Ci-dessus : à gauche, une photo extraite de http://binicaise.unblog.fr/2011/11/07/chateau-de-couterne/ ; au centre, une photo par ~Pyb — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11371124 ; à droite, une carte postale montrant une vue aérienne.

 

     « Tout près de Bagnoles, à un détour de la route, on aperçoit le château de Couterne, flanqué de deux tourelles couvertes d'un toit en forme de cloche. Une avenue latérale de hêtres séculaires conduit à cette élégante demeure dont les murs en briques, au ton pâli par les années, se découpent sur la verdure des grands arbres. Devant ce charmant décor, une pièce d'eau semble placée exprès pour le refléter. » [1]  

 

     « Le château de Couterne est une demeure, des 16^e-17e siècles, qui se dresse sur la commune française de Couterne dans le sud du département de l'Orne, en région Normandie. » [2]

 

   

 

Plan de situation du château de Couterne ; blason de la famille de Frotté, d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux molettes d'éperon du même et en pointe d'un besant d'argent, https://man8rove.com/fr/blason/vaxg597-frotte 

 

Historique

 

   

 

Ci-dessus : à gauche, blason de la famille de Couterne, d'azur à deux fasces d’argent au lion passant de même en chef, https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=blasons&id=8439407&desc=couterne_de_armorial_general_de ; au centre, blason de la famille Quarré d’Aligny, échiqueté d'argent et d'azur au chef d'or chargé d'un lion léopardé de sable, https://man8rove.com/fr/blason/7604op1-quarre ; à droite, blason de la famille de Frotté, d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux molettes d'éperon du même et en pointe d'un besant d'argent, https://man8rove.com/fr/blason/vaxg597-frotte 

 

     « La terre de Couterne appartenait primitivement à une très ancienne famille, celle des Couterne (Couterne : d'azur à deux fasces d'argent, et en chef un lion lampassé et armé de gueules.), seigneurs de la Barre, du Horp, Poulai et Montrecuil. Cette propriété passa dans la maison d'Aligny (Quarré, comtes d'Aligny), seigneurs de Couterne au 16e siècle. Famille de Bourgogne anoblie en 1412 : échiqueté d'azur et d'argent au chef d'or chargé d'un lion léopardé de sable, lampassé, armé et couronné de gueules.) qui la vendit, en 1540, à Jehan de Frotté (Frotté, famille originaire du Bourbonnais : d'azur au chevron d'or, accompagné de deux molettes en chef, et en pointe d'un besant d’argent.), secrétaire de François Ier et de Marguerite de Navarre. Ce fut lui qui fit construire le manoir de Couterne, modifié et agrandi au 18e siècle. Jehan de Frotté était fils de Jacques de Frotté, maître d'hôtel du connétable Bourbon, et de Jacquette Séguier, fille de Pierre Séguier, président au Parlement de Paris. Il épousa en 1536 Jeanne Le Coustelier, fille de Guillaume Le Coustelier, seigneur de Say. Esprit très fin, huguenot zélé, négociateur adroit et consciencieux, poète sachant exprimer, dans des vers faciles, une pensée alambiquée, Jehan de Frotté faisait partie de cette cour d'érudits et de littérateurs dont aimait à s'entourer la spirituelle sœur du roi, la belle et savante reine de Navarre, la Marguerite des Marguerites. C’est à Frotté qu'elle a recours pour sa correspondance avec un frère bien tendrement aimé ; c'est encore à Frotté que, malade, elle adresse un dizain d'une tristesse mystique et résignée. L'émotion que lui fit éprouver la mort de cette princesse inspira au poète des vers d'un sentiment vrai et d’une simplicité préférable aux concettis de ses autres pièces. On songe près du château de Couterne à cette brillante époque de propos gaulois, de ténébreuses intrigues et de dévotion quintessenciée. » [1]
 

     « La maison de Frotté était devenue propriétaire de la terre de Couterne pour l'avoir acquise de la maison d'Aligny, en 1540. Les d’Aligny la tenaient probablement des Couterne, famille fort ancienne, car, vers l'an 1300, Guillaume de Vaux, capitaine de Mayenne, épousait Annette de Couterne, dame de la Barre du Horp, Poulai et Montreuil (Le Paige, v. Couterne). (…) 

     Le joli château de Couterne, construction en briques du 16e siècle, restaurée en partie à la fin du 18e, avec ses longues allées rectilignes et les pins gigantesques qui se mirent dans les belles eaux qui l'entourent, est placé sur la route de Bagnoles. Il fut bâti par Jehan Frotté, chancelier de la reine de Navarre selon quelques-uns, son secrétaire seulement selon d'autres ; au demeurant, protestant zélé, poète médiocre, négociateur habile et l'un des ornements de cette petite cour que Marguerite rassemblait autour d'elle dans le vieux palais des ducs d'Alençon (O. Desnos, t. II, p. 534. - Léon de la Sicotière, La Cour de la reine de Navarre à Alençon, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 2. série, t. III. Génin, Notice sur la reine de Navarre, en tête du recueil de ses lettres. – Le Paige, t. 1, v. Couterne.). Ses descendants ont depuis lors possédé le château de Couterne sans interruption, et l'habitent encore. » [3]  

 

      « Jehan de Frotté, obtient la terre du château de Couterne des mains de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, duchesse d’Alençon par son premier mariage, dont il est le contrôleur des finances. Il y fait construire « un petit fortin avec des douves, des murailles et des meurtrières au pied des tours. Les temps n’étaient pas sûrs. » Sous l’influence de Marguerite de Navarre, il devient protestant, scellant ainsi le sort de sa famille pour de nombreuses années.  

      A la révocation de l’édit de Nantes, en 1685, qui interdit le protestantisme sur le territoire français, la famille de Frotté est l’une des rares à ne pas émigrer. S’ensuit une période difficile. Les enfants des familles bannies sont enlevés pour être élevés par des catholiques. Il faut attendre Louis XVI et son édit de tolérance, en 1787, pour que les choses s’apaisent. La famille de Frotté mène alors une vie fastueuse. « Mon ancêtre de l’époque a décidé d’agrandir sa demeure, de la rendre plus accueillante. » Le fortin d’origine est agrémenté d’un étage supplémentaire, d’ailes et de dépendances. Les murailles tombent, une allée est ouverte. Le château que l’on admire aujourd’hui est l’œuvre du 18e siècle, fait de matériaux de la région : granit, briques et ardoises. » [4]

 

     « Le château fut un haut lieu de la chouannerie dans l'Orne. Charles-Gabriel Daniel de Frotté (1732-1791) était au moment de la Révolution seigneur et patron de Couterne. » [2] 

 

      « Mais il rappelle surtout le souvenir plus récent d'un triste épisode de nos guerres civiles. Le soir, lorsque sur le fond noir des arbres, le château se détache en rouge, frappé par les lueurs sanglantes du soleil couchant, notre pensée se reporte vers cet intrépide et malheureux Louis de Frotté, traîtreusement assassiné dans le champ de Verneuil. Les mémoires du général en chef des royalistes de Basse-Normandie, ainsi que d'autres pièces intéressantes pour l'histoire, sont conservés par la famille de Frotté, qui possède toujours le château de Couterne. Entre autres manuscrits précieux, s'y trouve encore, très artistement habillé d'une belle reliure du 16e siècle, « le registre des finances de maistre Jehan de Frotté, contrôleur général et secrétaire des finances des roy et royne de Navarre, etc. ». Ce curieux document a heureusement échappé, en juillet 1789, à une bande de pillards qui envahit le château et brûla dans la cour les papiers et parchemins du chartrier. Des titres périssables se peuvent consumer, mais un beau nom demeure. Celui des Frotté s'éclaire d'un rayon poétique à la cour étincelante de François Ier.
      De plus, il tire un double éclat d'une héroïque bravoure et d'une fière et inébranlable fidélité. » Wilfrid Challemel [1]  

 

Ci-dessus, portrait de Louis de Frotté extrait de  https://www.patrimoine-normand.com/index-fiche-29671.html 

 

     « En 1799, les de Frotté s’engagent dans la chouannerie normande. Louis de Frotté veut prendre Paris et remettre le roi sur le trône. Il meurt fusillé à Verneuil-sur-Avre en 1800. Sous la restauration, la famille est légitimiste : elle soutient la lignée des Bourbons et place tous ses espoirs dans le comte de Chambord mais doit se résoudre à l’avènement de la république en France. » [4] 

 

     « C'est à cette famille qu'appartenait le comte Louis de Frotté, chef des chouans de Normandie pendant la révolution, et l'un des caractères les plus fièrement trempés qui soient sortis de nos guerres civiles. Arrêté par trahison à Alençon, où il s'était rendu sur la foi d'un sauf conduit, le 15 février 1800, il fut fusillé à Verneuil le 18 ; il n'avait que 34 ans (Né à Alençon le 5 août 1766 : aucun biographe n'a donné cette double indication.). Général intrépide, diplomate habile, ennemi loyal et généreux, il mérita les regrets des deux partis. Il avait deviné et dénoncé un des premiers l'ambition de Bonaparte. Peut-être ses vigoureuses proclamations, peut-être aussi de vieilles haines, puisées sur les bancs de l'école militaire où ils s'étaient assis ensemble, égarèrent-elles la politique du premier consul si généreuse pour les autres chefs d'insurgés. Pendant la campagne de 1795 et celle de 1799, les environs de Couterne furent le théâtre de plusieurs rencontres entre les royalistes et les républicains, et le château fut momentanément le centre d'opérations des premiers (Crétineau joly, Histoire de la Vendée militaire, 2. édition, t. III, p. 90 et 96). » [3]

 

      « Quatorze générations de « de Frotté » s’y sont succédé sans interruption de Johan de Frotté à Edouard de Frotté, actuel propriétaire, qui fut maire de Couterne de 1989 à 2001. » [5]

 

      « L’actuel propriétaire des lieux hérite du château à l’âge de 25 ans. « Il ne devait pas me revenir : j’étais le cinquième enfant et j’avais deux frères aînés. Mais ils sont tous les deux entrés dans la Résistance et morts en déportation. » Le nouveau châtelain s’efforce alors d’entretenir la demeure familiale de son mieux. « Comme j’avais fait des études agricoles à Angers, j’ai créé mon exploitation et développé la vente directe à Bagnoles. » Edouard de Frotté devient ensuite rédacteur en chef du magazine la France agricole et s’installe à Paris. Aujourd’hui, il vit au château pendant les vacances scolaires, pour y recevoir ses onze petits-enfants. « Je transmettrai le château à mon fils. Lui a quatre filles. Ce ne sera plus le même nom mais le château restera dans la famille. Aujourd’hui, tout ça passe aussi par les femmes. » [4]  

 

Proche de la station thermale de Bagnoles-de-l'Orne, le château de Couterne a suscité de nombreuses cartes postales [NdB] :

 

 

Description

 

     « Le château est une construction des 16e-18e siècles, d'architecture sobre, flanquée de deux pavillons. La présence d'un plan d'eau, l'emploi de granit et briques roses pour les élévations et les deux tours rondes très peu saillantes en façade (tours coiffées de toits d'ardoise en forme de cloche), tout cela produit un ensemble fort élégant. » [6]

 

Ci-dessus, plan extrait du cadastre napoléonien de 1812 ; Archives de l'Orne, https://archives.orne.fr/

 

Parc et exposition

 

 

Ci-dessus, à droite, une vue aérienne extraite du site Géoportail.

 

     « Le château est construit dans un parc d’une vingtaine d’hectares. Celui-ci est sillonné par plus de 3 km d’allées entretenues et boisées propices à la promenade et par lesquelles vous longerez tantôt la rivière, tantôt l’étang.
       Une salle d’exposition a été aménagée : on peut y découvrir plus de 250 objets historiques ou d’usage courant qui retracent l’histoire de la demeure et de la région, évoquant les conflits religieux entre catholiques et protestants, la révolution, la Chouannerie et la vie du 19e siècle. » [5]

 

 

 

Protection

 

      « Le château fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 17 avril 1931. » [2]   

 

 

A proximité

 

     O « La chapelle « Notre-Dame-de-Lignou », un lieu de pèlerinage, est l’endroit phare touristique et religieux de la commune. Chaque été, une salle d’exposition sur les Chouans est ouverte au public dans le château de Couterne, autre site touristique.

 

 

 

     Comme bien d'autres lieux de rencontres spirituelles, Lignou de Couterne est né d'une légende venue enjoliver une histoire sans doute en partie vraie.

     Cette légende veut que le Seigneur de Lignou de Briouze, dont le domaine est situé à une vingtaine de kilomètres, partant pour l'une des guerres d'Italie au temps de la Renaissance, ait voulu confier son épouse et son domaine à la Vierge dont il vénérait particulièrement une statue.

      Malheureusement son intendant, pendant son absence, voulut s'adjuger le domaine ainsi que l'épouse et lorsque son Maître revint, il décida, selon la tradition, d'aller à son devant pour le saluer avec des tirs d'arbalète. Mais au lieu de tirer en l'air, l'intendant atteignit son maître qui, en tombant, implora la Vierge dont la statue lui apparut dans un buisson d'épines.

      En procession, les habitants de Lignou de Briouze vinrent rechercher cette statue qui ne voulut pas demeurer là où régnaient le crime et l'inconduite. Elle revint d’elle-même à Lignou de Couterne et la population Couternoise comprit qu'il fallait, en ce lieu, bâtir une chapelle pour y placer la statue miraculeuse. 

      Après avoir transféré le cimetière en ce lieu, on n'y enterra pas seulement des couternois mais aussi des personnes de la région voulant que leur dernière demeure se trouve aux pieds de la Vierge.

      L’association de la Chapelle de Notre Dame de Lignou, grâce à l'adhésion de 300 à 400 personnes et avec l'aide de toute la commune, a pu trouver, en une dizaine d'années, le financement pour restaurer la chapelle, y organiser des manifestations, et particulièrement, la messe et le pèlerinage du 15 Août. » [5]  

 

Sources :

 

[1] Article de Wilfrid Challemel in La Normandie monumentale et pittoresque... Orne, 1re [-2e] partie.... Partie 1 - Éditeur : Lemale (Le Havre) 1896 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64212474/f322.item.r=%22ch%C3%A2teau%20de%20Couterne%22.zoom# 

[2] Extrait de Wikipédia

[3] Extrait de Le département de l'Orne archéologique et pittoresque par Léon de La Sicotière - Beuzelin, 1845 - 304 pages https://books.google.nl/books?id=AX60J1ME6d4C&pg=PA73&lpg=PA73&dq=Ch%C3%A2teau+de+Couterne&source=bl&ots=WUAdxKKoYC&sig=ACfU3U2HTZm5xlvfKUGT070ZSU4fywrLXA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjFw_vC-LT6AhUMKewKHVXVCtY4bhDoAXoECAMQAw#v=onepage&q=Ch%C3%A2teau%20de%20Couterne&f=false 

[4] Extrait de https://traitspourtraits.jimdofree.com/portraits/europe/edouard-de-frott%C3%A9/ 

[5] Extrait de http://www.rivesdandaine.fr/fr/information/93572/couterne 

[6] Extrait de https://www.annuaire-tourisme-france.fr/tourisme/FR3011-activite-chateau-de-couterne 

 

Bonnes pages :

 

O Site officiel : http://chateaudecouterne.over-blog.com/ 

 

O https://www.patrimoine-normand.com/index-fiche-29671.html 

O https://books.google.nl/books?id=Z_I_recVpeoC&pg=PA255&lpg=PA255&dq=Ch%C3%A2teau+de+Couterne&source=bl&ots=spMdLA6YNx&sig=ACfU3U0pvEnwhdQcIzZxXC7dgUnSMlVwNg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjFw_vC-LT6AhUMKewKHVXVCtY4bhDoAXoECBIQAw#v=onepage&q=Ch%C3%A2teau%20de%20Couterne&f=false