Ci-dessus : à gauche, une photo extraite de http://etudiant.aujourdhui.fr/etudiant/sortie/jep-visite-guidee-du-manoir-du-bois-baril-journees-du-patrimoine-2018/flyer.html ; au centre, une photo extraite de http://www.amse.asso.fr/article/journees-du-patrimoine-2008-1 ; à droite, une photo aérienne extraite de Géoportail.

 

      « La Barre en Ouche se situe sur l’ancienne voie romaine qui reliait Dreux à Lisieux et Caen. Le nom de la commune viendrait du celtique. Il désignerait une barrière, une clôture, en bref tout obstacle ou lieu où l’on devait s’arrêter et payer un péage. » [1]

 

     « Le manoir du Bois-Baril est un château bâti au lieu-dit Le Bois-Baril, à la Barre-en-Ouche, dans le département de l'Eure, en région Normandie, en France. La construction du manoir du Bois-Baril date du 16e et 17e siècle. Le manoir est entouré de douves en eau. Ses fondations remonteraient à la fin du Moyen-Age. » [2]

 

     On y trouve également divers bâtiments construits autour d'une vaste cour d'exploitation agricole : corps de logis, grange et colombier. [NdB]

 

   

 

Plan de situation du manoir de Bois-Baril sur la commune de la Barre-en-Ouche. Blason de la commune de La Barre-en-Ouche extrait de https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_ville_fr_La_Barre-en-Ouche_(Eure).svg

 

Histoire

 

     « Les fondations du manoir remonteraient à la fin du 15e siècle. L'édifice actuel fut construit durant les 16e-17e siècles par la famille Poisson. » [3]

 

Ci-dessus : à gauche, un plan extrait du cadastre napoléonien de 1833, Archives de l'Orne, https://archives.orne.fr/ ; à droite, une photo aérienne extraite du site Google Earth.

     

   « En 1261, il y avait à Glos un fief du Bois-Baril : « feodum de Bosco Baril. » (…)
     Dans le registre de Philippe-Auguste, on voit figurer Guillaume « de Bosco Baril » et un lieu appelé le Bois-Baril : « apud Bois Baril. »
Seigneurs du Bois-Baril : - 1497, Guillaume Poisson ; 1537-1545, le Melotier (sic) Poisson ; 1573, Christophe Poisson ; 1652, Gabriel le Mantel, jusqu’en 1670 ; 1682, Louis Courtier, chevalier.
Le Bois-Baril a été réuni à la Barre en 1792. » [4] 

 

     « Lors de la rédaction du registre de Philippe-Auguste, on y inscrivit que Nicolas de Bonneville et Guillaume d'Ambenay avaient un fief au Bois Anzeray, un autre à Launay et un troisième à Bois Baril.

       En 1469, Guillot Grouart était tenant du fief du Bois Baril. La famille Poisson paraît à la fin du 15e s., en 1497 Guillaume Poisson est seigneur de Bois Baril. Lors de la montre de 1469, il avait à sa suite Jehan Loret.

 

     En 1562, lors de la taxe des francs-fiefs, les hoirs de feu Pierre Loret avaient la seigneurie de la franche vavassorie des Métairis, taxée à 16 l.

     En 1605, d'après un aveu rendu par Jean Poisson, seigneur du Bois Baril, le fief du Bois Baril s'étendait sur Bois Anzeray et avait manoir et motte, plusieurs corps de logis, un portail et un pont en bois. L'enclos était entouré de fossés profonds pleins d'eau.

     Jean Poisson mourut sans enfant, et sa sœur Suzanne porta le fief en dot à Jacques le Mansel, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, qui donna son aveu le 5 juillet 1635, Gabriel le Mansel, fils de Jacques, l'avait remplacé en 1652. La terre du Bois Baril fut décrétée en 1674 et achetée par Louis Courtin, chevalier qui présenta à la cure en 1682. (…)

     Dans le 18e siècle, le Bois Baril devint, avec la seigneurie de Saint Jacques de la Barre la propriété de M. de Heulland, il passa ensuite au marquis d'Epinay-Saint-Luc.

        Sur le territoire du Bois Baril, et relevant de ce fief, existait jadis une vavassorie noble appelée les Métairies. » [5]

 

Ci-dessus, une photo extraite de http://www.amse.asso.fr/article/journees-du-patrimoine-2008-1

 

 

Ci-dessus : à gauche et au centre deux photos extraites de https://caue27.fr/douves-mares-seigneuriales/ ; à droite, une photo extraite de http://www.amse.asso.fr/article/journees-du-patrimoine-2008-1

 

Description

 

        « Situé entre La Barre et Chambord, le manoir est au centre d'une vaste ferme. Il borde un îlot carré avec ses échauguettes aux angles. Selon La Varende, c'est le parfait prototype de l'habitation hobereaute aux 16e et 17e siècles. » [5] 

 

 

Une photo extraite de http://www.amse.asso.fr/article/journees-du-patrimoine-2008-1

 

      « Les « mottes castrales » ont évolué au cours du Moyen-Age développant une fonction résidentielle et s’adaptant à l’art militaire de chaque époque. Conçues à l’origine selon un dessin circulaire, leurs douves suivent des tracés plus linéaires avec la généralisation des constructions de pierre.

     Le manoir du Bois-Baril (16e et 17e siècles) est un bel exemple de ces implantations seigneuriales où le corps de logis est séparé de sa « basse-cour » par une douve en eau large et quadrangulaire. Tourelles d’angles et pont-levis complètent le dispositif défensif et affirment le statut aristocratique de leur propriétaire. » [6] 

 

 

 

Ci-dessus : les trois photos de droite sont extraites de http://www.amse.asso.fr/article/journees-du-patrimoine-2008-1

 

       « Entouré de larges douves, le manoir présente un corps de logis seigneurial cantonné de tourelles en briques. Les façades sont construites en moellons de grès, en silex taillé et en grison (pierre caractéristique du pays d'Ouche). La variété des matériaux et de leur mise en œuvre (chaînes, appareillage en damier) sont dus aux nombreuses reprises sur l'édifice. Au début du 18e siècle, le manoir a été restauré en y intégrant en partie haute des pans de bois avec un remplissage au tuileau. Les dépendances (granges) superposent la pierre en partie basse avec des pans de bois pour les niveaux supérieurs. Le colombier octogonal, dont il subsiste les murs, se distingue par la qualité de sa mise en œuvre avec des maçonneries mêlant chaînes en pierre de taille et briques. » [3]

 

Ci-dessus : à gauche, le manoir du Bois-Baril à la Barre-en-Ouche : colombier par Maillard, Marcel (1899-1977) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10587148j.r=%22La%20Barre-en-ouche%22?rk=42918;4 ; à droite, une photo du colombier extraite de http://www.amse.asso.fr/article/journees-du-patrimoine-2008-1

 

  

 

A proximité :

 

La Barre-en-Ouche, une enquête : où se trouvait le château de la Barre ?

 

        « Près de la voie romaine, qui passe dans cette commune, se trouvait l'ancien château des seigneurs de La Barre, dont l'emplacement est facilement reconnaissable*. L'un de ces seigneurs, Luc de La Barre, défendit courageusement Pont-Audemer contre Henri 1er, roi d'Angleterre. » [7] 

 

 

 

Ci-dessus : plan extrait du cadastre napoléonien de 1833, Archives de l'Orne, https://archives.orne.fr/ On y retrouve en bas à droite, le manoir de Bois-Baril et différents autres sites cernés de douves.

 

       Reconnaissable* ?... Après étude de la carte IGN et du cadastre napoléonien, deux lieux semblent convenir au site du château de la famille de la Barre. Le premier es trouve au sud du bourg et le second est situé au nord, au lieu-dit « le Manoir ». Trois cartes postales concernent ce lieu et lui donnent le nom de « manoir de Luc ». Un Luc de la Barre est connu pour avoir subi un triste sort en 1124, voir ci-après… [NdB]

 

Ci-dessus : le Manoir situé au Nord de la Barre-en-Ouche. On distingue la motte fossoyée, plan extrait du cadastre napoléonien de 1833, Archives de l'Orne, https://archives.orne.fr/

 

 

         « A l’époque de Guillaume le Conquérant, la famille « de la Barre » régnait dans leur « château féodal ». Le plus connu de ces seigneurs était Luc de la Barre, fils de Simon et petit fils de Robert 1er. Il accompagna Guillaume le Conquérant dans la campagne d’Angleterre en 1066. Luc de la Barre, guerrier et poète, joua un rôle parmi les seigneurs normands révoltés en 1124 contre le roi d’Angleterre Henri Ier. Il composa notamment des chansons satiriques. Fait prisonnier lors de la bataille de Bourgtheroulde, il fut condamné à avoir les yeux crevés. Désespéré dans sa prison on dit que le malheureux préféra se fracasser la tête contre les murs de son cachot que de survivre à un pareil supplice. » [1] 

 

     « Luc de la Barre, seigneur de la Barre, fut victime de la cruauté de Henri Ier d'Angleterre. En 1122, plusieurs seigneurs normands se liguèrent contre Henri Ier. Le roi battit les ligueurs à Bourgtheroulde et fit prisonniers nombre de rebelles, dont Geoffroy de Tourville, Odoard du Pin et Luc de la Barre qui, outre le délit de rébellion, était accusé d'avoir tourné en ridicule le monarque dans plusieurs sirventes. Henri résolut de faire comparaître devant lui, à Rouen, ces trois prisonniers quelques jours après la Pâque de l'an 1124 et il les condamna à perdre les yeux. Quand Charles, comte de Flandre, osa avancer au roi qu’il n’était pas d’usage de châtier les chevaliers vaincus d’une façon aussi monstrueuse, Henri lui répondit : je vais vous prouver qu’en ceci je ne fais que justice. Godefroy et Odoard étaient mes hommes. Ils ont rompu leur foi, violé leur serment de fidélité : et voilà pourquoi ils méritent ou la mort ou au moins d’être punis par la perte d’un membre. Quant à Luc de la Barre, il a fait plus et a chanté publiquement d’injurieux sirventes. Mais, quand les bourreaux saisirent Luc de la Barre pour l'aveugler, il aima mieux se fendre la tête contre les murs, que d'être la victime de la cruauté du roi. » [2]

 

La famille de la Barre

 

        « Jean de la Barre, chevalier banneret de Normandie, était à la prise de Jérusalem en 1099. Robert de la Barre, contemporain de Guillaume le Conquérant, était vassal de Guillaume Fitz-Osbern, seigneur de Breteuil.
     Son petit-fils Luc de la Barre, un des plus valeureux chevaliers de son temps, était poète. Henri 1er d'Angleterre, blessé par une de ses poésies, lui fit crever les yeux et l'enferma au Château-Gaillard, où, fou de douleur, il se brisa la tête contre les parois rocheuses de son cachot.
     Roger de la Barre, frère puiné de Luc, fut le père de Richard de la Barre, chancelier d'Henri II d'Angleterre, en 1173, tige d'une branche anglaise éteinte au 19e siècle. Osmond de la Barre, Mathieu de la Barre figurent dans des chartes signées au Petit-Andely en 1210 et 1260. Wilbert de la
Barre est maire de la ville d'Eu en 1224 ; Olivier de la Barre, chevalier, figure dans un rôle d'hommes d'armes en 1276 ; en 1369, Jean de la Barre fait partie de la maison de Charles de Navarre.
     En 1401, Charles VI donne à Colin de la Barre la sergenterie de Lyons-la-Forêt ; en 1425, son fils Raoul est dépossédé de ses fiefs pour avoir refusé le serment de fidélité au roi d'Angleterre. Regnault de la Barre est chevalier banneret en 1430 ; son fils figure, en 1452, dans un aveu rendu aux Andelys.
     Jean de la Barre est grand bailli de Rouen en 1513 ; Nicolas de la Barre, écuyer, seigneur de Nanteuil, est gouverneur du Château-Gaillard, en 1591 ; Regnault de la Barre de Nanteuil est capitaine de carabins en 1613 ; Claude de la Barre de Nanteuil est président de la Chambre des comptes de Normandie en 1632, son fils lui succède en 1653. Les autres membres de la famille servent dans les armées jusqu'à la Révolution. » [8] 

 

Protection

 

     Bois-Baril : « Manoir, à l'exception du colombier : inscription par arrêté du 6 janvier 1939 ; colombier : classement par arrêté du 11 novembre 1942. » [9]

 

      « Le Manoir de Bois-Baril avec son pigeonnier classé, propriété privée située à la sortie de La Barre en Ouche en direction de L’Aigle. L'extérieur du Manoir du Bois-Baril est ouvert au Public pour la Journée du Patrimoine. » [2]

 

Sources :

 

[1] Extrait de https://www.mesnil-en-ouche.fr/mairie/les-16-communes/la-barre-en-ouche/

[2] Extrait de https://www.mes-ballades.com/27/chateaux-dans-l-eure-27-en-region-normandie-en-france.htm

[3] Extrait de la fiche Les Essentiels de l'Eure - Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Conseil ISSN 2492-9727 n°99 – ZFSP – 6 août 2018 – France Poulain - https://www.eure.gouv.fr/content/download/27771/185462/file/ESSENTIEL_CONSEIL_99%20Mesnil%20en%20Ouche_Barre%20en%20Ouche%20(La)_Manoir%20du%20Bois%20Baril_ZFSP.pdf

[4] Extrait des Mémoires et notes de M. Auguste Le Prévost pour servir à l'histoire du département de l'Eure recueillis et publiés par MM. Léopold Delisle et Louis Passy - auteur :  Le Prevost, Auguste (1787-1859) Éditeur (Evreux) 1862-1869 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k992871t/f401.item.r=%22Bois%20Baril%22.zoom#

[5] Extrait de https://lagodiniere27.pagesperso-orange.fr/ra07-la_barre-bosc_renoult.html

[6] Extrait de https://caue27.fr/douves-mares-seigneuriales/

[7] Extrait de l’Histoire et géographie du département de l'Eure par Paul Rateau et J. Pinet (inspecteur de l'instruction primaire) - Éditeur A. Blot (Evreux) 1870 - https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96926896/f209.image.r=%22Luc%20de%20La%20Barre%22?rk=64378;0

[8] Extrait de Un homme d'aujourd'hui, le baron Amaury de La Barre de Nanteuil par le vicomte Henri Renault Du Motey, (1858-1932). Éditeur Jouve & Cie (Paris) 1911 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9762186n/f28.item.r=%22Luc%20de%20La%20Barre%22

[9] Extrait de https://monumentum.fr/manoir-bois-baril-pa00099319.html

 

Bonnes pages :

 

O https://caue27.fr/douves-mares-seigneuriales/

O https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k992871t/f230.item.r=%22Bois%20Baril%22

 

Ci-dessous, photos extraites du document ci-après : Les Essentiels de l'Eure - Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Conseil ISSN 2492-9727 n°99 – ZFSP – 6 août 2018 – France Poulain