• LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus : à gauche, une gravure extraite de l'Illustration par Auteur inconnu — L'Illustration, Journal Universel, fevrier 1862 p 84, scan Havang(nl), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29658253 ; à droite, la tour François-Ier vers 1860. Jean-Victor Warnod, collections patrimoniales de la Bibliothèque municipale du Havre. https://books.openedition.org/purh/2528

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     Après Rouen et Caen, évoquons à présent Le Havre. La charte de fondation de la cité est signée par le roi François Ier le 8 octobre 1517 (certes nous ne sommes plus au Moyen Âge qui s'est achevé à la fin du 15ème siècle mais nous sommes seulement 25 ans après 1492...). La tour François Ier, dite la « grosse tour », défend l'entrée du port qui, malgré les terrains marécageux et les tempêtes, accueille ses premiers navires en octobre 1518. Le roi se déplace lui-même en 1520 et donne à la ville nouvelle son propre emblème, la salamandre. La physionomie du Havre évolue sans cesse au cours de son histoire, en particulier avec la disparition des fortifications au 19e siècle puis lors de la reconstruction qui suit les terribles bombardements de 1944. [NdB] 

     

    Ci-dessus, la statue du roi François Ier, fondateur du Havre. Elle se trouve face au bassin du Roy. Photographie par Gilloudifs.

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " La Tour François Ier était un édifice militaire qui défendait l'entrée du port du Havre, et a longtemps figuré comme un emblème de la ville. Sa construction est décidée en 1517, lors de la fondation de la ville du Havre sur ordre du roi François Ier. Elle s'élevait à 30 mètres de hauteur, pour un diamètre de 25 mètres. " [1]

     

    Ci-dessus : cette vue de la Tour précède sûrement de peu la démolition de la Tour. http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/26/7699822.html

     

         " Elle fut détruite en 1861, en même temps que les fortifications qui entouraient la cité. " [2]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)   LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

     Plan de situation de la Tour François Ier au Havre où figure également l'emprise des anciennes fortifications de la ville. Ce plan est le résultat des plans figurant ci-dessous ; blason de la ville du havre par Spedona — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4565311

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus, à gauche, Le Havre, plan général d'agrandissement de la ville, 1845. Extrait de http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/10/22/11055471.html

     

    Histoire

     

         " Pour défendre le nouveau havre, écrit Jean Laignel (« Antiquitez du Havre de Grâce », Jean laignel (Hervé Chabannes et Dominique Rouet, Histoire et Patrimoines), 2010), François 1er avait envisagé, dans un premier temps, de faire construire un château face à la mer, du côté de la mare aux Chevaliers, non loin du Chef-de-Caux. Pour quelles raisons ce projet fut-il abandonné ? Nous l’ignorons totalement. Le jeune roi de France avait finalement opté pour la construction de deux tours qui se feraient face à l’entrée du port et en assureraient la sécurité. Toutefois, vraisemblablement pour des questions de temps et/ou de finances, il ne sera mis en chantier qu’une seule de ces deux tours.

         Ce fut, on le sait, l’un des chantiers prioritaires du nouveau port, à tel point que, en dépit des rigueurs de l’hiver qui contraint à l’arrêt les autres travaux en cours, sa construction se poursuivit sans interruption. " [3]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

     Ci-dessus, documents extraits de https://archives.lehavre.fr/ [4]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Dès la première campagne de travaux, qui débute en mars 1517, les ingénieurs délimitent le terrain en vue d’édifier la Grosse Tour. Elle doit protéger l’estuaire et défendre le futur port contre les incursions anglaises.

         Dès janvier 1518, les manœuvres normands et bretons creusent, dans la terre marécageuse, une excavation de 10 mètres de profondeur, 26 mètres de diamètre à la base et près de 80 mètres en surface, pour y implanter les fondations de la Grosse Tour. La construction va prendre deux années, entre 1518 et 1520.

     

    Ci-dessus : à gauche, le port du Havre à la Renaissance (© : Musée de la citadelle de Brouage) © Mer et Marine https://www.meretmarine.com/fr/content/exposition-cinq-siecles-de-marine-de-guerre-au-havre https://www.meretmarine.com/fr/content/exposition-cinq-siecles-de-marine-de-guerre-au-havre ; à droite, https://www.herodote.net/8_octobre_1517-evenement-15171008.php

     

         La nouvelle entrée du port est creusée au printemps 1520, tandis que l’ancienne passe du sud est obturée. La tour apparaît maintenant, ornée de ses bossages en demi-boulets et pointes de diamant. Elle est haute de 10 mètres. Bientôt armée de son artillerie, elle défend le port du Havre de Grâce. Une chaîne, tendue entre les deux digues, s’oppose, la nuit, aux mouvements des navires sans autorisation. " [4]

     

         " Dès les premières heures du chantier, le maître-maçon Michel Férey et ses ouvriers s’étaient attelé à la tâche qui se poursuivra au moins jusqu’en 1520, et bien au-delà, si l'on en croit certaines chroniques. Deux comptes de dépenses nous fournissent de précieuses indications à ce sujet. Le premier, daté de 1518, nous indiquent que c’est à cette date que les portes de la tour sont mises en place. Le second, de 1532 celui-là, fait mention de l’installation de 3 canons dans la muraille. Un autre indice, qui nous est fourni par l’abbé Biot, fait état de l’affectation de 50 archers morte-payes à la garde du nouveau port en 1530, dont une partie à la grosse tour (« Notice sur la grosse tour du Havre », Abbé Lecomte, 1862.), ce qui paraît accréditer la thèse selon laquelle la tour, achevée ou pas, avait, à cette époque, bel et bien pris du service.

         On ne saurait précisément dire quand lui fut attribué le nom de « Tour François Ier », mais pour les contemporains de Guillaume de Marceilles, le premier chroniqueur du Havre, c’était la « grosse tour ». [3]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Initialement, une deuxième tour devait être construite en face de la première. Faute de capitaux suffisants, c'est finalement une petite tour carrée, la tour Vidame, qui est bâtie. " [1]

     

     

    Ci-dessus, la tour du Vidame (Source : collection Laurent Durel) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

         Construite vers 1560, elle est appelée la tour Vidame, du nom du sieur de Ferrières, vidame de Chartres, gouverneur du Havre, qui l'avait fait édifier. [NdB]

     

         " Elle sera détruite en 1782. La nuit, une chaîne reliant les deux tours empêche le franchissement de l'entrée du port par des navires. " [1]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)    " C’est une évidence, la « grosse » tour François 1er fut incontestablement la première citadelle du Havre, l’élément de base autour duquel s’articulait toute la défense du nouveau port du côté de la mer. L’intention première de son roi fondateur ne semble faire aucun doute à ce sujet. Et puis, pour se convaincre qu’elle a bien constitué, dès les premières heures de son existence, une pièce essentielle dans la vie et dans la défense de la cité, il suffit de se remémorer quelques-uns des nombreux événements qui jalonnèrent sa vie. À commencer par les visites royales. Le premier, à tout seigneur, tour honneur, François 1er, lequel, flanqué de la cohorte de ses officiers, monta sur la plate-forme pour assister, en 1545, au rassemblement de la flotte royale dans la rade. Il lui fut donné d’assister, hélas aussi, ce jour-là, à l’incendie qui dévasta le vaisseau amiral, le « Philippe ». En 1549, c’est son successeur de fils, Henri II, qui rend visite à la tour, accompagné de la reine Catherine de Médicis. (...)

         En 1562, quand les Anglais se rendent maîtres de la ville, répondant aux appels pressants des protestants, l’étendard orné de léopards flotte haut sur la tour. Et, quand, l’année suivante, elle est reprise par les Français, sa muraille, du côté de la mer, est sévèrement endommagée par les coups de canon. Sa remise en état fut la priorité du nouveau gouverneur de la place, le sieur de Sarlabos. Une remise en état qui ne fut pas nécessaire lors des bombardements suivants, lorsque la « grosse tour » eut à nouveau à faire face à l’armada anglaise en 1694 et en 1759, lesquels bombardements firent plus de dégâts en ville que sur la tour. " [3]

     

    La tour côté mer :

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

    Ci-dessus : 1. La tour François Ier en 1840 extrait de http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/22/7649259.html ; 2. Photo extraite de http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/24/7674557.html ; 3. Dessin extrait de http://havreretro.canalblog.com/archives/2007/08/21/5957970.html ; 4. La Tour Francois Ier au Havre. Eau forte (Radierung). Saffrey, Henri Alexandre (1800-ca. 1895): Published by Paris, Cadart & Luce,, 1871 https://www.abebooks.com/art-prints/Tour-Francois-Ier-Havre-Eau-forte/22535381876/bd ; 5. La tour François Ier  ; 6. Entrée du port, par Auguste Jugelet (1805-1875). La tour François Ier  (à gauche), dont le pendant n’a jamais été construit, abritait le mécanisme de la chaîne qui empêchait l’entrée du port. Elle a été détruite à partir de 1860. © Musées historiques de la ville du Havre https://www.paj-mag.fr/2020/01/31/le-havre-architecture-patrimoine-seine-maritime/#fancybox-1 ; 7. Théodore Gudin, Entrée du port du Havre, 1834, huile sur toile, 325 x 253 cm © MuMa http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=frame_img&id_article=254 ; 8. carte postale ; 9. Dessin extrait de la Normandie archéologique et pittoresque ; 10. Document extrait de http://havrencartes.canalblog.com/archives/2017/02/11/34922556.html ; 11. dessin extrait de https://www.herodote.net/8_octobre_1517-evenement-15171008.php

     

    Aignan Lecomte

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Courant mai 1578, Aignan Lecomte, soldat natif de Caen, que l’on dit avoir été Protestant, subissait injustement les vexations du gouverneur de Sarlabos. Excédé par tant d’injustice, le soldat profita, un jour que le détachement dont il dépendait était occupé à diner à l’extérieur de la tour, pour se retrancher dans le lieu, qu’il ferma et défendit avec acharnement, refusant l’ordre qui lui était donné de se rendre.

         Les bourgeois s’inquiétèrent de la situation. Le gouverneur ordonna la reddition du forcené. Il fut décidé d’organiser un assaut en plusieurs points de l’édifice. Un des assiégeants arrivé, par trois grandes échelles liées les unes à la suite des autres, jusqu’à la terrasse de la tour, tua le résistant d’un coup de pistolet. En sorte d’avertissement et de punition, le cadavre d’Aignan Lecomte, jugé comme un traitre, fut attaché par les pieds à un des créneaux durant une journée entière. " [4] 

     

    Ci-dessus, Aignan Le Comte pendu à la grosse tour du Havre en 1578 dessiné d'après un dessin du 18e siècle contenu dans un manuscrit disparu appartenant à l'abbé Jean-Baptiste Lecomte ; dessin de Roessler, Amandus (1845-19..) http://ged.lireauhavre.fr/media/26/22041/;jsessionid=CB2093BFD4CA02F513B9E58BDE732390

     

         " En 1749, c’est Louis XV, cette fois, qui, voulant voir la mer, monte sur la tour, accompagné d’une foule de gens « de distinction. " [3]

     

    Les commandants de la tour

     

        " Le « commandant pour le roi de la tour et de la chaîne » a la responsabilité de la sécurité de la tour et de la chaîne qui barre le port. Il commande des gardes et pour cela, en 1763, il touchait 600 livres par semestre, soit l’équivalent de 120 € par mois !
         Entre 1561 et 1790, 12 commandants ont été répertoriés. La nomination à la fonction de commandant relève des prérogatives du gouverneur de la Ville. Il ne peut donc s’agir d’une charge héréditaire. Cependant on note quelques malicieuses anomalies à ce fonctionnement. Tout commence avec Jean de Boutevillain Desbardins, entré en fonction en 1705. De son mariage avec Marie Charade, il eut une fille, Jeanne-Catherine. Le 25 janvier 1717, Charles Gaulin de Varennes, 44 ans, capitaine d’infanterie, se marie avec Jeanne Catherine de Bouttevillain, 16 ans. Un mois après son mariage, Charles Gaulin, remplace son beau-père dans ses fonctions de commandant de la tour. Le couple eut à son tour une fille Marie Anne Françoise, baptisée le 21 avril 1719. Courant 1748, Pierre Collin, sieur de Beaulieu, major de bataillon, muté à la citadelle du Havre, rencontre la fille du commandant de la tour, qu’il épouse le 2 mai 1748. Un an plus tard, Pierre Collin remplace son beau-père démissionnaire, et devient donc commandant de la tour. "
    [4]

     

         " En 1789, le premier fossé de la tour avait été comblé, nous rapporte Toussaint Bonvoisin et c’est peut-être ce qui explique en partie que, le 15 juillet 1789, les émeutiers havrais purent, assez facilement somme toute, s’en emparer et l’occuper une bonne partie de la journée, avant de l’évacuer et de déposer les armes en fin d’après-midi. " [3]

     

    La tour vue depuis la terre :

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus : à gauche, un dessin extrait de http://havrencartes.canalblog.com/archives/2017/02/11/34922556.html ; au centre, la Tour François Ier au Havre par Eugène Boudin - musée d'art moderne André-Malraux https://zone47.com/crotos/?q=18918074 ; à droite, , L’Hôtel de ville et la tour François Ier par Eugène Boudin, 1856, huile sur bois, 16 x 38 cm © MuMa http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=frame_img&id_article=247

     

    Les signaux

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " C'est dans le dernier tiers du 18e siècle que la terrasse de la tour François 1er se voit augmenté d’un télégraphe optique à bras articulés dit Télégraphe Chappe. Il sera remplacé en 1807, par un autre système optique, plus performant, créé par le capitaine Dupillon. Puis contre toute attente, le ministère de la marine en 1814, fit démonter le système de communication, ce que la Chambre de commerce déplora au plan de la sécurité maritime.

     

    Ci-dessus, la “Grosse Tour” (source : Archives Municipales 5Fi0094) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

        Des essais d’un nouveau télégraphe nautique furent réalisés, en juin 1820. Les frères Luscombe, attachés au bureau de la Lloyd’s, parvinrent à imposer leur procédé. Un ancien mât de navire, de 45 mètres de haut, modifié en conséquence, fut dressé et haubané. Il permettait d’envoyer jusqu’à quatre boules d’une structure en filet, interprétable, par les capitaines des navires en attente au large, pour connaître la hauteur d’eau à l’entrée du port. En 1861, peu avant la démolition de la tour, le mât fut abattu et remplacé par une mâture métallique, placée devant l’ancien monument " [4]

     

         " En 1835, le service des Postes Maritimes quitte la rue de Percanville, dans le quartier Saint-François, pour s’installer dans la tour François 1er. « Le bureau était ouvert depuis le commencement de la marée jusqu’au moment où la sortie des bassins cesse d’être praticable, apprend-on à la lecture d’un ouvrage sur l’Histoire de la Poste au Havre. Un tableau placé à la porte indique le nom et la destination des navires qui doivent appareiller à la marée. (« La poste au Havre des origines à nos jours », Société Philatélique Havraise, 1948.) » Les observateurs auront remarqué que la Bourse des négociants était toute proche. Ce n’était assurément pas anecdotique, et ces messieurs du Commerce, qui étaient les principaux utilisateurs de ces échanges avec l’Outremer, voire les seuls, ont dû tirer bien des avantages de cette proximité. La distribution du courrier se faisait au guichet. Les potentiels destinataires étaient avertis des arrivées de courrier au moyen de pavillons portant numéros ou couleurs différents selon la provenance : Antilles françaises, Bourbon, Indes orientales, New-York…

         Voilà quelques repères historiques aptes à nous permettre d’apprécier combien la « grosse tour » constituait un point d’ancrage essentiel dans l’Histoire de la cité et pourquoi elle était si chère au cœur des « vieux » Havrais. " [3]

     

    Les sous-sols de la Tour François-1er :

     

         " L'étage inférieur de la tour sert de poudrière, mais également de cachot. " [1]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus : à gauche, une vue très rare de la salle intérieure de la Tour François Ier. http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/25/7687083.html ; au centre et à droite, gravures extraites de http://havrencartes.canalblog.com/archives/2017/02/11/34922556.html

      

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Le projet d’édification de la tour François-1er fait clairement apparaître que dès l’origine les salles en sous-sol sont prévues pour conserver les poudres des navires entrant dans le port.
         Les espions anglais sauront s’approprier cette donnée, pour la communiquer à qui de droit. L’information figure en toute lettre sur un plan daté de 1720-1750 sur lequel il est dit que la tour est un abri solide pouvant résister au bombardement et un magasin à poudres.
    Cette destination des pièces en sous-sols comme lieu d’entrepôt va perdurer jusqu’au tout début du 19e siècle.
         Cependant, le plumitif (registre de délibérations) de la commune du Havre atteste que le lieu sert de prison dès 1560. Il sera de nouveau actif au temps de la Ligue et de la Fronde. Plusieurs graffiti, datés permettent de situer la période de présence de certains prisonniers entre 1643 et 1648.
         L’un des derniers prisonniers du lieu fut, sous le règne de Louis XV, M. de Bocandé, dont un officier, désigné geôlier, accompagné d’un caporal et de quatre gardes, lui apportait ses repas, tout en le tenant au secret. Le prisonnier ne fut remis en liberté que par la grâce du gouverneur et du duc d’Harcourt. " [4]

     

    Ci-dessus, plan de la Tour François 1er (source : BNF Gallica) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

    La démolition de la tour (1861-1869)

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Témoin privilégié de tant d’événements-clé de la vie et de la survie du port et de la ville, de leurs combats, de leurs souffrances, de leurs défaites et de leurs victoires, de leurs réussites aussi, la tour fut néanmoins démolie. Pour agrandir l’entrée du port, disaient ceux qui en avaient décidé ainsi. Comme s’il n’y avait aucune autre manière d’élargir l’entrée du port, moins absurde, moins destructrice, et, qui plus est, moins onéreuse. « Malgré son grand âge, en dépit des caresses souvent brutales des navires ( Un morceau de beaupré était longtemps resté fiché dans la muraille de la tour, souvenir laissé par un navire qui, par suite d’une mauvaise manœuvre ou de mauvaises conditions météo, y avait fracassé tout son avant. (Notice sur la grosse tour du Havre, Abbé Lecomte, 1862.), de l’assaut des vagues, des colères des hommes, elle était encore, quand son arrêt de mort fut prononcé, dans un état de conservation qui pouvait vraiment, sans exagération, je vous en fais juge, lui permettre de durer quelque temps encore. », déclarait Philippe Barrey (« À travers Le Havre d’autrefois », Philippe Barrey, Commémoration du IVe centenaire du Havre, 1917.), archiviste de la ville, à l’occasion des commémorations du quatrième centenaire de la fondation du port et de la ville. On commença à la démolir en octobre 1861 et il ne fallut pas moins de 6 années pour en venir à bout. C’est dire si elle était solide et combien ceux qui œuvrèrent à sa démolition en bavèrent des ronds de chapeau pour mener à bien leur funeste entreprise. 

     

    Ci-dessus, la tour François Ier détruite vers 1861 (source : Delcampe) https://medium.com/@clesiusnofolk/le-bacille-deberth-dans-les-souterrains-du-havre-f8487ccbe3a6

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     Louis Brindeau rapporte que l’émotion des Havrais fut si vive à l’époque « que le conseil Municipal, s’alarmant, vota très rapidement une subvention, d’ailleurs insuffisante, pour la reconstruction de la tour en arrière de son remplacement. Mais cette délibération resta lettre morte. (« Le Havre de Grâce et ses navires », catalogue illustré de l’exposition du Port autonome du Havre, 1927.) » Les pierres de la grosse tour seront utilisées à la construction des brises-lames qui, tout compte fait, occupèrent purement et simplement la place ainsi libérée. Sans doute y avait-il moyen d’aménager l’entrée du port sans démolir la « grosse tour ». Mais ceci est une autre histoire… " [3] 

     

    Ci-dessus, document extrait de Havre Libre du 4 janvier 1968 extrait de https://gghsm.forumpro.fr/t11124-la-tour-francois-1er-au-havre-defense-et-prison

     

         " Contrairement aux prévisions du port et des ingénieurs en charge des travaux de destruction de la tour, celle-ci résista aux travaux de rasement et les charges d’explosif furent même utilisées, le 16 décemvbre1861, pour fragiliser le pilier central de la salle d’artillerie.

         Les fondations posèrent encore plus de difficulté. Le travail s’étala de 1862 à 1868. Il fallait en effet extraire les pieux et éliminer les pierres du soubassement. Outre les dragues et les extracteurs, il fallut alors employer un scaphandrier. Un doute persiste quant à l’identité de ce spécialiste. S’agit-il du scaphandrier Pestel ?

         En tout cas le travail a été fait et bien fait avec l’achèvement du chantier le 6 novembre 1868. " [4]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus : à gauche, une photographie de la Tour François Ier en fin de vie, probablement prise vers 1860.Photo extraite de http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/26/7699822.html ; à droite, l’ancienne tour François Ier, photographie ©Archives Municipales http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=etape&id_article=15

     

    Description de la tour François Ier

     

         " La grosse tour s’élevait alors à une hauteur de 30 mètres, pour un diamètre de 25. C’est dire si elle apparaît massive, une impression renforcée sans doute plus encore par l’épaisseur de 6 mètres de ses murs. « Elle est assise autant dedans que hors de terre… Fort épaisse, sa clôture est faite de pierre à demi-boule et pointe de diamant. » (« Mémoires de Guillaume de Marceilles, La première Histoire du Havre », Hervé Chabannes, Jean-Baptiste Gastinne, Dominique Rouet, Yves Boistelle, 2012.) Du côté de la ville, deux ponts-levis enjambant deux petits fossés permettaient d’y accéder (« Histoire, antiquités et description de la ville et du port du Havre de Grâce, avec un traité de son commerce », Jacques-Olivier Pleuvri, 1769.).

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)      Guillaume de Marceilles nous rapporte dans ses « Mémoires » que la statue de François 1er, à cheval et en armes, qui surmontait la porte d’entrée de la tour, était « aujourd’hui (soit quelque 50 années avec l’édification de la dite tour) en la plus part dégradée et endommagée à cause du grand air de la mer. Mémoires de Guillaume de Marceilles, La première Histoire du Havre », Hervé Chabannes, Jean-Baptiste Gastinne, Dominique Rouet, Yves Boistelle, 2012.) Serait-ce cette statue équestre qui a valu à la « grosse tour » son appellation de « tour François 1er » ? Peut-être… Toujours est-il que cette statue resta en place jusqu’au 15 août 1792, si l’on en croit un manuscrit de Toussaint Bonvoisin (« Notice sur la grosse tour du Havre », Abbé Lecomte, 1862.), date à laquelle de zélés révolutionnaires l’ont détruite « Car, en ce temps-là, on traitait partout le roi comme les statues du roi ».

     

    Ci-dessus, on plaça au-dessus de la porte d'entrée de la tour la statue équestre de François Ier. http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/25/7687083.html 

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     Au sommet, sur la plate-forme, avaient été élevées deux petites maisons, servant de corps de garde, et un oratoire qui, si l’on en croit l’abbé Pleuvri, ne fut guère utilisé (« Histoire, antiquités et description de la ville et du port du Havre de Grâce, avec un traité de son commerce », Jacques-Olivier Pleuvri, 1769.). Et il y avait là aussi, pointés sur la rade, 13 pièces d’artillerie qui joueront un rôle capital dans la défense du Havre, face aux Anglais. Mais cette plate-forme, c’était également un point d’observation auquel les Havrais (et les « touristes » ?) pouvaient accéder, en temps de paix, et d’où il pouvait contempler la mer, comme en témoigne Ambroise Joly (« Souvenirs d’enfance et de jeunesse », Ambroise Joly, 1862.) : « La tour François-Ier m’avait toujours fait grande impression, car j’avais connu de bonne heure les principaux événements dont elle fut le théâtre. Ses sombres caveaux, l’escalier conduisant à sa plate-forme crénelée où s’allongeaient de vieilles caronades, parlaient fort à mon imagination de grand enfant ; et, la première fois que, du haut de cet observatoire, je vis la mer, je me souviens combien je fus frappé de son immensité. » En 1825, on installa sur la plate-forme un mât à signaux. Ce premier sémaphore du Havre, même s’il n’en portait pas encore le nom, restera au sommet de la tour jusqu’à sa démolition, en 1862, date à laquelle il fut réinstallé au bout de la nouvelle jetée et où il put reprendre du service.

     

    Ci-dessus, un document extrait de http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/25/7687083.html

     

         Entre ses murs colossaux qui en faisaient une forteresse impressionnante, la première du Havre, se trouvaient une grande salle voûtée de pierres de taille réservée à l’usage des membres de la garnison, plusieurs chambres, une citerne d’eau douce et un magasin où sont stockées les munitions, plusieurs cachots qui furent utilisés comme prison d’état. En 1789, un certain Jean-Pierre Provost, matelot de son état, fit un long et pénible séjour dans l’un de ces cachots pour le seul délit d’avoir été reconnu comme faisant partie de la délégation des manifestants qui s’étaient opposé aux échevins havrais. L’abbé Cochet, qui, visiblement, a eu la possibilité de visiter ces horribles cachots, en a fait une longue description en 1841 : « Armé d’une lanterne et muni d’une permission du génie militaire, je descendis les vingt-deux marches qui conduisent à cet obscur séjour. Mais avant d’en franchir le seuil, avant de remuer les verrous, d’agiter les triples serrures, de faire rouler sur leurs gonds criards les doubles portes de fer, il faut museler le cerbère qui veille nuit et jour dans une embrasure que l’on a pratiquée au bas de la muraille. C’est le triste gardien de cette triste demeure. Il doit avertir son maître au moindre bruit qui retentira sous ces voûtes. Il doit, fidèle écho, redire le moindre murmure que le désespoir fera sortir du cœur des prisonniers. Ses aboiements lugubres annoncent au geôlier le râle de quelque moribond…Notice sur la grosse tour du Havre », Abbé Lecomte, 1862.) » Durant les travaux de démolition de la tour, en 1862, il fut du reste procédé au relevé des empreintes et graffitis qui couvraient les murs des cachots (Noms des prisonniers, dates de leur incarcération et autres « souvenirs »…). [3]

     

    Evocations littéraires

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)    " Elle figure dans les Mémoires de Guillaume de Marceilles (v. 1517-1594) au 16e siècle, dans la première histoire de la ville. Au 18e siècle, la femme de lettres Marie Le Masson Le Golft (1749-1826) lui consacre une description dans son ouvrage Coup d’œil sur l’état présent et ancien du Havre.
         Au 19e siècle, la tour est notamment évoquée par Gérard de Nerval (1808-1855) lorsqu’il relate son voyage vers l’Angleterre. (...)

     

    Ci-dessus, Joseph Mallord William Turner The Tower of François I at Le Havre, Normandy https://www.tate.org.uk/art/artworks/turner-the-tower-of-francois-i-at-le-havre-normandy-d24647

     

         Stendhal (1783-1842) évoque Le Havre dans Mémoires d’un touriste. Son personnage contemple la ville depuis la tour François 1er, qui se trouvait à l’entrée du port jusqu’en 1861.

         « Ma première sortie a été pour la plate-forme de la tour de François Ier […] En faisant le tour de l’horizon avec ma lorgnette, j’ai découvert le charmant coteau d’Ingouville que j’avais parfaitement oublié ; il y a plus de sept ans que je ne suis venu en ce pays.
         J’ai descendu deux à deux les marches de l’escalier de la tour, et c’est avec un plaisir d’enfant que j’ai parcouru la belle rue de Paris qui conduit droit à Ingouville. Tout respire l’activité et l’amour exclusif de l’argent dans cette belle rue ; on trouve là des figures comme celles de Genève : elle conduit à une place qui est, ce me semble, l’une des plus belles de France.
    » Stendhal, Mémoires d’un touriste, 1838. Citation extraite de Voyage en France, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p. 337. (...)

         Elle figure également dans les premiers guides de voyage de l’époque romantique, tels ceux rédigés par Abel Hugo (1798-1855), frère du poète, dans La France pittoresque, ou par Joseph Morlent (1793-1861) [voir ci-après], figure locale, dans son Voyage historique et pittoresque du Havre à Rouen. Jules Janin (1804-1874) dépeint aussi la tour dans son Voyage de Paris à la mer. " [2]

     

    Joseph Morlent, 1841 :

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Située à l'entrée du port, sentinelle séculaire pour signaler la première vue du navire qui point à l'horizon, couronnée de drapeaux de diverses couleurs, lettres pittoresques d'un savant alphabet dont elle forme la langue mystérieuse au moyen de laquelle elle s'entretient avec les navires qui demandent un abri dans le port ; crevassée par les assauts que lui livre l'Océan, depuis qu'elle lève sa large tête au-dessus de ses flots, portant aussi les marques de cicatrices plus glorieuses, la tour de François Ier, les pieds profondément enfoncés dans la mer, toute empreinte de cette inimitable couleur des siècles semble comme le bouclier de la ville qu'elle a vue naître ou grandir. Bâtie par le fondateur du Havre, dont la statue équestre surmontait autrefois une de ses portes, elle en a religieusement gardé le nom ; muet témoin des événements qui composent l'histoire de la cité qu'elle défend, elle est la vieille page écrite avec de la pierre, immuable quand tout change autour d'elle ; seul monument qui rappelle avec force le souvenir de ses premiers jours, à cette ville renouvelée, à cette ville moderne, entraînée tout entière par ce présent rapide qui absorbe toute l'activité de sa pensée !
         « Pénétrez dans ses vastes flancs, sous cette voûte annulaire qui en soutient la plate-forme, et vous ne serez plus étonné de la solidité de l'édifice, lorsque vous aurez vu l'épaisseur de ses murailles. Rarement le doux éclat du jour vient dessiner les contours de cette colonne sur laquelle s'appuient d'humides arceaux, et si quelquefois un rayon du soleil s'y égare, c'est pour rendre plus sensible la nuit éternelle qui a fixé là son empire.

         Citadelle isolée d'abord au sein des eaux, cette tour eut son commandant spécial, sa garnison et son artillerie ; mais conquise un beau matin par un seul homme, soldat intrépide qui s'y enferma et y, soutint cependant un siège de quelques heures contre douze cents fantassins armés de pied en cap, elle rentra modestement dans le système des fortifications de la place, auxquelles, bon gré malgré, elle fut accolée. L'arbitraire s'en servit ensuite pour plonger dans ses caveaux infects les victimes qu'il entassait pêle-mêle aux temps de la Fronde et de la Ligue. Les gémissements de la douleur ne retentissent plus dans ses solitudes que le bruit de l'Océan a seul le droit de troubler aujourd'hui. »
         Du sommet de cette tour le point de vue est admirable ; c'est le centre d'un des plus beaux panoramas du monde. A l'est, le regard plonge sur la Seine, qui rubanne entre les collines d'Honfleur et d'Orcher ; du midi au couchant, les côtes du Calvados; au nord-ouest, le prolongement de ces mêmes côtes qui forme une ligne bleue à l'extrémité de laquelle se termine la presqu'île du Cotentin ; en face du spectateur les deux rades du Havre, étoilées de navires aux blanches voiles ; au nord la Manche, dont l'azur reflète le promontoire de la Hève, ses deux phares et sa crête verdoyante, puis les coteaux d'Ingouville et de Graville sur lesquels s'échelonnent de gracieux pavillons, des terrasses fleuries, des bouquets d'arbres, et au bout de cette ligne montueuse le clocher de l'ancienne abbaye, assis sur les ruines d'un temple romain.
         Baissez les yeux et regardez à vos pieds : c'est l'avant-port, ce grand chemin de l'univers maritime, cette voie étroite, sillonnée par tant de navires au moment de la pleine mer ; suivez ses contours sinueux, et votre vue va s'égarer sur une forêt de mâts, de tubes fumans, sur tout ce qui fait enfin la splendeur de la Marseille du Nord.
    "
    [5]

     

    Ci-dessus, Le Havre au 16ème siècle avec la Tour Saint François... actuellement le bout du quai Southampton© Gilles Anthoine https://www.tendanceouest.com/actualite-230875-le-havre-decouvrir-les-origines-du-havre.html

     

    La tour vue depuis le port :

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    Ci-dessus de gauche à droite : 1. Edouard Adam (1847-1929), Le remorqueur Jupiter et voilier norvégien près de la Tour Saint François au Havre, huile sur toile, signée, datée 1872 et située Le Havre - 60 cm x 92 cm https://www.invaluable.com/auction-lot/edouard-adam-1847-1929-le-remorqueur-jupiter-et-v-14-c-77c49e8a0c ; 2. un document extrait de http://havrencartes.canalblog.com/archives/2017/02/11/34922556.html ; 3. entrée au Havre d'un trois-mâts américain, devant la Tour François Ier  (huile sur toile, 1880, du Peintre de Marine havrais Edouard Adam https://www.cargos-paquebots.net/Navires_et_Histoire/GPMH_Histoire/01-GPMH_Histoire.htm ; 4. Hâvre vue de la tour et de l’entrée du port, 1825, Gravure couleur, Thales Fielding, extrait de Voyage pittoresque dans les ports ©Bibliothèque Armand Salacrou http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=etape&id_article=15

     

    La légende des frères Raoullin

     

        " Un auteur havrais, nommé Léon Braquehais, publia le récit légendaire suivant : Le 16 mars 1599, le lieutenant Goujon voulut incarcérer les trois frères Raoullin dans les prisons de la tour François- 1er. Ceux-ci ayant manifesté une forte résistance en tuant plusieurs soldats, trouvèrent eux-mêmes la mort dans le combat à l’épée qu’ils menaient.

         Voici une autre version : Jean-Claude Raoullin avocat de son état, avait trois fils Isaïe, Pierre et Jacques. Quand vint le jour de leur donner un avenir, le père alla présenter ses fils au gouverneur, le duc de Villars, que ce dernier incorpora dans la garnison du Havre. Le gouverneur qui souhaitait agrandir ses propriétés, s’adressa à l’avocat Raoulin pour porter l’affaire en justice, afin qu’elle tourne en sa faveur. Mais l’avocat refusa toute compromission. Les fils qui avaient été admis dans l’entourage du duc, et dont l’un d’eux tomba amoureux de la jeune épouse du gouverneur, se virent dès lors refuser l’accès des appartements. Un jour, le duc, rentré plus tôt d’un conseil de ville, découvrit que sa femme le trompait, sans parvenir à identifier lequel des trois frères était coupables. Le lendemain il fit convoquer les fils de l’avocat et sous prétexte d’une rébellion à un ordre inacceptable, le duc fit assassiner les trois frères. " [4]

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

     Ci-dessus : au centre, un plan extrait du cadastre napoléonien du 19e siècle, Archives de la Seine-Maritime,http://www.archivesdepartementales76.net/ ; à droite, plan et coupe de la Tour François 1er et du magasin à poudre en 1774, plan aquarellé ©Archives Municipales http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=etape&id_article=15

     

    Une vidéo :

     

     

    Et les remparts de la ville ?

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Près de la chapelle en bois du quartier de Notre dame, l’on fait élever une tour en pierre de taille (1540). Cette tour servira de clocher par la suite, mais n’oublions pas que sa vocation première demeure militaire.

     

    Ci-dessus, la ville, ses remparts, et la citadelles (source : Archives Municipales 5Fi88) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) François premier, veut donc que notre « Bonne » ville du Havre soit une forteresse. A défaut de la doter de remparts digne de ce nom, il la fait retrancher avec un système de talus et de terrasses.
         En 1547 François Ier meurt, Henri II prend sa succession et entreprend de remplacer les retranchements par de véritables remparts. Qui dit remparts dit portes : Les portes du
    Perrey et d’Ingouville viennent compléter l’ouvrage défensif, déjà doté de la porte de l’Eure.

     

    Ci-dessus : à gauche, vue du Havre de Grâce, gravure de Hieronymus Cock, vers 1563, dans Le Havre d’AutrefoisReproductions d’Anciens Tableaux, Dessins, Gravures et Antiquités se rattachant à l’histoire de cette ville, Le Havre, Imprimerie du Commerce, 1883, Le Havre, archives municipales. © Archives municipales – Le Havre https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil-2017/26287406 ; à droite, le plan Lamandé adopté (source : Archives Municipales 1Fi219) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

         En 1563, le sieur de Ferrières, vidame de Chartres et gouverneur de la ville estime qu’une seconde tour à l’entrée du port renforcerait la sécurité militaire. Entre ces deux tours, l’on tendait une chaîne pour interdire l’accès du port au navire.

         Coligny devient gouverneur de la place du Havre. En 1564, les protestants chassent les catholiques du Havre. Pour ce faire, ils demandent l’aide des anglais, qui ne se font pas prier deux fois pour débarquer au Havre avec leur armée dont le comte Warwick est à la tête. (6 000 fantassins et 300 cavaliers). Seulement voilà, maintenant que les catholiques sont hors de la ville, les anglais exigent des Huguenots (protestants français) qu’ils prêtent serment d’allégeance à la reine d’Angleterre. La traîtrise des huguenots aura ses limites, et ils seront à leur tour chassés de la ville par les Anglais. Le comte de Warwick fortifie la cité en la dotant notamment d’un fort et de quelques bastions. La tour de l’église de Notre Dame servira à bombarder les assaillants français.

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     Il faudra que le roi lui même, Charles IX, alors âgé d’une dizaine d’années, se déplace avec sa cour tout entière. Le connétable de Montmorency, à la tête des troupes de Charles IX chasse les anglais du Havre. Le fort Warwick est détruit, et la tour de l’actuelle cathédrale du Havre est rabaissée de 30 mètres. C’est pour cette raison que notre belle cathédrale n’a pas de flèche gothique.

     

    Ci-dessus, plan du Havre et du Fort de Warwick (source : Archives Municipales 1Fi227) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)     " Pour se défendre et surtout se protéger de la menace anglaise, Charles IX fait ériger une citadelle au Havre en 1564. En 1628, jugeant la première citadelle trop peu sûre, le cardinal Richelieu, alors gouverneur du Havre, la fait détruire et en fait reconstruire une autre au même emplacement. Celle-ci devait défendre le port et protéger l'entrée du port. On procéda à sa démolition en 1865. Il fut creusé le bassin du même nom à son emplacement. " [8]

     

    Ci-dessus, la Citadelle ( source : collection Laurent Durel) https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

     

         Et puis c’est le 18e siècle. La ville étouffe, elle est à l’étroit… Il faut repousser les remparts. C’est un travail pharaonique qui s’engage. Construire de nouveaux remparts dans un premier temps et détruire les anciens enfin.

         En 1810 l’Empereur Napoléon avait ordonné que les remparts du Havre soient fortifiés davantage, renforcés.

         Le 2 Juillet 1852 les remparts sont condamnés. Il est acté qu’ils seront détruits et que les communes d’Ingouville, Graville, et Sanvic seront annexées. En 1854 les remparts ne sont plus.

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

         La ville sera dotée de quatre forts qui viendront la protéger.
         Le Fort de Sainte Adresse gardera un œil sur une menace venant de la mer.
         Le Fort de Tourneville gardera un œil sur une menace venant du Nord.
         Le Fort du Mont Joly servira de garnison ( au même titre que Tourneville).
         Le Fort des Neiges (ou de l’Eure selon votre école) gardera un œil sur une menace venant des marais de l’est. De petits ouvrages complémentaires comme des bastions ou des batteries viendront compléter ce vaste dispositif défensif. " [6] 

     

    A proximité

     

    LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime) LES REMPARTS DU HAVRE (Seine-Maritime)

     

    O Le château des Gadelles ou Château Dumont :

         " L'architecte parisien Pierre-Edouard Dumont s'assure la collaboration de l'architecte Henri Toutain pour construire de 1886 à 1894 le pavillon d'entrée de son château, dont il fait une conciergerie-bibliothèque. L'élévation principale est ordonnancée selon le modèle de l'Arco de Santa Maria de Burgos, édifié par Charles Quint vers 1536. Le décor sculpté est d'inspiration Renaissance (colonnes à chapiteaux corinthiens surmontant des pilastres adossés, gargouilles, pots à feu, porte-drapeaux en ferronnerie, etc.). Les structures métalliques de la couverture sont de Gustave Eiffel. Le logis proprement dit ne sera jamais réalisé. L'édifice a été restauré en 1996. " [7]

         Protection : inscrit MH 1997/08/06

     

    Sources :

     

    [1] Extrait deWikipédia

    [2] Extrait de http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=etape&id_article=15

    [3] Extrait de http://havrencartes.canalblog.com/archives/2017/02/11/34922556.html

    [4] Extrait de https://archives.lehavre.fr/archives_municipales/tour-francois-1/les-tourments-de-la-tour.html

    [5] Extrait de Album du voyage au Havre et aux environs par Joseph Morlent - [Le Havre] : Impr. Alph. Lemale, [1841] http://www.bmlisieux.com/normandie/havre01.htm

    [6] Extraits de https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

    [7] Extrait de https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA76000029

    [8] Extrait de http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/21/7636818.html

     

    Bonnes pages :

     

    O Notice sur la grosse tour du Havre, dite depuis la tour François Ier, par M. l'abbé Jean-Baptiste Lecomte – Editeur (Havre) 1862 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6532950v.r=%22tour%20Fran%C3%A7ois%20Ier%22?rk=42918;4

    O https://archives.lehavre.fr/archives_municipales/tour-francois-1/les-tourments-de-la-tour.html#reperage-et-construction

    O http://havrencartes.canalblog.com/archives/2017/02/11/34922556.html

    O http://www.promenadelitteraire-lehavre.fr/spip.php?page=etape&id_article=15

    O https://medium.com/@clesiusnofolk/les-remparts-du-havre-110febdb1efd

    O http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/01/24/7674557.html

    O http://lehavredavant.canalblog.com/archives/2008/10/22/11055471.html

    « LES REMPARTS DE POMMEREUIL (Eure)LES REMPARTS DE NONANT-LE-PIN (Orne) »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :