Ci-dessus, à droite, une photo extraite de http://tourisme.aidewindows.net/torteval-quesnay.htm

La Baronnie de Torteval

     « Les bâtiments sont situés dans le département français du Calvados, à Aurseulles, sur le territoire de la commune déléguée de Torteval-Quesnay, à 150 mètres au nord de l'église de Torteval. (…)

     Torteval est attesté sous les formes Torta Vallis en 1077, Tourtavallis au 14e siècle. » [1]

     L’« entrée monumentale fait plus penser à une baronnie militaire, première vocation du bâtiment, qu’à un prieuré. Elle est accostée de deux tours à toit en poivrière. La baronnie de Torteval est un fief qui s’étend de Foulognes à Amayé-sur-Seulles et qui compte, à l’époque des biens très rémunérateurs comme des dîmes, des moulins et des rentes. La Baronnie fut donnée à l’abbaye de Caen par le duc Guillaume de Normandie. Arnaud de Torteval est mentionné comme compagnon de Guillaume le Conquérant lors de son conflit avec l’Angleterre. » [2]

Ci-dessus, porterie de la baronnie de Torteval à Torteval-Quesnay Dorbon (actif vers 1920) Photo (C) Ministère de la Culture -Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Dorbon - https://www.photo.rmn.fr/archive/09-508898-2C6NU093UR0G.html

     Au cours de sa chevauchée en France en 1346, le roi Edouard III est à Torteval le 24 juillet et à Villers-Bocage qui est prise. Le 26 juillet, il arrivera devant Caen qui sera prise à son tour et pillée. [NdB]

     « À la fin du 15e siècle, la baronnie militaire est transformée en prieuré par M. Martigny, administrateur des biens de l’abbaye de Caen. » [2]

Plan de situation de la Baronnie à Torteval-Quesnay ; blason de M. de Martigny administrateur des biens de l'abbaye de Caen et évêque de Castres. Ce blason figurait sur le fronton de la porte.

Ci-dessus ; à gauche, la baronnie de Torteval par Ikmo-ned — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50505005 ; au centre, une photo extraite de https://www.paysdevire-normandie-tourisme.fr/loisir/la-baronnie-de-torteval/ ; à droite, une photo aérienne extraite du site Géoportail.

Histoire

     « Il y avait à Torteval une baronnie fort ancienne : c'était un fief de haubert, qui s'étendait sur Foulogne et sur une partie d'Amayé ; elle avait été donnée à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen, par le duc Guillaume, son fondateur. Les biens qui dépendaient de cette baronnie étaient considérables et consistaient en dîmes, terres de labour, bois, moulins et rentes seigneuriales. » [3]

     « M. de Martigny administrateur des biens de l'abbaye de Caen et qui, à ce titre, transforme le bâtiment en prieuré, pose ses armes d'évêque de Castres sur le fronton de la porte. L'écusson est martelé après la révolution, vers 1798. Le domaine est vendu comme bien public et devient une ferme jusqu'en 1946. En 1947, la propriété est saisie par l'état et vendue par le tribunal de Bayeux. De 1947 à 1957 les lieux restent à l'abandon, aux mains de différents propriétaires. » [4]

Ci-dessus : à gauche et à droite, plans extraits du cadastre napoléonien de 1831 ; Archives du Calvados, https://archives.calvados.fr/

Description

Arcisse de Caumont, 1857 :

     « Les bâtiments de la baronnie ou prieuré de Torteval présentent un carré autour d'une cour de même forme : l'entrée principale est au Nord ; le côté de l'Est est occupé par une chapelle orientée, et par une ligne de bâtiments qui ont dû servir à l'habitation ; au Sud, c'est-à-dire à l’extrémité qui sait face à la porte d'entrée , est un bâtiment garni de contreforts qui servait de grange, mais dans lequel les restes d'une grande cheminée paraissent indiquer une autre destination dans l'origine. Les bâtiments qui existaient à l'Ouest de la cour ont été, depuis la Révolution, remplacés par une maison d'habitation moderne. Le tout était, de deux côtés, défendu par des étangs et par la pente du terrain. M. Bouet vient de dessiner l'ensemble de ces bâtiments, qui est très pittoresque, surtout quand on se place au Nord-Ouest au-delà de l'étang.

     Voici l'esquisse de la porte d'entrée, placée, comme celle des châteaux de la même époque, entre deux tours à toits coniques, dans un pavillon. Cette entrée a été construite, à la fin du 15e siècle, par M. de Martigny, évêque de Castres, auquel on devait aussi, à l'abbaye de St-Étienne, le palais abbatial détruit il y a quelques années.

         Cette entrée de la baronnie de Torteval est vraiment monumentale, et les tours cylindriques indiquent la puissance féodale attachée à la possession de la baronnie. Elle diffère en cela de l'entrée d'un prieuré ordinaire, dont la porte n'est pas flanquée de tours comme celle-ci. 

     Une belle fenêtre, à croisée de pierre, éclaire l'appartement qui surmonte la porte. Des hermines et des fleurs de lis couvrent les murs et le fronton, dont les rampants sont garnis de feuilles frisées.

     L'écusson de l'évêque de Castres occupe le centre du fronton sur la fenêtre ; il est supporté par deux anges, et au-dessus existe une niche assez élégante, maintenant dépourvue de statue. Deux autres niches existent près de la fenêtre, qui est encore flanquée de deux clochetons ou aiguilles en encorbellement, d'un excellent effet.

     La chapelle est tout entière du 13e siècle, éclairée par des ouvertures en lancettes, sous colonnes, semblables à celle-ci. Trois de ces ouvertures sont placées au chevet, selon l'usage habituel.

     Les bâtiments qui font suite à la chapelle existaient, je crois, dès le 13e siècle ; mais ils ont été percés de fenêtres au 15e ou au 16e, très probablement à l'époque où la porte d'entrée fut construite : aucun d'eux n'est voûté. Ce fut probablement l'évêque de Castres qui, en même temps qu'il bâtit l'entrée, fit des réparations considérables aux constructions qui formaient l'entourage de la cour.

     La baronnie de Torteval appartient à Mme. veuve Deslongchamps, qui habite Bayeux.

     La chapelle, sous l'invocation de saint Blaise, fut interdite au commencement du 18e siècle.

     Torteval est une des plus grandes communes du département. On y voyait des landes considérables (3 590 vergées) qui ont été défrichées. On citait comme un des plus étendus de la Basse-Normandie, l'étang du Blanc-Vivier, près de l'église et au Sud-Est de la baronnie, qui n'avait pas moins de 60 vergées ; il a été desséché et converti en prairie, mais l'ancienne chaussée qui retenait les eaux, sert de chemin pour aller à l'église. Il reste encore un petit étang au Nord-Ouest de la porte d'entrée. » [3]

Ci-dessus, trois dessins extraits de ce même article issus de la Statistique monumentale du Calvados.

     « L'église est immédiatement voisine de la Baronnie (15e siècle) dont l'entrée monumentale fait plus penser à une baronnie militaire, première vocation du bâtiment, qu'à un prieuré. Elle est accostée de deux tours à toit en poivrière, un cadran solaire figure sur la poterne. Il est fixé entre deux pierres de la chaîne d'angle. La porterie avec tourelles est inscrite à l'inventaire des monuments historiques. (...)

     Le chemin qui mène de la Baronnie à l'église emprunte l'ancienne chaussée de l'étang du Blanc-vivier dont il ne reste que de beaux vestiges mais qui, originellement passait pour l'un des plus étendus de basse Normandie. » [4]

Protection

     « Porte d'entrée : inscription par arrêté du 3 novembre 1927. » [5]

A proximité

     O « Notre-Dame de l'Assomption de Torteval, d'origine romane et entourée d'un cimetière avec un if séculaire, caractéristique des cimetières normands et anglais, a été construite du 13e au 14e siècles.

     Elle possède une nef romane qui a conservé au nord et partiellement au sud, de remarquables fenêtre étroites en forme de meurtrière. Le sommet de ces ouvertures est constitué d'une seule pierre dans laquelle on a tracé un cintre et des claveaux, au moyen de sillons en creux qui devaient être teintés en rouge, système de décoration répandu dans la contrée.

     De chaque côté, nord et sud, de la nef et du chœur (en partie reconstruits), il existe de 40 à 50 modillons, certains séparés de la corniche par des prolongements et décorés tous de manière différente : animaux, motifs géométriques, sans doute blasons, faces humaines montrant parfois difformités et maladies remarquables, par exemple paralysie faciale. L'église est précédée par une tour-clocher à trois niveaux surmontés d'un toit en bâtière. Elle est soutenue par de puissants contreforts. Les vitraux sont posés après la Seconde Guerre mondiale. L'église abrite des fonts baptismaux du 18e siècle réalisés en pierre et en bois doré, et comporte un retable fin de l'époque classique, un antependium et un tabernacle peints par Élie Jean. Le mobilier compte aussi une vierge à l'enfant et un tableau du 17e, une statue en pierre d'un évêque, probablement Saint Blaise (l’eau d'une source voisine passe pour guérir les maux de gorge). » [4]

Sources :

[1] Extrait de Wikipédia

[2] Extrait de  file:///C:/Users/Gilles/AppData/Local/Temp/Sentier%20N%C2%B057_La%20Baronnie%20de%20Torteval.pdf

[3] Extrait de la Statistique monumentale du Calvados, Volume 3, par Arcisse Caumont - Derache, 1857 https://books.google.fr/books?id=-tsDAAAAYAAJ&pg=PA278&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

[4] Extrait de https://www.aurseulles.fr/d%C3%A9couvrir-aurseulles-1/anciennes-communes/torteval-quesnay/

[5] Extrait de https://monumentum.fr/baronnie-torteval-pa00111752.html

Document ci-dessous extrait de https://www.sauvegardeartfrancais.fr/wp/wp-content/uploads/torteval-quesnay-c12.pdf