô et Canisy, aller ici. [NdB].  

     

    CANTON DE SAINT-JEAN-DE-DAYE.

     
    123. CHATEAU D'EGLANDES.

     

         J'ai bien peu de renseignements sur Eglandes. Il en est fait mention dans un acte de 1026 (que j'ai souvent cité) parmi les terres que le duc Richard III donna en dot à Adèle, fille du roi Robert, qui devint ensuite belle-mère de Guillaume-le-Conquérant.

    « Pagum qui dicitur Egglandes (Acherii spieileg., édit in 4°, tom. VII, P. 203)

         Je ne trouve personne de ce nom à la conquête de l'Angleterre ou sur les listes de la croisade de notre duc Robert.
         Dans le 13e siècle, l'église de cette petite paroisse avait deux cures, dont une était à la présentation de la famille de Thère, famille très ancienne qui a possédé le château d'Eglandes jusques dans la deuxième moitié du 18e siècle, qu'il passa par mariage dans celle de M. D'Ambray, chancelier de France.
         On voit près du château actuel d'Eglandes l'emplacement de l'ancien château de Thère, indiqué évidemment par des restes de terrassements et d'enceinte d'une forteresse.
         La famille de Thère portait
    d'argent fretté d'azur au franc quartier de gueules.


    124-CHÂTEAU DE GRAIGNES.

     

          Voilà une autre paroisse dont les titres ne sont pas très évidents pour figurer parmi celles qui ont eu leur ancien château. Il y a bien quelques anciens retranchements, mais j'en ignore l'origine. L'église remonte au temps de la conquête ; à la même époque, elle appartenait déjà à l'abbaye-aux-Dames de Caen ; je n'en connais pas le donateur ; je ne puis en parler que pour mettre sur la voie.
         Thomas et Richard de Graignes signèrent vers 1161 un acte de Richard de Bohon, évêque de Coutances, en faveur du prieuré de Bohon (
    Ex chartario majoris monasterii. V. mon répertoire in-f°, p. 268).
    Après les seigneurs qui portèrent le nom de la paroisse, trois familles anciennes et bien connues ont successivement possèdé la terre de Graignes. Les premiers furent les Meurdracs dont nous avons parlé aux articles Trely et la Meurdraquière arrondissement de Coutances.
    Robert Meurdrac était seigneur de Graignes en 1463 (
    Rech. imprimée de Montfaoucq p. 72). En 1574, Charles de Thieuville qui avait épousé l'héritière de Jean Meurdrac, commença la ligne des Thieuville de Graignes.
         A l'article du Mesnil-Garnier, nous avons donné des détails sur cette famille dont la branche de Graignes est connue sous le nom de Thieuville-Meurdrac. Par un mariage avec l'héritière de cette branche, Graignes passa, au 18e siècle, dans la famille de Saint-Gilles.
         J'ai indiqué les armes de Meurdac et de Thieuville. Celles de Saint-Gilles étaient
    d'azur à l'aigle éployé d'or, becqué et membré de gueules.
          Au défaut d'un ancien emplacement de château à Graignes l'habitation des seigneurs peut compter pour un château elle en porte le nom.
          Ses premières constructions remontent aux Meurdracs et aux premiers Thieuville.

    125. CHATEAU DU HOMMET.

     

          La famille du Hommet fut une des plus considérables de la
    province sous les ducs de Normandie. Sous les Plantagenets, elle fournit une longue suite de connétables de Normandie. Son berceau se confond avec celui de nos anciens souverains. Elle a fondé en France et en Angleterre un grand nombre de monastères. Le château dont elle portait te nom est historique ; il a soutenu des sièges ; il existait encore comme forteresse sous le règne de Louis XIV et pourtant il en reste à peine des traces. Cette importance, cette destruction presque subite méritent notre attention et demandent des détails.
         Les du Hommet et les Reviers, dont nous avons parlé à l'article Néhou et à celui de Montbourg, ont eu la même origine.
          Roger, second fils de Gilbert, oncle de Baudouin de Reviers seigneur d'Orbec de Bienfaite et du Hommet, s'attacha à Robert Courteheuse contre Guillaume-le-Conquérant. Il partagea sa disgrâce et l'accompagna dans son exil.
          Lorsque Robert devint duc de Normandie, Roger lui demanda avec instance comme récompense de son attachement, de ses services et de ses sacrifices, la seigneurie de Brionne, patrimoine de ses ancêtres. Au lieu de Brionne le duc lui donna la terre du Hommet. Il se signala à la bataille de Brenneville près des Andelys en 1119, et y sauva la vie au roi Henri Ier, en abattant Guillaume Crespin qui allait le tuer (
    Grands offic. de la couron., tom. II, p. 480. – Orderic Vital, apud norman. script., p. 570. – Laroq., maison d'Harc., p. 43 et 225. - Guill. Gemet, lib. VIII, cap XV-XIX – Rech. des hist. de Fr. Tom. XII, p. 575).
          Sous le règne d’Étienne de Blois vers 1138, Baudouin de Reviers, Renaud de Dunstanville et Étienne de Magneville surprirent le vicomte Roger d'Aubigny dans une embuscade et le tuèrent. Peu de temps après, Enguerrand de Say battit Renaud de Dunstanville et Baudouin de Reviers près du château du Hommet ; il prit ce dernier et le tua pour venger la mort de Roger d'Aubigny (
    Orderic-Vital, rec. des hist. de Fr., tom. XII, p. 763, et apud norm. script., p. 916).
          Durant le règne de Henri II, les renseignements sur la famille du Hommet deviennent si abondants que loin d'être réduit à de pénibles recherches je me trouve presque dans l'embarras des richesses.
         Dès le commencement de ce règne, Richard du Hommet reçut en récompense de ses services le titre de connétable de Normandie avec des concessions très étendues dans notre province et en Angleterre, où Henri Il lui donna entr'autres la baronnie de Stamford dans le comté de Lincoln (
    Banks ecxtinct baronage, tom. I, p. 101. – Hist. d'Harc., p. 1474 ; preuves. – Rec. des hist. de Fr. XIII, p. 253). Ce fut lui qui épousa une fille de Richard de la Haye (V. chat. de la Haye-du-puits et Varenguebec, arrond. de Coutances) du Puits. Nous avons vu dans la première partie de mes Recherches sur les châteaux que le même Roi lui avait concédé la baronnie de la Luthumière à Brix et qu'il possédait en même temps celle de Varenguebec.
          Parmi les monastères que fonda Richard du Hommet, je connais celui de Saint-Frémond sur la Vire, auquel il donna entr'autres biens les cures et les dîmes de quatre paroisses dans le Nord du comté de Lincoln entr'autres celle de Bonby que j'ai habitée longtemps (
    Tanner's notitia monastica. Je possède une copie de l'acte de fondation).
          Richard du Hommet mourut vers 1181 et eut pour successeur comme baron du Hommet et comme connétable de Normandie, Guillaume son fils aîné. Ce fut lui qui fit dédier en 1190, l'église de l'abbaye d'Aunay. Il signa comme témoin un traité conclu en 1200 entre Philippe-Auguste et Jean-sans-Terre au sujet de la succession de Richard-Cœur-de-Lion et pour fixer les limites de la France et de la Normandie (
    V. apud Duchesne norman. script. p. 1056. Neust. pia, p. 760-1. – Banks, t. I, p.101).
          Deux ans plus tard, le roi Jean étant à Caen l'envoya vers Philippe-Auguste, pour lui proposer une trêve qui ne fut pas acceptée. Il fit sa paix avec le Roi de France qui lui conserva sa place de connétable. Il avait encore cette dignité quelques années plus tard, quand le Roi de France fit rédiger l'état des fiefs de la province. On voit par ce registre que l'importance de la baronnie du Hommet était alors pour le moins égale à celle de Briquebec et supérieure à celle de Saint-Sauveur. «
    Guillelmus de Humeto constabularius Normannie tenet... de domino Rege honorem de Humeto per servicium 5 militum et habet de ead. baronia XXII feoda militum ad servicium suum proprium qui reperiunt istos V milites quando opus est (Lib. feod. Philip. Aug. penès nos p. 3) ad servicium D. Régis. "

          Je trouve ensuite un Richard 2e du nom baron du Hommet et connétable de Normandie et son fils Guillaume 3e. qui l'était à son tour en 1239 (). Cette date a besoin de preuves pour guider le lecteur au milieu des incertitudes occasionnées dans l'histoire des seigneurs du Hommet par le grand nombre de leur fils et la conformité de leurs noms. " Ego autem WilleImus de Humeto constabularius Normanniae, filius Ricardi de Humeto junioris, requisitus à Priore Sancti Fromondi et ejusdem loci conventu ut cartam ab antecessoribus eidem monasterio concessam renovarem, etc. A.D.MCCXXXIX (V. mon rec. des chart., ext. du cart. de St.-Fromond, penès nos).
          Ce Guillaume du Hommet fut au nombre des barons auxquels Louis VIII mourant en 1226 fit mander de se trouver au sacre de Louis son fils encore mineur, et un de ceux qui écrivirent au Pape Grégoire IX pour se plaindre des entreprises des ecclésiastiques du royaume sur la juridiction séculière. Il est qualifié seigneur du Hommet et de la Rivière dans un titre de 1228.
          En 1231, il aumôna ou confirma quelques terres à l'abbaye de Hambye. Le jour de sa mort est marqué dans le nécrologe de la Perrine (que je possède) au premier mars, sans indication d'année. La mort d'Eustache de Montenay sa femme est indiquée au mois de mai 1254.
           Jean du Hommet prend le titre de connétable de Normandie dans une de ses chartres donnée en 1252 en faveur de l'abbaye de Mondaye. Il ne vécut pas longtemps après cette date et mourut sans postérité. Sa succession et le titre de connétable passèrent à son oncle Jourdain du Hommet, troisième du nom. Il prend le titre de connétable de Normandie dans une chartre de 1253 en faveur de l'abbaye de Longues.
          En mourant, il ne laissa que des filles ; elles partagèrent entre elles la baronnie du Hommet, et apportèrent à leurs maris des prétentions au titre de connétable, sujet de procès qui n'ont fini qu'avec le titre lui-même. L'aînée épousa Amaury de Villiers, la deuxième Philippe de
    Hottot et là troisième Robert de Mortemer.
          Leurs noms se trouvent fréquemment dans l'Obituaire de la Perrine et embarrassent beaucoup ceux qui cherchent à démêler la suite des barons du Hommet.
         A l'article de la Luthumière, et surtout de Varenguebec, j'ai donné des détails sur les descendants de Robert de Mortemer qui avaient le droit le plus apparent au titre de connétable. Je vais entrer dans quelques explications sur la postérité des autres filles de Jourdain.
          De Jeanne du Hommet, Philippe de Hottot ne laissa qu'une fille ; elle épousa le sire Guillaume de Montenay qui servit en Flandre en 1338.
    Guillaume de Montenay, leur fils, baron du Hommet servit en cette qualité avec deux chevaliers et seize écuyers de sa compagnie et en 1371, avec trois chevaliers et dix-huit écuyers. Il était mort en 1372.
          Il avait épousé Isabelle de Meullant, veuve d'Olivier
    Paynel, qui se remaria en troisième noces à Henri de Thieuville, seigneur de Guéhébert, mort en 1398, dont elle eut une fille. Elle mourut en 1417 et fut Inhumée près de son mari dans la chapelle fondée par eux au monastère de la Perrine où j'ai encore vu il y a peu d'années trois tombeaux aux armes de Montenay mais sans alliance ou inscription.
           Guillaume de Montenay, troisième du nom, baron du Hommet, mourut en 1412. Son fils, Guillaume, baron du Hommet et de la Rivière, était capitaine de la ville et château de Carentan en 1414. Il fut tué à la bataille de Verneuil et laissa de Jeanne de Ferrières, sa femme, Jean,
    sire de Montenay qui, en 1452, fit hommage au roi Charles VII des baronnies du Hommet et de la Rivière.
          En 1462, il vendit ces seigneuries pour payer les dettes qu'il avait contractées durant la guerre avec les Anglais. Il y a quelques difficultés sur la date de cette vente car on voit par des titres particuliers que Jean de Villiers, prenait dès 1456, le titre de baron du Hommet ; mais ceci tient à d'autres causes dont, l'explication serait trop longue (
    C'était comme descendant d'une fille de Jourdain du Hommet que Jean de Villiers avait des prétentions au titre de baron du Hommet.). Quoiqu'il en soit, avant de nous occuper de ce nouveau baron du Hommet, nous avons à parler de la prise du château par les Anglais.
         Le 14 de mars 1417 (L'année commençait à Pâques), Guillaume de St.-Nicolas, capitaine du château du Hommet, le rendit au comte de Glocester, qui accorda la permission d'y demeurer à tous ceux qui se soumirent, au roi d'Angleterre (
    Rymer).
          Le 5 mai suivant, Henri V concéda à Édouard, comte de Mortain, le château, et la baronnie du Hommet "
    et omnia castra quae fuerunt Willelmi de Montenay "(Gautier, registre de Henri V, p. 20).
    En 1420, le même roi donna à Jean Westby les biens de Regnault (
    Reginaldi) du Hommet (Rolles normands de Carte tom. I, p. 242).
    Le château du Hommet est compté parmi ceux du Cotentin que les Bretons et les Français reprirent en 1449 (
    Gruel, hist. du Connét. de Richement, p. 139).
          La partie de la châtellenie du Hommet, connue depuis ce temps sous le nom de
    château de la Rivière, fut expropriée, en 1462, sur Jean de Montenay, et achetée par Christophe de Cerisay, seigneur de Vély (Laroque, hist. de la mais. d'Harcourt p. 145). C'est là probablement l'origine d'une nouvelle baronnie dont nous parlerons, présentement. La partie du Hommet fut acquise à la même époque par Jean de Villiers. · `
          En 1465, celui-ci rendit aveu au roi de la baronnie du Hommet. Je possède une ancienne copie de cet aveu curieux et très détaillé ; cette pièce est intéressante pour prouver quelles étaient alors les dépendances de la baronnie démembrée.
          On voit qu'elle n'avait plus son ancienne importance elle ne devait plus au roi que le service de deux chevaliers et demi pendant quarante jours (
    V. mon rec. de chartres in-4°. p. 44 à 46).
          Dans cet aveu, il n'est pas parlé du titre de connétable mais bien du château fort que devaient garder les seigneurs de sa dépendance. Il y avait haute justice, siège de vicomté, tabellions et garde des sceaux. Cette baronnie relevait du roi en son domaine de Carentan.

          Dans le 17e. Siècle, il y avait encore une garnison au château du Hommet. On m'a communiqué une sentence rendue, par M. le comte de Longaunay, gouverneur de Carentan relativement à la solde de la garnison du Hommet, commandée par noble homme Guillaume Le Roy de Daye, à raison de quarante écus d'or soleil par mois. M. Le Roy du Campgrain descendant de ce commandant, auquel je dois cette communication, m'a dit qu'il a vu d'autres pièces au moyen desquelles on prouverait facilement qu'il y a eu garnison dans ce château sous le règne de Louis XIV. Le croirait-on en voyant, les restes de son emplacement ? Croirait-on qu'en moins de deux siècles tout ce château des connétables héréditaires de Normandie a entièrement disparu ; qu'il n'en reste plus une seule pierre que les habitants du Hommet peuvent à peine indiquer le lieu où il fut qu'il ne reste plus aucunes traces de l'église quoiqu'elle ait subsisté jusqu'à la révolution et qu'au lieu d'un bourg ou se tenait un marché on ne retrouve plus qu'un misérable
    hameau dont toutes les maisons, excepté une sont entièrement construites en torchis ?
          Peu d'endroits dans le département ont eu une existence plus distinguée, plus durable jusqu'à des temps voisins du nôtre pas un peut être n'en a plus complètement perdu les traces.

          Le temps a dévoré jusques à ses ruines.
          Une petite partie de la motte du château du Hommet se voit encore dans une prairie au bord de la route du Pont-Hébert à Remilly mais il faut avoir l'habitude d'examiner ces emplacements pour soupçonner que ce puisse être celui d'un château jadis considérable, et qui avait une garnison sous le règne de Louis XIV.
          Les armes des anciens seigneurs du Hommet étaient, suivant un armorial dressé sous le règne de Charles V,
    d'argent à trois fleurs de lys de gueules, et suivant le baronnage de Banks, d'argent à la bordure besantée de gueules (Dumoulin, catal. de Bayeux, p. 7. – Banks extinct bâron., tom. I, p. 101).
           Les Montenay portaient
    d'or à deux fasces d'azur à une orle de coquilles (Dumoulin, ib., p. 6)

          Les Villiers fretté d'argent et d'azur de six pièces à trois molettes de sable en chef (Idem, ib., p. 3).


    126. CHÂTEAU DE LA RIVIÈRE.

     

           Nous venons de voir que des partages de sœurs avaient commencé le démembrement de la châtellenie du Hommet que peu d'années après l'expulsion des Anglais, elle était réduite de moitié et que la partie connue depuis ce temps sous le nom de baronnie de la Rivière fut décrétée en 1462 sur Jean de Montenay, et vendue à Cristophe de Cerisay (Supr., p. 282). Le nouveau possesseur et ses descendants qui prirent encore longtemps le titre de barons du Hommet, construisirent sur leur domaine de la Rivière un château bien plus beau mais bien moins fort. C'était le goût de l'époque on commençait à penser plus à la commodité de l'habitation qu'aux moyens de défendre la forteresse ; d'ailleurs la famille de Cerisay pouvait donner beaucoup à la magnificence ; Guillaume de Cerisay était un des généraux des finances de Louis XI. L'église de Carentan qu'il fit construire est une preuve de son opulence.
          Ce château que j'ai fait dessiner de deux côtés était au fond d'une cour spacieuse entourée d'une enceinte flanquée de tours et de défenses extérieures, plus agréables à dessiner qu'elles n'étaient réellement utiles. Cependant le besoin de s'y défendre est encore indiqué par ces accessoires, et plus encore par le choix d'un emplacement marécageux et entouré d'eau.
          Cristophe Guillaume et Nicolas de Cerisay possédèrent successivement la baronnie de la Rivière (
    Laroque maison d'Harc., p. 145) et travaillèrent construire le nouveau château.
           Une fille de Nicolas épousa, en 1538 le chancelier Olivier et lui apporta en mariage le château de la Rivière. Leur fils Jean Olivier, baron de la Rivière, avait encore des prétentions au titre de baron du Hommet. En 1567, il épousa Suzanne de Chabannes, et mourut en 1597. Jean,
    son fils, eut encore la baronnie de la Rivière et le titre du Hommet, ainsi que son fils Louis (
    Grands offic. de la couronne tom. V, p. 484-6) qui mourut en 1671.
          Marie Olivier qui hérita de cette baronnie la porta en dot à Antoine Ruzé, marquis d'Effiat, et mourut à 46 ans en 1684 (
    ibid., tom. 1, p. 439-40).
          Quelque temps après sa mort, la seigneurie de la Rivière fut vendue car M. Foucault intendant de la généralité de Caen dit dans les manuscrits qu'il a laissés : «
    Le marquis de Grâtot de la maison d'Argouges l'a acquis il y a quelques années ; il y a environ quinze fiefs nobles ; elle a valu 22,000 l. de revenu et en vaut encore environ 16,000. »
          Des vieillards et entr'autres M. Dubosc de Beaumont propriétaire du château du Mesnilvité a Airel, âgé de 95 ans, ont connu les d'Argouges au château de la Rivière qui, au moment de la révolution appartenait au prince de Tingry. Il a été acheté par M. Le Parquois de Saint-Lo.
          Ce château comme ceux du temps de Louis XII et de François 1er était plus pittoresque que fort. C'était une résidence moins incommode à habiter que les châteaux d'une époque antérieure.
           En allant de Saint-Lô à Carentan à la hauteur de Saint-Jean-de-Daye a un quart de lieue de la grande route, on aperçoit, isolés au milieu des marais, les restes très-apparents de ce château. Ceux qui sont attirés par le désir d'observer de plus près ces restes assez conservés pour donner une juste idée de ce qu'il fut naguère, sont récompensés de leur peine. La porte d'entrée qui se trouve au levant de l'enceinte est flanquée de deux grosses tours circulaires qui ne présentent aucune trace de créneaux.
          Le dessus de la porte prouve qu'on y entrait par un pont-levis.
          Un grand écusson placé au dessus de cette porte avait des supports. Les armoiries en ont été tellement mutilées durant la révolution qu'il est impossible de les reconnaître.

          Une troisième tour assez semblable à celles de l'entrée existe au Nord de l'enceinte sa partie inférieure est voûtée ; j'y ai observé des meurtrières. Longtemps avant la révolution, l'étage supérieur de cette tour avait été converti en colombier.
           L'habitation était au fond de la cour vers le couchant, à deux cents pas de la porte d'entrée.
           Cette habitation n'est pas aussi considérable que les accessoires pourraient le faire présumer. Elle avait environ cent pieds de longueur et n'était pas double. Un escalier hexagone en déborde le front vers le centre. Le sommet élevé de cet escalier, un pignon très entier et tourné au Sud-Ouest forment les principaux traits du dessin de cette partie. On voit en outre dans ce bâtiment des restes d'appartements et de cheminées. Les fenêtres sont grandes et d'un goût assez moderne pour faire penser qu'elles ont été retravaillées dans le 17e ou le 18e siècle, ou au moins qu'on en a fait disparaître les croix massives du 16e.
    La chapelle était dans la cour au midi de l'enceinte. Elle est tout-à-fait détruite.
           Un bâtiment voûté, qui s'avance un peu dans le fossé, vers le Sud-Ouest, était la prison.
           L'enceinte est à peu près entière. Ses murailles sont loin d'avoir l'épaisseur et la solidité qui caractérisent généralement les anciens châteaux.
           Les eaux qu'on pouvait faire refluer à volonté tout à l'entour en faisaient la principale défense. Ce château était construit sur un terrain bas, sans même qu'on y ait ajouté ces tertres ou ces terrassements qui marquent communément la place des châteaux forts.
           M. d'Argouges de Ronton frère du marquis de Gratôt, est un des derniers qui aient occupé cette habitation devenue tout à fait désagréable, surtout depuis qu'on eut abattu les arbres qui l'entouraient. Elle était sur la commune de Saint-Fromond.
           Les armes de Cerisay étaient
    d'azur au chevron d'argent accompagné de trois croisettes d'or.
          Celles d'Olivier,
    écartelé, au 1er et 4e, d'azur à six bésants d'or au chef d'argent ; au 2e et 3e, d'or à trois bandes de gueules ; celle de milieu chargée de trois étoiles de champ.
    Ruzé d'Effiat,
    de gueules au chevron d'argent accompagné de trois lions de ...
          Nous avons vu les armes d'Argouges à l'article de Gratôt.

     

    [ Ce château possède son article dans ce blog à cette adresse : http://remparts-de-normandie.eklablog.com/les-remparts-de-la-riviere-manche-a128174036 ]

     

    CANTON DE CARENTAN.

     

    127. CHATEAU DE CARENTAN.

     

          Celui-ci ne fut jamais une propriété particulière. Après avoir
    fait partie du domaine ducal il fut réuni par Philippe-Auguste à celui de la couronne, auquel il a constamment appartenu jusqu'à la révolution, excepté pendant l'occupation des Anglais le temps du Roi de Navarre et quelques Instants durant les guerres de religion. Je n'ai donc aucune recherche à faire sur ses possesseurs mais son importance comme forteresse nécessite un assez long article.
          C'est dans l'historien Ordéric-Vital que je trouve la première mention de Carentan. Cet auteur avait environ trente ans à l'époque du séjour de Henri Ier à Carentan en 1106. Ce qu'il en dit est précieux pour donner une idée de ce lieu au commencement du 12e siècle et plus encore pour faire connaître les mœurs et les coutumes du pays à cette époque ainsi que l'éloquence de la chaire si toutefois on doit en juger par le sermon qu'y prêcha un des plus vénérables évêques de ce temps où Vital était déjà connu, et où Serlon de Savigny et Saint-Bernard allaient bientôt paraître.

          En 1106, à la fin du Carême, Henri vint débarquer à Barfleur avec son armée. Il arriva à Carentan le Samedi Saint.
           Serlon, évêque de Séez, vint l'y trouver, lui rendit hommage et y célébra la pâque avec ce roi.
          L'église (
    basilica), où il célébra l'office divin était pleine de meubles et d'instruments aratoires que la crainte du pillage y avait fait apporter de tout le voisinage. Le prélat tira parti de cette circonstance pour peindre les malheurs d'un pays mal gouverné ; il commença par exhorter Henri a s'emparer du gouvernement des États de son frère.
          Au milieu des graves réflexions que peut faire naître la politique de Serlon, il se trouve une tirade curieuse contre les longs cheveux, les barbes courtes et les souliers dont la pointe imitait la queue des scorpions. Ce morceau est précieux pour faire connaître les costumes adoptés alors en Angleterre et en Normandie. On y voit l'obligation où étaient les pénitents publics de porter les cheveux longs. «
    Ecce squalorem poenitentioe converterunt in usum luxuriae. "
          Je regrette beaucoup que l'espace me manque pour donner ici en entier ce passage singulier ; mais la digression serait trop longue : je me borne à l'indiquer, et je reviens à ce qui regarde particulièrement le château de Carentan.

          Ordénc Vital ne dit pas positivement qu'il existât alors, mais ce qui en reste maintenant offre des parties de cette époque. On y voit, vers le Nord, une porte bouchée dont le travail est tout à fait roman.
          On pourrait aussi discuter pour savoir si Carentan était un village ou une ville. Le mot
    vicus employé par l’historien contemporain semble favoriser la première opinion on pourrait objecter que l'église est appelée basilicu, nom qui n’indique pas l'église d'un village.
           Depuis ce séjour de Henri Ier, un siècle s'écoule sans qu'il soit fait mention de Carentan. Le registre des fiefs de Philippe-Auguste nous apprend qu'il était au Roi au commencement du 13e siècle.
          On voit aussi par Rymer qu'en 1199, le roi Jean-sans-Terre y souscrivit deux chartes et des lettres de créance à des ambassadeurs (
    Act. public., édit. de La Haye, tom. I, p. 36). Ce monarque y était encore le 30 et 31 janvier et le 12 septembre 1200 (Itiner. Johannis. Archiv. de la tour de Londres Archéolog. Londinensis, tom. XXII.).
          D'après une notice sur Carentan, communiquée à la préfecture de la Manche, il y a environ 25 ans, il paraîtrait que Carentan fut pris en 1142 par le comte d'Anjou sur Étienne de Blois.
          Ce fait vraisemblable n'est pas rapporté par l'historien du comte d'Anjou. On y parle de Cerences. L'aurait-on traduit par Carentan ?
    Suivant M. Le Franc, la reine Blanche en fit réparer les fortifications en 1190. Il y a au moins là une erreur de date ; en 1190, Blanche n'était pas reine et Carentan ne lui appartenait pas.
          J'ai lu ailleurs que ces travaux de la reine Blanche eurent lieu en 1230 ; cette date est plus vraisemblable, mais je ne connais pas de garant de son exactitude.
          Quand les Anglais descendirent à la Hougue en 1346, les fortifications du château de Carentan pouvaient résister même à l'armée d’Édouard III. Il y avait une garnison de soldats génois qui étaient disposés à se défendre, mais les bourgeois rendirent la ville à la première sommation et la garnison forcée à se retirer dans le château ne put y faire une longue résistance. Elle y obtint pourtant une capitulation honorable tandis que les bourgeois furent emmenés en Angleterre (
    Froissard de Buchon, tom. II, p. 300).
          Les fortifications furent démolies. Michel de Northbury, clerc du roi Édouard, qu'il suivit à cette expédition, dit que Carentan était alors aussi peuplé que Leycester (
    Ibid).

          Peu de temps après, Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, occupa Carentan qui faisait partie du domaine que le Roi de France lui avait cédé. Il en fit rétablir les fortifications.
          Après la victoire de Cocherel en 1364, Duguesclin vint attaquer les places du Cotentin que tenaient les Navarrois. Pendant qu'il était occupé au siège de Valognes, Olivier de Mauny un de ses lieutenants, vint assiéger Carentan. Le gouverneur navarrais fut obligé de se rendre à discrétion mais, Duguesclin ayant été appelé en Bretagne avec la majeure partie de ses troupes, y fut défait et pris à la bataille d'Auray. Après cet événement, Carentan avec les autres forteresses du Cotentin rentra sous la domination du roi de Navarre mais la possession en était alors précaire et peu importante. Les Français n'attendirent pas à le reprendre jusqu'à 1378. Ils en étaient maîtres trois ans plutôt. En 1375, avant d'assiéger Saint-Sauveur-le- Vicomte, le général français y passa une revue, où Guillaume d'Anneville fut reçu avec quinze gentilshommes de sa suite (
    Géneal. d'Anneville, onzième degré). Voilà sans doute pourquoi cette place n'est pas nommée parmi celles du Cotentin que Duguesclin reprit en 1378.

           En 1388, le comte d'Arundel, qui avait passé toute la belle saison sur les cotes de la Bretagne et de l'Aquitaine vint, vers Noël descendre à Cherbourg et passa près de Carentan avec son armée. La ville avait une forte garnison commandée par les sires de Hambye et de Courcy. Le général anglais n'osa attaquer la ville. Après avoir ravagé le Cotentin et le Bessin, il repassa le grand Vay, et vint avec son butin et ses prisonniers se rembarquer à Cherbourg et passa en Angleterre (V. Le Froissart de Buchon, tom. XI, p. 473-4).
          Au commencement du siècle suivant (1404), le duc de Clarence fit une autre descente dans le Cotentin et y prit entre autres places Carentan, où il n'y avait pas de garnison suffisante ; toutefois il n'y forma pas d'établissement. Quelques années plus tard le fameux Talbot, qui commençait sa carrière militaire, fut envoyé avec cinq à six cents hommes dans le Cotentin mais il essuya un échec devant Carentan. Son détachement fut défait par les habitants du pays et il eut beaucoup de peine à repasser les Vés avec un petit nombre des siens (
    Masseville, tom. IV, p. 64. - Chart. de Normandie par Le Megissier, p. 170).
           En 1417, Jean de Villiers capitaine de Carentan, le seigneur de Rochefort, Johan de Saint-Germain et Johan Mégéant, au nom des chevaliers, écuyers, bourgeois et habitants de cette ville, la rendirent par capitulation à Jehan de Robessart, à Guilhem Beauchamp, chevaliers commis par le duc de Glocester (
    V. La capitutation dans Rymer. – Rolles normands, tom. I, p. 253). Ce château et celui de Saint-Lô sont les seuls du pays où il soit fait mention d'artillerie dans les capitulations de cette année. Je ne prétends pas pour cela qu'il n'y en eut pas d'autres, et notamment dans celui de Cherbourg.
          Après la prise de Saint-Lô., en 1449, le duc de Bretagne et le comte de Richemont firent Investir Carentan. La garnison ne tint que trois jours ; les habitants furent remis en possession de leurs biens (
    Monstretet, tom. III. - Gruel, hist. du Connétable).
           Après l'expulsion des Anglais, plus d'un siècle se passa sans que la tranquillité de Carentan fût troublée par de nouvelles guerres. Les protestants s'en saisirent en 1562, le rendirent en 1563, le reprirent et le rendirent encore en 1568. Enfin en 1574, le comte de Montgommery s'en empara de nouveau et y fit faire avec de grands travaux et de grandes dépenses des fortifications dont on distingue facilement des restes à la partie Est du château.
           Le comte de Lorge, son fils, fut chargé par lui du commandement important de cette forteresse devenue susceptible d'une longue défense mais la nouvelle de la prise du comte de Montgommery et de la mort de Colombières, jointe à la perte de Saint-Lô, jeta l'épouvante dans la garnison de Carentan ; elle tint peu de jours, et capitula le 28 juin 1574.  Je possède une partie de la capitulation ; elle est trop longue pour trouver ici sa place.
           Le maréchal de Matignon, peu de temps avant sa mort arrivée en 1597, y reçut de Henri IV l'ordre de faire démolir les fortifications de Carentan, du château de Valognes du fort et des ponts d'Ouve et de Barfleur. L'ordre fut exécuté pour les deux dernières places et différé pour Carentan et Valognes, dont les fortifications subsistèrent encore un siècle (
    Hist. du Maréchal de Matignon p. 359).
          Une grande partie du château de Carentan existe encore mais il ne pourrait tenir contre une attaque sérieuse. On peut y étudier l'architecture militaire, dont il y a des modèles depuis le 12e siècle jusqu'à la fin du 16e.

          Le donjon, démoli depuis vingt-cinq ans, était employé comme dépôt provisoire de poudres. On peut voir d'anciens plans de ce château dans les archives du génie militaire à Carentan, la Hougue et Cherbourg.
     

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    128. FORTERESSE DES PONTS D'OUVE.

     

          La position des ponts d'Ouve, à une demi-lieue de Carentan, sur la route de Valognes, au milieu de rivières et dans des marais qu'il y a moins d'un siècle, étaient presque continuellement inondés, est, on ne peut mieux choisie, pour empêcher un ennemi venant vers Carentan de pénétrer dans la presqu'île du Cotentin. Elle a donc dans tous les temps attiré l'attention. Sous les Romains, il y eut un port de mer et dans le moyen âge une forteresse ; c'est de celle-ci que nous devons nous occuper.
          Michel de Northbury qui, en 1346, accompagna le roi Édouard III à son expédition de France dit que, le 19 juillet de cette année, les Anglais allèrent de Valognes jusqu'aux
    ponts d'Ove qui avaient été débruisés (rompus) par les habitants de Carentan. Le roi Édouard les fit refaire durant la nuit et passa le lendemain à Carentan qui n'en est qu'à une lieue anglaise (Michel de Northbury, v. le Froissart de Buchon, tom. II, p. 300).

          Le roman de Duguesctin cité par M. Secousse (Mém. de Ch.-le-Mauvais, tom. I, p. 62), donne du fort des ponts d'Ouve l'idée d'une place importante. « La première semaine après que Valognes fut prise Olivier de Mauny fut détaché de l'armée pour assiéger Carentan qui se rendit. Duguesclin fit venir le capitaine de Carentan, et lui demanda comment il fallait s'y prendre pour se rendre maître de Douvres. La ville est fermée et forte. Il y a une église fermée et entourée de fossés (Voici ce qu'en dit une ancienne vie de Duguesclin : " Au chastel de Douvre y avait un fort moutier. La forteresse était fermée de murs et fossés." Vie de Duguesclin, in-4°. 1617). Il y avait dans la place un chevalier anglais nommé Hue de Carvaley (Hugues de Calvalay que nos historiens appellent quelquefois Courelée, figure beaucoup dans l'hist. des compagnies. Ce fut un des grands capitaines de son temps. Il mourut en 1386, et fut inhumé dans l'église de Banbury, où il avait fondé une collégial e. Beauties of England (Chester), tom. I, p. 244). »
           M. Sécousse donne ensuite le récit circonstancié des moyens que les Français employèrent pour pénétrer dans la place par un passage souterrain, de la surprise de la garnison et du succès de cette entreprise. Tout ce récit, tiré des auteurs contemporains, est très curieux mais trop long pour trouver place ici.
          Le 27 mars 1417 (18) Jean Fortescu, gouverneur de la forteresse des ponts d'Ouve, la rendit à Jehan Robessart et Guillaume Beauchamp, chevaliers envoyés par le duc de Glocester qui prirent Carentan dans le même temps. (
    Rymer, Rolles normands, tom. I, p. 292).
          En 1419, le roi Henri V concéda ce fort à Guillaume Rothelane (
    Rolles normands, tom. I, p. 269) ; défense fut faite aux gens du pays de le molester.
          Après la reprise de Carentan, en 1449, le duc de Bretagne et le comte de Richemont vinrent attaquer la place et la prirent d'assaut (
    Monstrelet, Chartier, Gruel).
           Les protestants s'en emparèrent en 1574. Dans une généalogie appuyée sur des pièces authentiques, je trouve que la même année Guillaume d'Anneville fut employé par le comte de Matignon à divers sièges et entre autres celui des ponts d'Ouve.
           Nous avons vu, à l'article de Carentan, que peu de temps avant sa mort, en conséquence d'un ordre du roi Henri IV, le maréchal de Matignon avait fait démanteler le fort des ponts d'Ouve.
          Depuis ce temps ses fortifications ne furent jamais rétablies ; mais on y a souvent fait des travaux provisoires pour assurer contre un coup de main ce poste dont la situation sera toujours importante, surtout depuis qu'on a entièrement abandonné le passage du grand Vay qui était autrefois la grande communication entre le Cotentin et le Bessin, tandis qu'elle se fait maintenant entièrement par Carentan et le pont du petit Vay.
          Guillaume aux épaules était, en 1563, capitaine de la bastide des ponts d'Ouve. L'année suivante il fut nommé par le roi de Navarre capitaine de la ville et chastel de Gavray (
    Renseignements manusc. fournis par M. Guiton).
           Sur un des livres de l'ancienne bibliothèque des Augustins de Barfleur, j'ai lu ce qui suit écrit à la main au commencement du volume :
           "
    Noble homme Jehan de Butout, bailly de St.-Sauveur-Lendelin et capitaine des ponts d'Ouve, à la requête de frère Guillaume Le Tellier, religieux augustin du couvent de Barefleur, qui prescha l'advent à Carentan en 1519, lui donna ce livre et fut fait ledit don pour prier Dieu pour ledit seigneur Bailly. »
           Nous avons donné dans un autre Mémoire au commencement de ce volume, les raisons que nous avions de croire à la tradition d'un port aux ponts d'Ouve dans les temps de la domination romaine. On m'a assuré qu'en creusant le terrain pour les fossés pour le canal et pour les ponts on y avait trouvé d'anciennes fondations très solides avec de gros anneaux de fer qui ont dû servir à amarrer des navires.

     

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    129. CHÂTEAU DE BOHON.

     

          A deux lieues au midi de Carentan, en remontant la rivière de Taute, on trouve, dans un quartier isolé et marécageux, les villages des Bohons, qui ont donné le nom à une famille dont les services à la conquête de l'Angleterre furent récompensés par le Conquérant. Cette famille devint encore plus puissante sous les rois Anglo-Normands. Après avoir joui du titre de connétable héréditaire d'Angleterre, durant un grand nombre de générations ; elle tomba en quenouille et s'éteignit dans celle des rois.
          Sur son histoire postérieure à la conquête, les Anglais nous fournissent des détails abondants et précieux. Après avoir fait usage de leurs renseignements, je vais tâcher de m'acquitter envers eux en leur fournissant ceux qui leur manquent sur le berceau de ces seigneurs et qui ne peuvent s'acquérir que sur les lieux.
          Le nom de Bohon est sur toutes les listes des seigneurs qui suivirent le duc Guillaume en Angleterre. Le poète Wace qui vivait à une époque rapprochée de la conquête, nous apprend l'âge et le prénom de celui qui y figura.
          Et de Bohon li vieil Onfrey (D'autres disent et de Bohon si vint Onfray).
          Banks l'appelle Humphrey-le-Barbu parce que contre la coutume des Normands à cette époque, il portait une longue barbe. Le même auteur assure qu'il était parent du Conquérant (
    Banks extinct. Baronnage, tom; III, p. 354, Earls of Hereford - Britton Norfolk, p. 66).
           Sa fortune ne semble pas avoir été considérée avant la conquête, il parait même qu'il n'obtint d'abord que des concessions peu importantes si l'on en juge par le Domesdaybook rédigé vingt après. Je ne l'y trouvé porté que pour une seule seigneurie celle de Tatersford dans le comté de Norfolk.
          En se mariant, son fils Onfroy II augmenta beaucoup la fortune que son père lui avait laissée. Il laissa un fils du même nom qui fut en grande faveur auprès du roi Henri Ier. dont il était l'échanson et le Sénéchal. Cette faveur lui fournit le moyen d'épouser une des premières héritières d'Angleterre, Marguerite fille aînée du comte de Héreford (
    lbid p. 365). Il fut un des plus fermes partisans de l'impératrice Mathilde contre Étienne de Blois. Il possédait dans le Wiltshire le château de Trobrigge qu'il fortifia. Ce château fut pris en 1150 par le roi Étienne.
    Mathilde en récompense des services qu'Onfroy lui avait rendus et du ferme attachement dont il lui avait donné des preuves dans les plus grands embarras le fit son grand échanson en Angleterre et en Normandie par une chartre particulière. Il mourut la trente-troisième année du règne de Henri II, et fut inhumé à l'abbaye de Lanthony fondée par son beau-père dans le comté de Glocester où l'on conserve des annales très curieuses de ce temps.
          Son fils, Onfroy IV, fut connétable de l'Angleterre au droit de Marguerite sa mère. D'une fille du comte de Huntingdon, il eut Onfroy V, comte de Héreford. Il prit les armes contre le roi Jean ses biens furent confisqués mais ils lui furent rendus la dix-septième année du règne de Jean (
    Banks extinct. Baronage, tome III, p. 354). Il fut un des vingt-cinq barons qui garantirent l'exécution de la grande chartre. Sur un fac-similé de cet acte mémorable que je possède, on voit l'empreinte de ses armes.
           Peu après, il recommença la guerre contre le roi Jean et fut un de ses ennemis les plus acharnés. Il mourut à la croisade, au commencement du règne de Henri III son corps fut rapporté à l'abbaye de Lanthony (
    Banks, extinct., baronage, tome III, p. 354).
          Onfroy VI fut après lui comte de Héreford et prit le titre de comte d'Essex au droit de Mathilde sa mère. Après avoir assisté au couronnement de Henri III, il prit les armes contre ce prince qui le fit prisonnier à la hataille d'Evesham et confisqua ses biens. Cependant quelque temps après, il lui pardonna et lui rendit ses possessions. Il mourut au commencement du règne d’Édouard Ier et fut inhumé avec ses pères.
          De sa femme Mathitde, fille du comte d'Eu, il eut Onfroi VII qui mourut avant lui et fut inhumé à l'abbaye de Cumbermière. Il avait épousé la fille du baron de Breeknock ce qui donna à son-fils Onfroi VIII, un nouveau titre.
          Après différentes alternatives de faveurs et de disgrâces près d’Édouard Ier, il épousa la fille de ce roi et fit avec lui la guerre d’Écosse. Il fut encore employé dans le même pays par Édouard II, fut fait prisonnier à la bataille de Striveling et bientôt après échange contre la femme de Robert Bruce.

          Après avoir été un des plus ardents ennemis de Gaveston, il fut aussi un des chefs de l'insurrection contre les Spensers, et fut tué à la bataille de Boronghbridge dans le comte d'Yorck.
          Son fils aîné Onfroi, destiné à continuer le nom dans la branche aînée, mourut fort jeune, de sorte que les grands titres de cette famille échurent à Jean, son second frère. Celui ci ne laissa pas de postérité. Il eut pour successeur un autre Onfroi son frère cadet, qui fut avec Édouard III à la bataille de l’Écluse et à la descente qui eut lieu à la Hougue, en 1346. Mais ses infirmités ne lui permettant pas d'y faire, le service de connétable, il céda cette place, durant sa vie, à son frère comte de Northampton. II mourut en 1361 et eut pour successeur Onfroi, fils de ce comte. Celui-ci ne vécut pas longtemps. Il avait épousé la fille du comte d'Arundel et n'en eut que deux filles. Elles se marièrent toutes deux dans la famille royale : l'une à Thomas de Woodstock, duc de Gloucester, fils d’Édouard III ; l'autre au comte de Derby, petit-fils de ce roi (
    Banks, extinct., baronage, tome III, p.360). Son mari devint à son tour roi d'Angleterre sous le nom d'Henry IV.
          Outre la branche aînée qui possédait les titres dont j'ai parlé, les généalogistes anglais citent la branche de Midhurst qui subsista jusqu'au règne de Henri VII et portait
    d'or à la croix d'azur (Banks, Extinct., baronage, tom. I, p. 244), tandis que celle de Hereford portait d'azur à la bande d'argent entre deux cottices de même accostées de six lionceaux d'or (Pine magn. Chart. Billy hist. du dioc. de Cout. p. 138).

          Une famille de Bouhon restée en Normandie portait, suivant l'armorial de la province, d'azur au chevron d'or accompagné de trois molettes d'éperon de même. J'ignore quels rapports cette dernière famille peut avoir avec nos Bouhons ; mais, si on juge de l'ancienneté des armes par leur simplicité mes soupçons seraient que la branche de Midhurst aurait l'écusson primitif, bien que celui de Hereford remonte déjà fort haut.
          Après avoir donné un aperçu de ce que les seigneurs de Bohon devinrent en Angleterre, il me reste à donner quelques détails sur leur berceau.
           J'ai dit qu'il était près de Carentan, au bord des marais de la Taute, dans un recoin isolé appelé
    les Bouhons ; c'est parce que ce quartier contient deux communes du même nom, Saint-Georges et Saint-André de Bohon.
           Un prieuré de Bénédictins fondé par les seigneurs anglo-normands de cette famille existait dans la paroisse de Saint-Georges. L'église paroissiale fut autrefois celle du prieuré qui, dès le 12e siècle fut réuni à l'abbaye de Marmoutier, près de Tours.
          L'emplacement du château est sur Saint-André, au bord du marais sa motte est encore entière.
          C'est un tertre artificiel assez remarquable, connu dans ce quartier sous le nom de Castel. Il est entouré d'un fossé presque comblé qu'on remplissait d'eau a volonté.
          En 1092, sous Ie règne de Guillaume-le-Roux, le prieuré fut fondé par Onfroi de Bohon (
    Archives de l'abb, de Marmoutier) quoique ce monastère fut, peu après sa fondation, uni à l'abbaye de Marmoutier ; cependant il continua longtemps à former une maison particulière sous le gouvernement d'un prieur. Je trouve dans un registre de Marmoutier qu'au 15e siècle il y eut jusqu'à neuf religieux sans compter le prieur.
           Le 17 juin 1418, Henri V qui venait de conquérir notre pays, leur accorda main-levée de leurs biens (
    Rymer, act. public), à charge de rendre compte au trésor du roi de ce qui n'était pas nécessaire à leur raisonnable entretien.
          Le chœur de l'église de Saint-Georges était jadis l'église du prieuré ; sa nef était destinée à l'usage de la paroisse. Ce chœur a été bâti avec beaucoup de goût et de soin, presqu'entièrement en carreau de Caen apporté probablement par eau.
           Les chartres de ce prieuré prouvent que les connétables de l'Angleterre n'abandonnèrent pas leurs possessions de Normandie.  Dans un acte donné par l'un d'eux, après le milieu du 12e siècle, mais sans date, comme cela se pratiquait alors, ce seigneur parle de sa femme (Marguerite de Huntingdon) et de ses ancêtres, fondateurs du prieuré ; il confirme leurs donations et entr'autres celles de l'église de Saint-Georges. Cette chartre est confirmée par Richard de Bohon, évêque de Coutances ( depuis 1150 jusqu'en 1179 (
    Gall. Christ. XI, col. 875 G.). Je possède copie de la chartre et de la confirmation.
          Dans son histoire de Geoffroy Plantagenêt, le moine de Marmoutier n'a pas oublié les parents du bienfaiteur de ce monastère qui servirent son héros avec beaucoup de dévouement. Il y parle souvent d'EngeIger et d'Alexandre de Bohon, que Geoffroy fit gouverneurs de Domfront peu de temps après la mort de Henry Ier ; de là, ils firent des courses dans la vallée de Mortain (
    Joh. monac. maj. monast. gest. Gaufrid. Andegav.– Rec. des Hist. Fr., tom. XII, p.531). Quelques années plus tard, ils accompagnèrent Geoffroy à la conquête du Cotentin, et firent obtenir une capitulation honorable à la garnison de Cherbourg qui tenait pour Étienne de Blois (Ibid., p. 534). Il paraît que ces deux seigneurs fournirent des renseignements à Jean de Marmoutier ; il en parle avec les sentiments de la reconnaissance (Idem Ibid.).
          Sous le règne suivant je trouve un Bohon, partisan de Henri II contre le roi son fils (
    Rec. des Hist. de Fr.. tom. XIII, p. 152), et un Réginald de Bohon, évêque de Bath et Welss, dont le nom ne se trouve pas dans le grand catalogue de Godwin (de proesulibus Angliae).

          Cet évêque dédia, en 1174, l'église de Saint-Thomas à Saint-Lô. Nous avons l'acte de cette dédicace (Billy, manusc. hist. de Saint-Lo) ; il en est aussi parlé dans la vie de Henri II par Benoît de Peterborough (Rec. des Hist. de Fr., tom. XIII, p. 174).
           A peu près à la même époque, Onfroi et Engelger de Bohon figurent dans le livre rouge de l'Echiquier (
    Traduction de Ducarel, p. 227). Une paroisse du canton de Marigny (la Chapelle-Enjuger) porte le nom de ce dernier qui en donna l'église (Capellam Engelgerii) au prieuré de Bohon (Billy, hist. ecclés. du dioc., p. 165).
          Le registre des fiefs de Philippe-Auguste prouve que le fief de Bohon était échu à la couronne par confiscation (
    per eschaetam) cela n'est pas surprenant, le seigneur de Bohon était vingt fois plus riche en Angleterre qu'en France.
           Depuis Philippe-Auguste jusqu'en 1450, je ne vois en Normandie aucun seigneur de ce nom ; mais à cette dernière époque, le 24 mars, Guillaume de Bohon obtint du roi Charles VII la permission de rétablir la foire de Montmartin près de Coutances qui avait cesse en 1418. Il la fit annoncer dans les royaumes voisins mais ce rétablissement n'eut pas lieu (
    Billy, hist. civile du Cotentin, p.214, extrait du registre Godart).
    Treize ans plus tard, Montfaoucq fit la recherche des nobles de la généralité de Caen ; j'y trouve un Guillaume de Bouhon, demeurant à Roncey ; mais il est douteux qu'il fut de l'ancienne famille des possesseurs du château quoiqu'en dise l'auteur du dictionnaire de la noblesse. Nous avons cité ses armes ; leur différence, sans être une preuve est au moins une forte présomption.


    130. CHATEAU DE MÉAUTIS.

     

          La paroisse de Méautis, ancienne dépendance de Carentan, est à une lieue au Sud-Ouest de cette ville, et contiguë à Saint-Georges de Bouhon.
           Sous Philippe Auguste, c'était le chef-lieu d'une baronnie assez considérable. On croit qu'un de ses seigneurs passa en Angleterre avec Guillaume le-Conquérant. Il est au moins certain que des seigneurs de ce nom existaient en Normandie au temps de la conquête, qu'ils firent des donations à plusieurs monastères qu'un d'eux accompagna le duc Robert (Courteheuse) à la Terre-Sainte (
    Masseville, tom.I, pag. 250. Dumoulin, catal. de ceux qui se croisèrent avec Robert. ), et que des Méautys furent établis en Angleterre au temps des fils du Conquérant mais je n'en suis pas moins réduit à ne donner que des renseignements épars sur cette commune et sur ceux qui en portèrent le nom.
           Au temps de la conquête Robert de Méautis et Richard, son fils, firent de grandes donations à l'abbaye de Saint-Etienne de Caen que le duc Guillaume venait de fonder. L'acte où ces donations sont rapportées se trouve dans le recueil intitulé
    Neustria pia (page 622). J'ai cru devoir en transcrire ce qui a rapport à la paroisse de Méautis : Dedit etiam de Allodio suo in eadem villa LX acras terre quarum XXX sunt de una parte vie ; alia XXX de altera. Dedit etiam Monachis et eorum hominibus omnem pasturam quam in praefata villa habebant edmmunem, etc. "
          Cette donation fut reconnue et confirmée par Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances, depuis 1048 jusqu'en 1093.
          En 1159, Roger de Méautis fut un des bienfaiteurs du couvent de Saint-Michel-Dubosq, fondé cette année, et lui donna entr'autres choses cinq cents anguilles de sa pêcherie. Je possède une copie de la fondation de ce couvent et de la confirmation, faite la même année par Richard de Bohon, évêque de Coutances (
    Billy, manusc. hist. des évêq. de Cout., p.. 151-2).
          A peu près à la même époque, par une chartre sans date dans le cartulaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, je trouve que Jean de Méautis donna au monastère de ce lieu une rente en blé sur son moulin de Méautis (
    Penès nos, cartul. ; p. XVIII verso)
          Le registre des fiefs de Normandie sous Philippe-Auguste contient un chapitre particulier de ceux qui relevaient de la baronnie de Méautis ; elle était alors possédée par une femme et relevait du château de Carentan, où elle devait au roi le service de deux chevaliers. Les fiefs qui en dépendaient devaient le service de sept chevaliers (
    Feoda domini regis Philippi penès nos, p. 5, Laroq. mais. d'Harc., tom. II. p. 1451).
           Les listes de l'arrière ban pour les années 1271 et 72, contiennent les noms de Geoffroy et de Guillaume de Méautis parmi ceux des chevaliers du Cotentin qui comparurent ; ils y étaient ensemble en 1271 et devaient service au roi pour Robert Bertrand. L'année suivante, Guillaume déclara ne devoir que le service de deux chevaliers à la vallée de Sainte-SchoIastique (
    Laroque, traité de l'arrière-ban, Rolle, p. 50).
           Parmi les seigneurs normands qui furent à la bataille de Rosebecque, en 1382, je vois Jean, sire de Méautis ; je crois que sa fille Jeanne épousa, au commencement du siècle suivant, Guillaume IV, sire de Briqueville, qui vivait encore en 1419.
           Il mourut sans postérité et fut inhumé avec sa femme dans le chœur de l'abbaye de Lessay du côté de l'Evangile.
           Dans un registre de Henri V (donné dernièrement par M. Vautier, p. 93) on voit que ce prince fit confisquer les biens de Jean de Méautis, sis en Cotentin (
    Les Rolles de la Tour de Londres, donnés par Carte, spécifient l'année 1420. On y voit en outre que ces biens furent concédé à Thomas Hatfield, tom. 1 p. 300).
          Il serait facile de pousser plus loin la liste des seigneurs de Méautis, mais j'ai déjà parlé des Briqueville à l'article du château de Laune (
    V. le 2e volume des Mémoires de la Société, année 1825, p. 241 et seqq.), et à celui de Canisy des Carbonnels, qui possédèrent cette terre importante. Il me reste a parler des anciens seigneurs du nom de Méautis qui ont existé en Angleterre.
          En lisant dans l'ouvrage intitulé :
    Beauties of England, la description du Hertfordshire, et particulièrement celle de Verulan et de l'abbaye de Saint-Alban, je trouve que le célèbre chancelier Bacon eut pour héritier et pour exécuteur testamentaire le chevalier Thomas Méautis. Voici la fin de son épitaphe :

          Tanti viri memor et admirator Thomas Meautys hoc posuit.
          L'auteur ajoute « Sir Thomas Méautis qui fit ériger ce monument, avait été secrétaire particulier de lord Verulam ; il était son cousin et son héritier. Il fut lui-même inhumé dans l'église de Saint-AIban, près de l'autel. Il n'y reste de son épitaphe que ces mots :

          " Y body of sir Thomas Méautys knight (Beauties of England, tom. VII, p. 94 et seqq.) ".
           Sous le règne de Henri VIII, un chevalier, Pierre de Meautys, son ambassadeur à la Cour de France, eut de ce roi une concession de l'abbaye de Stratford-Langthorne, dans le comté d'Essex. Henri de Meautis, un de ses descendants, l'aliéna en 1633 (
    Brittons beauties of Essex, p. 450.).
          Ce chevalier Pierre Méautys est probablement le même qui fut gouverneur de Guernësey en 1550, et ambassadeur de la reine Ehsabeth en France et en Ecosse (
    Berry, hist. of Guernesey - Chalmers, hist. of Mary).
           L'ancien château de, Meautis était tout près de la maison de la ferme appelée
    la cour de Méautis ; il en reste peu de traces.


          En terminant la dernière partie de l'histoire des Châteaux de mon département, je pourrais donner de nombreuses additions sur les trois parties déjà publiées, mais de nouveaux renseignements arriveraient encore et nécessiteraient de nouveaux suppléments, je me contenterai de les recueillir avec soin pour en faire dans la suite, s'il y a lieu, l'objet d'un nouveau travail.
          Toutefois, je n'ai pas cru devoir différer a faire mention d'un document précieux, très peu connu et qui jettera une grande lumière sur les châteaux et les villes de la Normandie.
          Je veux parler d'un itinéraire du roi Jean-sans-Terre, copié des Rolles de la Tour de Londres, lu à la société des Antiquaires de cette ville le 24 mai 1827, et inséré dans le XXIIe volume de l'Archéologia, imprimé en 1828.
           Je vais en transcrire ce qui concerne les châteaux du département de la Manche (
    Une circonstance qui m'a frappé, c'est que ce prince n'a pas séjourné dans les arrondissements de Coutances et d'Avranches, et très peu dans celui de Mortain, quoiqu'avant d'être roi, il eût été comte de Mortain.).

     

    1199
    CHERBOURG. 19 décembre. Il y avait un château royal.


    1200
    CARENTAN. 30-31 Janvier. Le nom est écrit Karentan.
    VALOGNES. 1-4 février.
    BARFLEUR. 5-10 idem. Le nom est écrit Barbeflet.
    CHERBOURG. 18-22 idem. Le nom est écrit Caesarburg.
    VALOGNES et BARBEFLET. 23 idem. Il s'embarqua à Barfleur. Il était à Portsmouth le 28.
    VALOGNES. 2 mai
    CARENTAN. 12 septembre
    VALOGNES. 13-14 idem
    BARFLEUR. 15-17 idem
    GUNNEVILLE (Gonneville) 22-22 idem

    VALOGNES. 23-24 idem
    BRUS (Brix). 24 idem
    GONNEVILLE, 25 idem
    CHERBOURG. 25-26 idem
    MORFAVILLE ( Montfarville). 27 idem
    GONNEVILLE. 28 idem.
    VALOGNES. 1er octobre.


    1201
    TREGOZ. 10 novembre.

    MORTAIN. 12-13 idem

     

    1202
    SAINT-LO. 13 décembre.


    1203
    MORTAIN. 17-18 septembre.

    Idem 22-3 idem
    VALOGNES. 19-26 octobre.
    TORENY (Torigny). 26 idem.
    MORFAVILLE (Montfarville). 26-28 novembre.
    BARFLEUR. 28 idem.
    GONNEVILLE. 29-30 idem.

    GONNEVILLE. 1er-3 décembre.
    CHERBOURG. 4 idem.
    BARFLEUR. 5 idem. Venu de Cherbourg pour s'y embarquer la dernière fois.
          Cette liste fait ressortir l'importance des châteaux de Gonneville et de Montfarville : on y voit que le roi a souvent séjourné à Cherbourg et à Valognes où il avait des châteaux, mais qu'il s'embarquait à Barfleur. 

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