• ANCIENS CHATEAUX DE LA MANCHE PAR GERVILLE : ARR. COUTANCES [3]

      ... Suite de l'arrondissement de Coutances :

    Cantons de Bréhal et de Gavray.

    Sinon, pour revenir aux précédents cantons, aller ici. [NdB].

     

    CANTON DE BRÉHAL.

     

         En suivant la côte, ce canton est le plus méridional de l'arrrondissement de Coutances il ne contient pas de châteaux considérables du moyen âge mais on y trouve le berceau de plusieurs familles qui se rattachent à l'époque de la conquête et qui ont joué un rôle distingué en Angleterre, aussi bien qu'en Normandie.
          Au chef-lieu du canton, à Briqueville-les-Salines, à Bréville à Cérences à Chanteloup à la Meurdraquière, à Saint-Sauveur-de-Ia-Pommeraye on peut retrouver les habitations des Paynels, des BrIquevilIes des Brevilles des Carbonnels des Chanteloups des Montgomerys, des Meurdracs, des Pomeroys dont les noms figurent souvent dans le Domesday-Book et dans les registres du temps des Ducs de Normandie qui régnèrent en Angleterre.

    60. CHATEAU DE BRÉHAL.

     

         Dès le temps des Ducs de Normandie Foulques Paisnel possédait les seigneuries de Hambye et de Brehal (Lib. féod. Dni. Regis Philip. penès nos p. 4.)
          J'avoue que c'est une bien faible indications pour lui chercher un château ailleurs qu'au chef-lieu de sa baronnie mais l'antiquité de l'église antérieure à celle de l'abbaye de Hambye, m'a porté à croire qu'il y avait un seigneur particulier au temps de la conquête. Si ma conjecture est sans fondement si les curieux ne réussissent par mieux que moi à trouver ici l'emplacement d'un château j'abandonne volontiers la prétention de grossir ma liste du nom de cette paroisse.


    61. BRICQUEVILLE-LES-SALINES.

     

         S'Il y a des doutes sur l'emplacement d'un ancien cliâteau à Bréhal, il n'y en a au moins pas pour celui de Bricqueville-sur-mer. Les ruines de cette forteresse sont visibles au loin quoique sur un terrain plat et qu'on a pu jadis monter avec les eaux de la mer. Au commencement de la révolution, ces ruines étaient encore considérables aujourd'hui même elles sont assez évidentes pour qu'on puisse les retrouver sans en demander la place.
          Je présume que ce château fut jadis le berceau de la famille qui en porte le nom et dont je vous ai parlé à l'article du château de Laune(V. sup. page 241) ; mais ceci n'est peut-être qu'une conjecture. Les plus anciens possesseurs dont j'aie une connaissance authentique sont les Paynels barons très puissants de cette contrée.
          En parlant du château de Hambye (Infra) je donnerai des détails sur cette famine ici j'indiquerai seulement quelques- uns de ceux qui possédèrent Briqueville.
          Je vois dans le registre des fiefs de Philippe-Auguste qu'au commencement du 13e siècle, Fouques Paynel le tenait du mont Saint-Michel et devait le service d'un chevalier : Fulco paganellus tenet indè (de abbate montis). Briquevill., etc... per servicium 1 militis (Penès nos p. 4).

         Dans un état des fiefs de l'élection de Coutances rédigé en 1327 par le grand Bailly de Cotentin je vois que Gilbert de Malesmains avait alors cette seigneurie (Penès nos p. 1).
          En1388, Nicolas Paynel, seigneur de Briqueville obtint du roi Charles VI le droit de relever son château, et il en rebâtit les tours (Mss. de M. le Franc).
          Il était fils de Fouqnes Paynel troisième du nom et d'Agnès de Chanteloup. Il épousa vers 1393 Jacqueline de Varenne veuve de Raoul Tesson, seigneur du Grippon (La Chesnée des Bois, verbe Paynel branche de Bricqueville). Leur fils Jean, seigneur de Briqueville fut père de Guillaume dont le fils Jacques se maria en 1463 et fut père d'un autre Jacques dont le fils aîné, seigneur de Briqueville marié à Jeanne du Mesnildot mourut sans postérité.
          Nicolas Paynel qui était seigneur de Briqueville en 1418 resta fidèle à la France. Henri V confisqua ses terres et son château, qu'il donna au comte de Huntingdon (Mss. de M. le Franc).
           Par un mariage dans la famille Paynel la seigneurie de Briqueville passa aux de Piennes (Généal. des de Piennes de Normandie) qui la vendirent en 1473 à Elisabeth de Montboucher veuve de Jean de Montgommery. Son fils Jean de Montgommery la possédait en 1491.  Elle fut vendue de nouveau en 1769 par madame la marquise de Thiboutot, née Montgommery, à M. Duprey de Coutances, dont la fille l'a portée en mariage a M. Abaquesney de Parfouru.
          Les ruines du château de Briqueville sont sur un terrain plat près de la mer au milieu des salines ( il y en a plus de soixante sur ce point ).
           Elles offrent particulièrement les restes de deux tours dont la démolition est très avancée. Ces tours n'avaient ni crénaux ni machicoulis. Leur hauteur était à peu près de trente pieds. Je n'y ai vu ni tertre ni douves. Le propriétaire actuel, qui a pris l'emplacement à fieffe de M. de Parfouru, a tellement comblé les fossés, qu'on en devine a peine la place. L'enceinte était de forme carrée et contenait environ quarante ares. Je ne crois pas que ce château ait jamais pu soutenir un siège quoiqu'il ne fût commandé d'aucun côté. Le nommé Godefroy, qui le fit démolir il y a 50 ans par les habitants qu'il mettait en réquisition, m'en a tracé le plan sur le sable. Il m'a assuré qu'il en fit enlever plus de mille charretées de décombres.
          L'enceinte était flanquée de quatre tours circulaires aux quatre angles.
          Il faut avoir été sur l'emplacement de ce chateau pour se faire une idée du mouvement et de l'activité des innombrables voitures qui fourmillent dans ce havre et dans ceux de Lessay, de Portbail, du Pont-de-Ia-Roque et du mont Saint-Michel par un beau jour d'été. Ces havres sont les principales sources de la richesse agricole de notre département.


    [ Ce château possède son article dans ce blog à cette adresse : http://rempartsdenormandie2.eklablog.com/les-remparts-de-bricqueville-sur-mer-manche-a212487865 ]


    62. CHATEAU DE CERENCES.

     

         La cour de Cerences fut une de celles que Richard III duc de Normandie donna en dot a sa femme Adèle en 1026 (Curtem quœ appellatur Cerencis supra fluvium Senae. Acherii spicil tome VII in 4° p. 203). On voit par-là que Cerences faisait alors partie du domaine ducal de Normandie. Je ne trouve pas le nom de celui qui en possédait la seigneurie en 1066. Il n'est pas improbable qu'elle était encore une dépendance du domaine du duc Guillaume. Quelques personnes pensent cependant qu'elle en avait été distraite pour faire une partie de l'apanage du comte de Mortain,frère utérin de ce duc.
           Dans le siècle suivant elle était possédée par un seigneur du nom de Carbonnel dont un ancêtre avait aidé à conquérir l'Angleterre.
    Sous le règne de Henri II, il paraît qu'il y avait à Cerences deux fiefs de la dépendance du comte de Mortain un était tenu par Hugues de Carbonnel l'autre par Olivier de Tracy l'un et l'autre devaient service au comte de Mortain (Lib. rub. Scaccarii penès nos, p. 3 et 4).
           Dans le registre des fiefs de Philippe-Auguste, je trouve un Henri de Cerences qui devait service au château de Moyen (Penès nos p. 7 lib. feod. domini regis Philippi).
           En1327, Alice de Courcy veuve d'Olivier Paynel, tenait à Cerences, de Guillaume de Montfort, un quart de fief de Haubert appelé le fief de la Guelle (Etat des fiefs de I'élection de Coutances en 1327, penès nos.).
    Je ne crois pas que ce fût là le principal fief de Cerences. Je présume qu'il était encore dans la famille de Carbonnel il y avait été auparavant il y fut longtemps après. Jean de Carbonnel qui mourut en 1414 et qui fut inhumé dans la cathédrale de Coutances était seigneur de cette paroisse (Billy hist. Mss. du Cotentin, penès nos p. 131. – Laroque, hist. de la mais. d'Harcourt, p. 1154). Henri de Carbonnel l'était encore en 1500.
          Depuis longtemps la seigneurie de Cerences appartenait aux mêmes propriétaires que celles de Briqueville et de Chanteloup. Bien des années avant la révolution M. Duprey lieutenant particulier au présidial de Coutances les avait acquises de madame la marquise de Thiboutot elles ont passé par un mariage dans la famille de Parfouru.
    Cerences est compté parmi les châteaux que Geffroy Plantagenêt prit en 1141 au parti d'Étienne de Blois : ipse autem moven exercitum cerentias venit, quo sine ferro recepto ad Bricatim (Avranches) civitatem venit. (Joh. maj. Monast. gest. Gaufrid comit. Andegav lib. II p. 111. édit. Bochel).
          Jusqu'à présent je n'ai pu trouver d'une manière positive l'emplacement de ce château. Il existe dans la commune de Cerences sur la route de Bourrey et de la Haie-Paynel un lieu nommé la Motte-Billart, dont le nom est une espèce d'indication mais la tradition locale porte l'emplacement du câtel auprès de la rivière au sud du Bourg non loin du petit Valencey, sur un tertre nommé le Mont de Souris.

     

          D'un autre côté M. de Parfouru dernier seigneur de Cerences m'a assuré que ce château était contigu à la grande rue par où l'on arrive de Brehal derrière l'emplacement des anciennes halles tout près de l'église.
    Les armes des Carbonnel anciens seigneurs de Cerences étaient d'azur au chef de gueules à trois tourteaux d'argent.

    63. CHANTELOUP.

     

          Je n'éprouve pas pour cette paroisse l'embarras où je me trouvais il n'y a qu'un instant. Le château de Chanteloup est parfaitement connu de tout le canton. Depuis longtemps c'était la principale résidence d'une famille considérable qui possédait plusieurs belles seigneuries et entr'autres celles de Cerences et de Briqueville. Aujourd'hui même ce château n'a pas cessé d'être habité. Il offre la réunion d'une habitation moderne et d'une ancienne forteresse.
           La suite des seigneurs de Chanteloup est d'ailleurs très bien ëtablie. Si nous avions à nous occuper particulièrement de ce château et de la liste de ses possesseurs je crois qu'on pourrait le faire sans laisser de ces grandes lacunes qui sont si fréquentes dans mes recherches, mais je dois me borner à indiquer sommairement et à mettre sur la voie ceux qui voudront approfondir.
           Dans quelqnes catalogues des seigneurs qui furent à la conquête d'Angleterre (Brompton Duchesne Hollingshed), je trouve un Cantetou c'est évidemment le seigneur de la paroisse qui nous occupe. Il y a bien dans le canton de Saint-Pierre une commune de Canteloup mais elle ne conserve ni anciennes traditions ni traces de château tandis que celle ci est pour ainsi dire historique.
           Masseville (Hist. de Normand. tome I.p. 248) ne cite pas un seigneur de Chanteloup sur la liste de la conquête mais parmi ceux qui en 1096 allèrent à la croisade avec le duc Robert, fils du Conquérant, l'auteur de la vie de St.-Thomas de Chantelou (M. Rouault, p. 28) donne le nom de Guillaume à ce compagnon du duc Robert. Sa famille était établie en Angleterre où l'on voit figurer plusieurs seigneurs de son nom depuis la conquête jusqu'au temps ou Mathieu Paris écrivait son histoire. Thomas qui fut d'abord chancelier de l'Université d'Oxford devint évêque de Hereford et occupa ce siège jusqu'a sa mort arrivée en 1282 (Matth. Paris hist. Passim - Godwin de praesulibus Herefordiensib).
          La famille qui possédait des biens dans le comté de Dorset et entr'autres Stokewood y était venue des comtés de Hereford et de Worcester mais elle avait ses principaux établissements dans le comté de Warwick. Elle y avait donné son nom à la paroisse d'Aston-Cantilupe, chef-lieu de sa résidence (HutchinsDorset, tom/ II, p.465.Dugdale Warwicksh, tome II, p.833). La plupart des Chanteloup d'Angleterre ont été inhumés au prieuré de Studely, auquel ils avaient fait de grandes donations (Dugdale, ibid).
          On trouve encore dans le Pairage éteint d'Angleterre (Collins éd. 1711, tome II, part II, p. 182. – Banks tom. 1, p. 50. ibid. p. 254) de grands détails sur cette famille depuis la fin du 12e siècle jusqu'au commencement du 14e. On y voit que Guillaume fut un des partisants du roi Jean contre ses barons que Gautier un de ses fils, fut évêque de Worcester que Thomas, son petit-fils, était évêque de Hereford (c'est celui dont M. Rouault a écrit la vie) (Il existe en Angleterre une autre vie du même : en voici le titre Thé life and gests of St.-Thomas Cantilupe Bisbop of Hereford and sometime before lord chancellor of England extracted out of the authentique records of his canonisation as to the maine part anonymous. Matth. Parlis : Capgeave Harpsfield and others. Collected by B. S. S. J. At Gant printed by Robert Wafker 1674. V. Hearnes preface to C. Langtofts Chronic. p.13..... 16) qu'il fut canonisé la trente-quatrième année du règne d'Édouard Ier et que sa famille s'éteignit en Angleterre ou au moins cessa de figurer parmi les barons du royaume au commencement du 14e siècle.
           L'attachement de Guillaume Chanteloup au Roi Jean-sans-terre, pour lequel il abandonna le parti du prince Louis fils de Philippe-Auguste, explique naturellement pourquoi sa famille cessa de posséder la seigneurie dont elle portait le nom. Cependant je vois qu'elle fut possédée par une femme de la même famille qui la porta en mariage à Fouques Paynel, troisième du nom, qui vivait en 1295. Les grands biens réunis des Chanteloups et des Paynels passèrent, par un autre mariage dans la maison d'Estouteville (V. pour tes détails mes familles Anglo-Norm. p. 115) au commencement du 15e siècle.
          A la fin du même siècle Chanteloup appartenait encore à un d'Estouteville. Après cette famille il appartint pendant quelque temps aux Bouillés parmi lesquels le plus remarquable était Regney de Bouillé capitaine de cinquante hommes d'armes de l'ordonnance du roi Louis XIII. Jean de Montgommery possédait cette terre en ï655 et son fils Louis en 1691 ( Renseignements donnés par M. de Parfouru). Madame de Thiboutot héritière des Montgommery la vendit au mois .de décembre 1761 à M. Duprey juge au présidial de Coutances dont la fille l'a portée en mariage dans la maison de Parfouru où elle a subsisté jusqu'à ce jour avec celles de Cérences et de Briqueville.
          Le château de Chanteloup est compté parmi ceux que reprirent aux Anglais en 1449 les troupes du connétable de Richemont (Gruel. Vie du connétable p. 132 à 139 Monstrelet Chartier).
          En 1594, il soutint contre M. Viques, chef des Ligueurs, un siège de plusieurs mois. Nicolas Fortin qui en était gouverneur fut annobli par le Roi Henri IV (Titres communiquée. Nicolas Fortin était de la paroisse
    de Cuves
    ).
          L'état actuel du château qui est encore habité par le gendre de M. de Parfouru est tel qu'on a peine à comprendre comment il a pu soutenir un siège de sept mois. Il n'est pas facile de croire qu'il ait été attaqué bien vivement.
          Les armes des Chantelou suivant un armorial tiré des archives de la cathédrale de Bayeux et cité par Dumoulin, hist. de Normandie, étaient losangé d'or et de sable celles des Cantilupes d'Angleterre données par Banks, tome 1, p. 20 et 254 sont très différentes mais ce n'est pas une raison pour les rapporter à une autre famille. Les anciennes familles Normandes en Angleterre y ont presque toutes changé leurs armoiries. Les armes des autres possesseurs se trouvent presque toutes dans l'histoire des grands officiers de ta couronne.

     

    [ Ce château possède son article dans ce blog à cette adresse : http://remparts-de-normandie.eklablog.com/les-remparts-de-chanteloup-manche-a130149670 ]

     
     64. LA MEURDRAQUIÈRE.

     

         Le nom de cette paroisse signifie incontestablement habitation de Meurdrac. C'est assez vraisemblablement le berceau de la famille de ce nom qui a été très étendue et très riche en Normandie et en Angleterre. Elle a possédé dans notre département les seigneuries de Trèly de Contrières, de Lingreville, de Graignes, de Tribehou, de Grenneville, de la Meurdraquière, de Beauchamp, de Saint-Denis-le-Gast etc...
           Henri Meurdrac, disciple et compagnon de St-Bernard, fut nommé archevêque d'York en 1143, et mourut avec cette dignité en 1153 (Godwin de prœsulib. Eborac. Laroque, hist. de la mais. d'irfarc, p.1411 La Chesnée des bois, art. Meurdrac.). Godwin, auteur protestant, dit qu'il fut mis au nombre des saints et qu'il se fit des miracles à son tombeau. Cette famille existait au temps de la conquête.
          Robert, fils de Murdrac, souscrivit a la conffirmation des donations faites par le conquérant à l'abbaye de Saint-Ëvroult en 1080 il est nommé dans le Domesday-Book parmi les possesseurs de terres en Angleterre, sous ce Roi.
          Jusqu'à présent, je ne puis indiquer la place d'un ancien château à la Meurdraquière je ne puis même assurer qu'il y en ait jamais eu un mais dans le doute j'ai cru devoir signaler cette paroisse comme un but de recherches.

      
    65. SAINT-SAUVEUR-DE-LA-POMMERAYE.

     

          Si je donne des indications incertaines d'un château à la Meurdraquière, il est au moins constant que cette paroisse est la seule en Normandie qui ait un nom indicatif du berceau de Meurdrac, mais nous n'avons pas même cette ressource pour indiquer le point du dëpsrt des Pomerays qui, pendant longtemps furent distingués en Angleterre et en Normandie car il y a dans notre Normandie, deux autres paroisses du nom de la Pommeraye l'une dans le diocèse de Séez, l'autre dans celui de Rouen. Quoiqu'il en soit, je vais dire ce que je sais de cette famille, ne fut-ce que pour provoquer des recherches sur son berceau.

     

          On trouve le nom de Pommeroy dans la liste de Brompton (Apd. Twysden collect. X script. Apd. Normau. script. antiq.) et dans celle de Duchesne, et celui de la Pommeraye, qui est le même dans le catalogue alphabétique de Hollingshed. Voici un passage du livre rouge de l'échiquier, qui prouve que cette famille subsistait sous le règne de Henri II, et qu'elle possédait un château de la Pommeraye. Henricus de Pomaria terciam partem mil. De feodo de Vado et tenet castrum de Pomaria de... rege. (Traduct. de Ducarel, p. 233, de honore de mort. de bailliva de Hosa). Il y a dans ce passage la preuve de l'existence d'un château de la Pomaeraye, et une forte présomption en faveur du département de la Manche, puisqu'il dépendait du baillage de la Heuze et de l'honneur de Mortain.
          Par le Domesday-Book on voit que sous le règne de Guillaume le conquérant les Pomeroys possédaient en Angleterre plus de cinquante fiefs et, que la plupart étaient dans le comté de Devon ou Bury Pomeroy était leur principale résidence (V. Polwhele history of Devonshire - Beauties of Engl. Devon). Ils subsistaient encore dans le même comte sous le règne de Henri VI avec le titre de Barons du royaume.
    Banks, dans son premier volume du baronage éteint (Pag. 162 et 63), donne la suite de cette famille depuis Raoul, qui vivait sous le règne du Conquérant, jusqu'à Jean Pomerai qui résidait à Stokely-Pomeray, dans le comté de Devon.
          Les armes des Pomerais d'Angleterre suivant le même auteur, étaient d'or au lion léopardé de gueules, armé et lampassé d'azur à la bordure dentelé de sable.


    CANTON DE GAVRAY.


    66. CHATEAU DE VER.

     

         Ce canton, le dernier que nous ayons à parcourir dans l'arrondissement de Coutances, est un des plus stériles du département mais il. n'en fournira pas moins une assez forte contribution d'anciens châteaux.
          En allant de Bréhat à Gavray on trouve au confluent des rivières de Sienne et d'Airou, la paroisse de Ver qui a fourni au moins un compagnon au duc Guillaume quand il entreprît son expédition d'Angleterre.
          Quarante ans avant la conquête Ver faisait partie du domaine ducal : il est nommé parmi les terres que le duc Richard III donna en dot à la fille du roi Robert (Apd Acherii spicil. loco sœpe citato. v. supr.) ; curtem quae dicitur Ver supra fluviumSenae. Par le nom de la rivière de Sienne (Senae), il est évident que ce ne peut être un autre Ver comme on a voulu le faire entendre. Mais Ver dans le diocèse de Bayeux n'aurait-il point plus de droits à revendiquer le berceau de la famille qui, depuis la conquête jusqu'au commencement du 18e siècle fut une des plus
    illustres de l'Angleterre ? C'est ce que nous allons examiner. On voit par le livre rouge de l'échiquier, que sous le règne de Henri II, Raoul de Ver devait le service d'un chevalier (Radus de Ver 1 mil. in balliva de Gravreyo (Apud Ducarel traduct. page 232).
          Si le livre rouge laissait quelque doute entre l'arrondissement de Coutances et celui de Bayeux qui a aussi sa paroisse de Ver toute incertitude serait écartée par le registre des fiefs de l'élection de Coutances, dressé en 1327 par le grand bailly du Cotentin et par le livre des fiefs de Philippe-Auguste rédigé vers 1208 (Radutfus de Thevilla Guillelmus de Ver, Agnes de Valence et Guillelmus de Monte acuto debent servic. trium militum et dimid. ad custodiam Gavray. Lib. féod. Phil. Aug. penes nos p. 1. En 1327, c'était un Louvel qui possédait Ver (plein fief de Haubert) il devait toujours le service au château de Gavray. Penès nos) Par l'état des fiefs de l'élection de Coutances
    en 1327, je vois que la famille Louvel avait remplacé à Ver celle des anciens seigneurs que c'était un plein fief de Haubert et qu'il devait service en temps de guerre, au château de Gavray.
          Après les Louve! le fief de Ver fut possédé par une autre famille également ancienne. Ces deux familles ont été distinguées en Angleterre aussi bien qu'en Normandie. Le juge intrépide qui eut le courage de faire arrêter et mettre en prison le prince qui devint si fameux sous le nom de Henri V appartenait à la même famille que les Gascoins de Ver.
          Ceux-ci n'ont cessé de posséder cette seigneurie que peu d'années avant la révolution l'héritière de leur fortune épousa M. le Forestier de Mobec dont le fils est maintenant propriétaire de cette terre.
          La famille de Ver a subsisté en Angleterre bien plus longtemps qu'en Normandie et avec bien plus d'illustration. Voici le précis de ce que j'en ai pu retouver Dans quelques listes de la conquête (Brompton, Duchesne), le nom de Vere se trouve d'une manière incontestable dans quelques autres, il est dénaturé ou douteux. Quoiqu'il en soit il est certain que le seigneur de cette paroisse était à cette expédition on sait même qu'il s'appelait Aubrey (Alberic) et ce nom de baptême a été, pour ainsi dire, héréditaire pour les aînés de la famille qui n'a pas cessé d'être illustre en Angleterre depuis la conquête jusqu'au commencement du 18e siècle après avoir possédé pendant six cents cinquante ans le titre de comte d'Oxford, sans interruption (V. Norris Brewer Oxforshire, page 52 et suiv. Collins peerage édit. de 1711, tome 2 part. 1, page 270 jusqu'à 279. Banks Baronage vol. 3 pag. 582 jusqu'à 594). On trouve dans les pairages et les baronages d'Angleterre des détails étendus et curieux sur cette famille mais aucun des auteurs de cet ouvrage n'en a soupçonné le berceau (Un voyageur anglais de nos jours (M. Dibdin dans son voyage bibliographique, page 202 et 3 du tome de la traduction de. M. Liquet) les fait venir de Granville. M. Dibdin voyage si iegerement, qu'il ne ne fait pas autorité quand il est question de renseignement positifs même quand il parle de ce qu'il a vu). Cependant sans le savoir, l'historien du comté de Somerset s'en est beaucoup approché en disant que Geoffroy deVer figurait à la conquête, parmi les chevaliers de Guillaume de Moyon (Collinss on Somerset on hire).
    Je trouve dans Orderic Vital qu'en 1135, Robert de Ver conduisit en Angleterre le corps du roi Henri 1er (Ord. Vital. apd. Normann. script., p. 901).
           L'année suivante le même seigneur signa la chartre de joyeux avènement qu'Étienne de Blois donna à Oxford. Cette chartre est rapportée entièrement dans l'ouvrage intituté : regis, par un prieur de Hexham (Hist. ric. prioris Hagulstad ap. Twysden X Angl. Script. Col 314 et 315).
           Je ne poursuivrai pas plus loin en Angleterre cette famille distinguée cet article serait hors de proportion avec tous les autres. On peut en voir beaucoup de détails dans le Baronage de Banks qui les suit depuis le règne du Conquérant jusqu'au commencement du 18e siècle et qui en donne une très-longue généalogie (Banks ub. supr. tome 3, p. 580 jusqu'à 595).
          Leurs armes suivant lui sont écartelé de gueules et d'or, une molette d'argent dans le premier canton.
           Suivant l'auteur de l'histoire généalogique d'Harcourt, ces armes sont simplement écartelé d'or et de gueules (Hist. d'Harcourt, p.1929 et 30).
          Celles de Louvel sont de gueules au griffon d'or. La famille Gascoin de Ver portait d'argent à trois feuilles de laurier en pairie de sinople, accompagné de trois molettes d'éperon de gueules. M. le Forestier, propriétaire actuel, porte d'argent au lion de sable armé, lampassé et couronné de gueules.
          Jusqu'à présent toutes mes recherches pour retrouver l'ancien château de Ver ont été infructueuses. Si celui qui portait le nom de cette paroisse à la conquête, eût été un de ceux qui figurent à peine sur la liste de la bataille et qui ne reparaissent plus je ne serais pas surpris d'avoir cherché inutilement un château qui n'a peut-être jamais existé mais quand on songe que les seigneurs de Ver ont, dès le temps du conquérant, pris rang parmi les premiers Barons d'Angleterre qu'ils ont été comtes d'Oxford pendant plusieurs siècles sans interruption, il est difficile de croire qu'ils n'ont pas aussi cherché à décorer leur berceau d'une manière proportionnée à l'importance extraordinaire qu'ils acquirent tout-à-coup en Angleterre.

         D'un autre côte s'ils n'avaient pas jugé a propos d'orner d'un château le lieu d'où leur famille tirait son nom et son origine cela pourrait facilement s'expliquer. Peut-être dirait-on celui qui jouait à la conquête un rôle subalterne, puisqu'il y servait sous la bannière du seigneur de Moyen, ne se sera-t-il pas soucié de vouloir entrer en concurrence avec son ancien supérieur ; peut-être aussi le service qu'il devait au château de Gavray ne lui permettait-il pas d'ériger château contre château, de chercher pour ainsi dire, à éclipser son suzerain peut-être les seigneurs de Ver n'avaient-ils réellement pas le droit d'y avoir un château pour leur propre compte. Quoiqu'il en soit, je n'y ai rien trouvé qui m'annonce l'emplacement : d'un ancien château. S'il y en avait un c'était probablement tout près de l'habitation actuelle du propriétaire : j'engage les amateurs à le chercher là plutôt qu'ailleurs.
          L'Eglise de Ver est du 12e siècle. La présentation de la cure appartenait autrefois au chapitre de la cathédrale de Bayeux, et se faisait par le chanoine qui possédait la prébende dite de Gavray. J'en parle ici pour engager à rechercher l'origine de la donation au chapitré de Bayeux, de cette église de celles de Gavray et du Mesnil-Amand elle pourrait jetter de la lumière sur l'histoire incertaine des anciens seigneurs de Ver.
          Il existe près de Bayeux une autre commune de Ver. Il ne serait peut-être pas inutile de savoir si elle a toujours porté le même nom et si celui qu'elle porte aujourd'hui ne lui serait point venu de ce qu'elle a été jadis possédée par une branche de la famille de Ver près de Gavray. Ce ne serait pas le premier exemple d'un pareil changement de dénomination : j'en citerais facilement plusieurs dans le moyen âge, et même à des époques très-rapprochées.


    67. VALENCE.

     

         Je n'ai pu encore offrir que des doutes sur l'emplacement du château de Ver et pourtant il n'est pas impossible qu'il y en ait eu deux dans le moyen âge. Sans affirmer qu'il ait existé dans la même paroisse une seigneurie de Valencé, qui devait service au château de Gavray ; sans dire positivement que cette seigneurie a été le berceau des Valencé d'Angleterre, je vais donner les raisons qui m'ont engagé à le soupçonner.
          1°. Il est certain qu'il a toujours existé dans la paroisse de Ver une terre qui porte encore le nom de Valencé, et que jusqu'à la révolution cette terre a été seigneuriale ;
           2°. Sous le règne de Philippe-Auguste le fief de Valencé devait au château de Gavray le même service militaire que celui de Ver (Guilielmus de Ver tenet feodum 1 militis apud Ver ad servicium Gavray. - Agnes de Valance (sic) tenet feodum unius militis apd. Valance ad servicium Gavraii. Lib. feod. reg. Philip. penès nos pag. 7)
          3°. Il n'existe, dans les environs de Gavray ni même en Normandie, aucune paroisse qui porte le nom de Valencé et la seigneurie de ce nom située à Ver est la seule du même nom qui ait jamais dît le service militaire au château de Gavray.
          Dans deux des plus anciennes listes de la conquête (Duchesne, Normann. script., p. 1135. – Brompton ap. Twysden X angl. Script. Col. 965), je vois le nom de Valens qui, dans celle de Brompton est joint par erreur avec celui d'île de manière à faire Valensile. Cette faute (d'impression probablement) n'a besoin que d'être signalée.
          Dans un catalogue des seigneurs anglais qui ont figuré dans les anciens parlemens d'Angleterre comme barons je trouve Aymer de Valence pour les années 25, 27, 28, 30, 34, 35 d'Édouard 1er (Banks extinct baronage, tom. 1 index verbo Valence).
           Sous les règnes de Henri III, d'Edouard Ier et d'Édouard II, les comtes de Pembroke étaient de la même famille. Elle posséda ce titre jusqu'à la mort d'Aymer de Valencé arrivée en 1323 (Ib. tom. 3, page 600 et seqq. ).
          Les armes des Valencé comtes de Pembroke, étaient barré d'argent et d'azur à l'orle de merlettes de gueules (Banks).
           Sur la terre de Valencé à Ver, je n'ai trouvé aucune trace d'ancien château quelques personnes ont pensé que ce château a pu exister au bord de la rivière de Sienne sur un tertre nommé le Mont-de-Souris mais cette opinion n'est pas sans une grande difficulté c'est que le Mont-de-Souris quoiqu'assez voisin de Valence est sur Cérences.
          D'autres personnes ont soutenu qu'il était plutôt sur la route de l'église de Ver à celle du Mesnil-Amand, près d'une hauteur nommée la Roque-Béziers, appartenant à M. Grilton de Valencé. Ceci semblerait en contradiction avec la carte du diocèse et celle de Cassini. Quoi qu'il en soit on voit encore des restes de maçonnerie sur cette élévation escarpée et qu'on remarque a une certain distance comme un assez bon emplacement de château.

    68. CHATEAU DE SAINT-DENIS LE-GAST.

     

         De Ver nous passons près de Gavray pour aller chercher au nord du canton les châteaux de Saint-Denis de Hambye et de Mauny nous reprendrons ensuite Gavray le Mesnil-Garnier et Montaigu, et nous entrerons dans l'arrondissement d'Avranches par le château de la Bloutière. Un seigneur de Saint-Denis se trouve à la conquête d'Angleterre. Son nom figure sur presque tous les catalogues de cette expédition (Brompton, Duchesne, Masseville, chronique de le Mégissier) ; mais comme il existe en Normandie au moins une douzaine de paroisses qui portent ce nom l'embarras est de savoir ou placer le château de la famille qui posséda des biens dans notre province et dans la Grande-Brétagne.
           Deux circonstances aideront à fixer cet emplacement. Nous voyons par le livre rouge de l'échiquier que le fief de Saint-Denis était dans le bailliage de Cerences in ballia de Cerentiis Hugo de sancto Dyonisio Hugo de Bello campo etc. (Apud Ducarel traduct. p. 136).
          Mais une circonstance particulière à la réunion des seigneurs de Beauchamp et de Saint-Denis dans le bailliage de Cerences c'est qu'à une époque antérieure au livre rouge de l'échiquier et très rapprochée de la conquête au temps de la croisade de Robert Courteheuse les seigneuries de ces deux paroisses appartenaient à la même famille, car ils portaient les mêmes armes d'azur à deux jumelles d'or au lion passant en chef (Dumoulin hist. de Norm. Catalogue tiré de la biblioth. du chapitre de Bàyeax p. 5. - Laroque histoire de la maison d'Harcourt, p. 1411. – La Chên. des Bois V°. - Meurdrac. – v. mes familles AngIo-Norm. p. 175 . Ces armes sont celles de Meurdrac que j'ai déjà citées parmi celles de la conquête (V. sup. aux articl. Trely et la Meurdraquière).

         Nous avons la certitude que le Saint-Denis du temps de la conquête et du temps de Henri II était dans le bailliage de Cerences mais comme il y a aussi dans le même quartier une autre paroisse de Saint-Denis (le Vêtu) dont le surnom se traduit souvent en latin par Vetus ce qui annonce une plus grande ancienneté que celui de Saint-Denis-le-Gast qu'on veut rendre par Junior, il semble, m'a-t-on dit, plus convenable de placer l'ancien château à Saint-Denis-le-Vêtu.
          Je répondrai à cette objection que la tradition dont on veut parler n'a aucun fondement que dans l'état des cures du diocèse de Coutances, sous le règne de St.-Louis, Saint-Denis-Ie-Vétu est appelé Sanctus Dyonisius Vestitus (Regis supra patronalibus eccl. dioc. Constant, apud lib. nig. capituli Constant).
           J'ajouterai qu'il y avait alors deux cures à Saint-Denis-le-Gast que l'église de cette grande paroisse est du temps de la conquête et (ce qui est décisif  que la famille Meurdrac possédait la seigneurie de cette commune en 1250 et que les ruines du château-fort y sont encore très visibles très-connues et bien conservées.
          En 1430, Philippe de Saint-Denis ( Meurdrac) était seigneur de Saint-Denis-le Gast. Robert Meurdrac possédait un fief dans la même, paroisse (Etat des fiefs de l'élection de Coutances penès nos p. 4).
          En 1430, le château de Saint-Denis-le-Gast était une forteresse. Les troupes du Roi de France s'en saisirent. En 1437, les troupes Anglaises, commandées par le sire Thomas Scales vinrent les y attaquer. Il y eut plusieurs combats à Saint-Denis à Beauchamp et à la Provôtière. Les Anglais eurent le dessus. Les manuscrits de M. le Franc qui m'ont fourni ces détails ne m'apprennent pas si les Anglais s'emparèrent du château ; mais cela est assez probable car j'y vois qu'ils en démolirent les fortifications en 1440 parce qu'il ne pouvaient le garder (Mss. de M. le Franc, déposés à Vire chez Chalmé, libraire).
          Le fameux St.-Evremond était frère du seigneur de Saint-Denis le-Gast. Le nom de sa famille était le Marquetel. Par lettres de commutation de l'année 1591, cette famille prit le nom de Saint-Denis. Vers le milieu du 18e siècle une héritière des seigneurs de ce nom épousa M. le Vaillant avocat-général au parlement de Rouen et lui apporta en mariage le château de Saint-Denis-le-Gast dont ses descendants sont encore propriétaires (Renseignements particuliers).
          Environ à un demi-quart de lieue de l'église, en descendant au Sud-Est vers la rivière de Sienne, on voit encore une grande partie des ruines de cet ancien château-fort qui jusque dans le 18e siècle fut habité par ses possesseurs.
          Leur résidence était dans l'enceinte des fossés de la forteresse. J'y ai remarqué de grands appartements, et entr'autres deux salles dont chacune a deux cheminées.
           De l'autre côté de l'enceinte on voit la chapelle. Ainsi que la maison elle n'est pas bien ancienne. L'enceinte de retranchements était bien antérieure elle était flanquée de plusieurs tours dont la plupart sont encore passablement conservées. On y voit l'emplacement et les accessoires d'un ancien pont-levis sur un fossé profond et qui serrait de près ia forteresse.
          Les bords de la rivière près du château sont garnis de jolis coteaux escarpés et couverts de bois.
          Les Marquetel de Saint-Denis portaient d'or à la quinte feuille de gueules. Les armes des le Vaillant sont d'azur au poisson en fasce d'argent au chef d'or.

     

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    69. CHATEAU DE HAMBYE.

     

          La paroisse de Hambye, une des plus étendues du département, est contiguë à celle de Saint-Denis-Ie-Gast. Elle contient deux châteaux forts. Le principal celui qui porte le nom de la paroisse, a toujours été possédé par des seigneurs très puissants.
          Celui qui en était propriétaire a l'époque de la conquête de l'Angleterre doit avoir joué un rôle important à cette expédition si l'on en juge par les grandes concessions qui lui furent faites dans le pays qu'il avait aidé à conquérir. Sa postérité y devint nombreuse elle ne le fut pas moins en Normandie. Elle y bâtit plusieurs châteaux Importants et entr'autres celui qui fait le sujet de cet article.
           Je trouve deux Paynels en Angleterre sous le règne du Conquérant ; Raoul, cité par les généalogistes Anglais possédait au temps de la confection du grand registre appelé Domesday-book, dix seigneuries dans le comté de Devon (Banks extinct. Peerage vol. I p. 153. Collins, édit. de 1711, tome II part. II p. 87 et 88. From Dugdal's Baronnag) quinze dans celui de Lincoln autant dans celui d'York et cinq dans le Somersetshire.
           Plusieurs branches Anglaises descendirent de lui et entr'autres celles de HuntIey, de Dudley et de Drax. Newpart Pagnel dans le comté de Buckingham porte encore le nom de cette famille qui possédait des biens en Normandie dans le même temps.
           D'un autre côté,Orderic Vital (Apud Normann. script. p.664) parle de Guillaume Paynel qui était à la bataille de Hastings et qui mourut en 1087, ainsi que GuUlaume-le-Conquérant.
           Le nombre des seigneuries qui appartenaient à cette famille en Normandie n'était peut-être pas inférieur à celui de ses concessions d'Angleterre. Elle y donna son nom à une paroisse du département, la Haie Paisnel et à deux communes de Fontenay dans celui du Calvados.
    Elle posséda dans notre pays seulement, outre Hambye, berceau et chef-lieu de la famille, Percy, Moyon, Marcey, Agneaux, Agon, Ouville, Regniéville, Chanteloup, Briqueville, les Salines, Lingreville la Haie-Paisnel etc (Laroque, hist. de la mais. d'Harc. p. 268 et seq. Mes famill. Anglo-Norrn. v°, Paynel).
           Au commencement du 15e siècle la plupart des seigneuries et des baronnies de la famille se trouvaient concentrées en la personne de Jeanne Paynel unique héritière des baronnies de Hambye, Briquebec Moyon et Gacey. Elle les apporta en mariage au sire Louis d'Estouteville
    dont j'ai eu plus d'une fois occasion de vous parler (V. supr. château de Briquebec. - Abbaye de Hambye, etc. ).
           Depuis ce temps la baronnie de Hambye partagea le sort de celle de Briquebec elle fut confisquée par Henri V roi d'Angleterre dcnnée au comte de Suffolk et à différents seigneurs Anglais qui la possédèrent jusqu'à la restauration de Charles VII et rendue à ses anciens possesseurs ou à leur famille en 1450 ; je n'ai pas besoin de répéter ce que j'en ai dit à l'article de Briquebec (V. supr. châteaux de l'arrondiss. de Vatognes. V. Grands Offic. de la Couron. tom. V. p. 550, et tom. VI. p. 91).
           Le château de Hambye était un des plus grands, des plus beaux et des mieux situés du département son enceinte était encore entière au commencement de la révolution le donjon et une autre tour qui subsistent aujourd'hui suffisent encore pour donner une grande idée de cette forteresse.
           Sa position domine majestueusementle bourg de Hambye. De tous les côtés ses ruines sont très pittoresques. Le donjon est très-bien conservé (Je disais ceci en 1823. Aujourd'hui peut-être il n'existe plus. Decembre 1825). Parmi tous les anciens châteaux du pays nous n'en avons aucun qui soit comparable à celui-ci. La belle conservation de ce donjon sa hauteur les guérites qui en couronnent le sommet en font un objet à souhait pour un dessinateur.
           Cette tour est la plus moderne je ne serais pas surpris qu'elle eut été terminée par Louis d'Estouville et Jeanne Paisnel sa femme dont la magnificence est remarquable dans toutes ses constructions, surtout a Hambye. Le puits de ce château est d'une largeur et d'une profondeur extraordinaires, il a été entièrement creusé dans le roc avec tant de frais et de travaux que, suivant la tradition locale la dépense en fut aussi forte que celle de la construction du superbe chœur de l'égiise abbatiale.
           Le donjon est carré (Voyez dans l'atlas la vue chateau de Hambye que M. Ch. de Vauquelin a lithographié avec son talent ordinaire.) : il a au moins cent pieds de hauteur il est flanqué de tourelles dont la plus considérable est celle qui contient l'escalier. Sous le premier palier de l'escalier on voit une chambre qui a probablement servi de citerne.
          La chapelle était au rez-de-chaussée de cette tour. Les étages au-dessus contiennent chacun un appartement simple solide et sans moulures ou décorations. Tous ces appartements sont voûtés.
           Une platte-forme assez spacieuse est au sommet. Les guérites sont aux quatre angles de cette platte-forme elles font saillie et sont soutenues par des consoles. Le couronnement de cette tour est encore très entier ; ses crénaux et ses consoles sont d'un bel effet.
           Une autre tour également bien conservée est entièrement ronde. Extérieurement elle est décorée de cordons qui en marquent les différents étages. Le couronnement de cette tour est démoli ; intérieurement on ne retrouve ni voûtes ni planchers.
            Celle-ci est plus rapprochée du bourg que le donjon. Elle est connue sous le nom de Tour de Moyon. Je la crois d'une construction plus ancienne que l'autre. Dans le 14e siècle les Paynel avaient la baronnie de Moyon avec celle de Hambye l'un d'eux aura fait construire cette tour qui porte encore son nom.
           En 1417 (18), au mois de mars le château de Hambye fut rendu aux Anglais par Jehan de Soulle écuyer de Messire Philippe de la Haie, chevalier et capitaine de Hambye (Rymer, Tome IX). Le comte de Glocester, qui s'en était emparé, accorda à ceux de la garnison et aux autres qui ne voulurent pas se soumettre au Roi d'Angleterre la permission de se retirer ailleurs.
           Ce château fut repris aux Anglais en 1450, immédiatement après la bataille de Formigny et rendu par le Roi Charles VII à la famille de ses anciens possesseurs avec la seigneurie du Mesnil-Éron à Percy et celles de Chanteloup, de Moyon et de Briquebec (Vie du connétabte par G. Gruel, Monstrelet, Chartier etc. Titres du château de Torigny).
    Le 25 de novembre suivant quoique les Anglais eussent perdu toutes leurs forteresses du Cotentin il restait encore dans le pays plusieurs compagnies de troupes étrangères. Elles reçurent l'ordre de quitter sous dix jours il y en avait encore à Hambye et à Chanteloup (Mss. de M. le Franc).
           Depuis le 15e siècle l'histoire ne parle plus du château de Hambye. Il y a bien parmi les anciennes familles de ce quartier quelques traditions relatives au temps de la ligue. On y fait jouer un triste rôle à Bertrand de Musillac (peut-être de Basillac) mais jusqu'à présent ces traditions m'ont été données d'une manière si vague que je n'en ai pu tirer aucun parti. Cependant je suis convaincu qu'elles ne sont pas entièrement destituées de fondement, et qu'elles ont quelque rapport à des événements de la fin du 16e siècle. Avec de la persévérance je ne doute pas qu'on ne parvienne à tirer de cette tradition obscure quelque fait relatif à l'histoire du château qui fait le sujet de cet article.
          Depuis les dernières guerres civiles la baronnie de Hambye avait graduellement et insensiblement perdu son ancienne importance. Elle était devenue depuis longtemps la propriété des seigneurs de Torigny qui avaient entièrement négligé ce château depuis le temps de Louis XIV. Ses ruines, les plus pittoresques du département, ne pouvaient avoir de prix que pour les amateurs de belles perspectives et pour les dessinateurs. Celui qui en a fait l'acquisition durant la révolution l'a démoli plus lentement que les autres édifices du même genre ne l'ont été depuis le commencement de l'ère de destruction qui semble être encore loin de son terme.
           Le département a fait des démarches pour l'acquisttion et la conservation des restes de ce château, mais elles n'ont pas réussi d'ailleurs il faut convenir que si ses ruines et leur position sont remarquables, c'est à-peu-près tout ce qu'on en peut dire de mieux et que peu de souvenirs importants se rattachent à son existence.
           Il n'existe à Hambye aucunes traces d'un château antérieur à celui-ci ; il n'y a cependant pas de doute que les Paynel n'en eussent un dès le temps de la conquête et quand ils fondèrent l'abbaye. A cette époque et jusques dans le 15e siècle leur famille fut une des plus illustres et des plus puissantes de la province.
          Celle d'Estouteville qui lui succéda ne l'était pas moins. La défense immortelle du Mont-Saint- Michel par Louis d'Estouteville en 1424, donna un nouveau lustre à cette famille.
           Les Matignon qui furent les derniers propriétaires de Hambye avaient depuis un siècle, changé leur nom en celui de Grimaldi, et portaient le titre de princes de Monaco.
           Dans le livre rouge de l'échiquier du roi Henri II et dans le registre des fiefs de Normandie sous le règne de Philippe-Auguste (Lib. rub. Scaccarii penès nos, pag. 1. Lib. feod. domini régis Philippi ib., p. 1, 2 et 5) on trouve beaucoup de détails sur la famille Paynel et sur ses grandes possessions à la fin du 12e siècle et au commencement du 13e. Ces détails seraient trop longs je ne fais que les indiquer.
          J'indique également ceux que donne Laroque dans son histoire de la maison d'Harcourt ceux qui se trouvent dans l'histoire des grands officiers de la couronne sur les Paynel les Estouteville et les différents possesseurs de la baronnie de Hambye. Les renseignements que je pourrais tirer de ces ouvrages, formeraient un volume étendu (Laroq. Harc. tom. 1 pag. 141 et seqq. page 268 et 69. Mes extr. de t'bistoire des grands offic. p. 76, Mes familles Anglo-Normand., p. 115). Les mêmes ouvrages indiquent les armoiries de tous les barons de Hambye.
           J'ai fait faire pour le département un dessin des deux tours qui restent encore de ce château ; la forme de ces tours y est passablement rendue mais rien n'y fait soupçonner la beauté de leur position.
           M. Charles de Vauquelln membre de la société des Antiquaires de Normandie, a bien voulu lithographier cette vue qui se trouve dans l'atlas ci-joint.

     

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    70. CHATEAU DE MAUNY A HAMBYE.

     

          Dans la même paroisse, tout près de la rivière de Sienne, un peu au-dessous des ruines de l'abbaye, on trouve l'emplacement d'un autre château qui n'exista pas avant le 14e siècle, et qui dès le 16e avait perdu toute son importance.
           La famille de Mauny dont cette forteresse portait le nom était étrangère à notre département elle y vint dans le 14e siècle, à la suite du connétable du Guesclin. Hervé de Mauny cousin-germain de ce fameux guerrier, le suivit dans presque toutes ses expéditions.
           En 1372 il fut fait chambellan du Roi Charles V et un des capitaines généraux de la Normandie.
           En 1370, il avait acheté la seigneurie de Torigny ; en 1388, il commandait les troupes du Roi dans le Cotentin, avec Guillaume Paynel, baron de Hambye (Mss.deM.le Franc. ) son fils Olivier fut après lui, seigneur de Torigny un autre de ses enfants était seigneur de Saint-Aignan. Olivier eut pour successeur un fils du même nom qui fut dépossédé de la chatellenie de Torigny par les Anglais, en1418. Il fut un des principaux défenseurs du Mont-Saint-Michel en 1424 ; il y fut inhumé en1456. Il avait épousé Catherine de Thieuville héritière de la branche aînée des anciens seigneurs du Mesnil-Garnier (Géneal. de la famille de Thieuville au chateau de Saint-Pierre-Èglise, communiquée par M. le baron de Blangy. ) qui lui avait apporté de grands biens en mariage.
            En parlant du Mesnil-Garnier et de Torigny je dirai ce que devinrent les grands revenus des Thieuville et des Mauny.
           A l'époque ou cette famille obtenait en France des honneurs mérités un capitaine du même nom se distinguait encore davantage enAngleterre.
           Tous ceux qui connaissent les chroniques de Froissart, voient que je veux parler du fameux Gautier de Mauny, que sa qualité d'ennemi n'a pas empêché de citer comme un modèle de la bravoure loyale et chevaleresque du siècle ou il a vécu. Au surplus, sa famille était du Haynaut, et je doute qu'il y eût entre lui et le compagnon de du Guesclin aucun rapport de parenté.
           Dans la carte du diocèse de Coutances par Mariette l'emplacement du château de Mauny est marqué le long de la rivière entre l'abbaye de Hambye Saint-Denis-le-Gast et Saint-André-du-Val-Jouais sur celle de Cassini il porte le nom de Mont ou Motte de Mauny. Je ne connais point d'événements relatifs à cette forteresse.

    71. CHATEAU DE GAVRAY.

     

          Au temps des ducs de Normandie qui ont régné en Angleterre, Gavray avait dans la hiérarchie châtelaine à peu-près le même rang qu'il occupe aujourd'hui dans celle de l'administration. Son château était du domaine de la couronne et voilà pourquoi ce nom ne se trouve sur aucune liste des seigneurs qui furent à la conquête.
           Peu après la mort de Guillaume-le-Conquérant, Henri le plus jeune de ses fils devenu comte du Cotentin y fortifia les principaux châteaux de son domaine (Orderic Vital. apd. Duchesne, Normann. script., page 665 et 89 – Dumoulin, Hist. de Norm. p. 25 et entr'autres celui de Gavray. Ces précautions furent inutiles ; Henri ne tarda pas à perdre toutes ses forteresses et tout le Cotentin.
          Dans le siècle suivant, sous le règne de Henri II, le château
    de Gavray avait conservé son importance. Roger de Montaigu, Raoul de ThIeuville, seigneur du Mesnil-Garnier, Helio d'Amondeville, Raoul de Ver, Richard de Rollos et d'autres seigneurs y devaient le service militaire (Lib. rub. Scaccar. traduct. de Ducarel, page 232).
    Quand Philippe-Auguste eut recouvré la Normandie, Raoul de Thieuville, seigneur du Mesnil-Garnier, Monceaux à Contrières, !e Mesnilhue etc. devait en temps de guerre faire le service à la principale porte du même château (Lib. feod. reg. Philippi, penès nos, page 1 et 7).
           Guillaume de Ver, et Agnès de Valencé y devaient aussi chacun le service d'un chevalier, Guillaume de Montaigu celui d'un quart de chevalier seulement (lbid).
           En 1327, les possesseurs des mêmes fiefs étaient encore assujettis à la garde du même château. L'état des fiefs de l'élection de Coutances, dressé alors par Godefroy-le-Blond grand bailly du Cotentin, donne sur ce service des détails plus circonstanciés que ceux du temps de Henri II et de Philippe-Auguste ; ils seraient trop longs ici (Penès nos).
           Quelques années auparavant (en 1322), Philippe-le-Bel avait fait enfermer au château de Gavray, Blanche, femme du prince Charles, son fils convaincue du crime d'adultère (Villaret, hist. de France, tome VII).
    En 1328 Gavray fut cédé à Jeanne, Reine de Navarre, et mère de Charles-le-Mauvais à titre d'indemnité.
           Vers le milieu du 14e siècle, le Roi de Navarre en fit augmenter les fortifications et cette place devint entre ses mains une des plus fortes de la Normandie.
           En 1354, le Roi Jean rendit une ordonnance pour saisir toutes les places fortes et les possessions du Roi de Navarre dans le Cotentin mais Mortain, Avranches, Cherbourg et Gavray refusèrent d'ouvrir leurs portes, et ne purent y être forcées. Le Roi de France pouvait bien alors rendre de pareilles ordonnances mais il était trop faible pour les faire exécuter. Bientôt, un traité honteux conclu à Valognes le 10 septembre 1355 (Apd. Martenne miscell. epist., p. 132) en assura de nouveau la possession à Charles-le-Mauvais et lui rendit tout ce qu'on avait confisqué un an auparavant.
           L'année suivante le Roi Jean fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers, et le Roi de Navarre put impunément nuire à la France.
           Au commencement du règne de Charles V, la victoire de Cocherel rendit les Français maîtres de la campagne en Normandie. Du Guesclin vint assiéger et prit quelques places dans le Cotentin mais une nouvelle guerre en Bretagne interrompit bientôt le cours de ses succès : l'armée Française y perdit la bataille d'Auray ; Du Guesclin y fut pris. La paix de Saint-Denis rendit au roi de Navarre toutes les places qu'il avait perdues dans le Cotentin. Gavray ne fut pas de ce nombre il n'avait pas été pris, ni même assiègé.
           En 1378 un complot de CharIes-Ie-Mauvais contre la vie du Roi de France, fut découvert : Du Guesclin envoyé pour réduire ses forteresses, s'empara de la plupart sans beaucoup de peine Gavray fit une longue résistance ; C'était alors, dit Froissart, le plus beau châtel de toute la Normandie le commandant d'Évreux s'y était enfermé bien résolu de s'y défendre jusqu'à la dernière extrémité. Le siége traînait en longueur, lorsque le gouverneur étant allé imprudemment avec une chandelle allumée dans une tour ou étaient les poudres le feu y prit et le tua avec tous ceux qui l'accompagnaient.
           Cet accident jeta la consternation dans la place, et en accéléra la reddition. Les trésors du Roi de Navarre y étaient déposés ; ils se montaient a soixante mille francs d'or. Il y avait en outre trois couronnes fort riches et quantité de pierreries qui avaient appartenu aux Rois de France. On remit ce trésor au sire Bureau-de-la-Rivière, qui le désirait fort, et le château fut démantelé (Villaret hist. de France. Secousse mem. du R. de Nar. Froissart).
           Peu de temps après la mort du Roi de Navarre ( arrivée en 1386), les troupes du Roi de France commandées par Thomas de Grafart avec l'aide des Grands baillis de Caen et du Cotentin rasèrenties fortifications de Gavray (Mss. de M. le Franc).
           Cette double démolition explique la faciiité avec laquelle ce château jadis si fort fut pris par les Anglais en 1418. Quoiqu'ils en eussent rétabli les fortifications durant leur longue occupation de la Normandie cette forteresse ne tint pas non plus bien longtemps en t449 contre les troupes du duc de Bretagne, commandées par le comte de Richemont, qui reprirent alors, sans beaucoup de peine, presque toutes les places occupées par les Anglais dans le Cotentin (Vie du connétable de Richemont, par Gruel p. 139. Monstrelet, tome 3, p. 115, verso).

          Pour récompenser les services éminents que le comte de Richemont, connétable de France lui avait rendus dans ses guerres contre les Anglais, le roi Charles VII par lettres datées de Tours en 1450 lui donna la ville terre seigneurie et vicomté de Gavray pour en jouir durant sa vie seulement (Hist. des grands offic. de la couronne tome 9, p.379).
           Depuis ce temps, je ne vois dans l'histoire rien qui me porte à croire que le château de Gavray ait été dans le cas de résister à dé nouvelles attaques. Il a été si complètement démoli qu'il en reste à peine quelques traces.
           Il était sur une hauteur escarpée, tout près du bourg de Gavray vers le levant son enceinte était considérable. Au lieu de fossé, un vallon étroit et profond l'entourait. Il était impossible de le combler de sorte que cette position à peu près inaccessible, réunissait les plus grands avantages avant l'invention du canon. Aujourd'hui elle serait commandée presqu'à bout portant.
           On n'y trouve plus de murs mais on peut en suivre la trace à fleur de terre. On voit dans l'enceinte les restes d'une citerne avec quelques-uns des trous ou conduits par où les eaux pluviales y arrivaient.
          Du sommet de la hauteur où il était situé la vue s'étend sur un pays couvert de bois et de coteaux, le long des vallées où coulent les rivières de Sienne et d'Airou.

     

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    72. LE MESNIL-GARNIER.

     

          Nous avons vu quel service les seigneurs du Mesnil Garnier devaient au château de Gavray dans les 12e, 13e et 14e siècles. Ces Seigneurs appartenaient à la famille de Théville ou de Thieuville qui tirait son nom d'un fief de la même dépendance. Radulfus de Thevill tenet feodum 1 militi apud  mesnilllum-Garnier ad quod pertinet le Mesnil-Hue (paroisse voisine) Moucheaus et Thevill et debet servicium ad majorem portam de Gavreio tempore guerre (Ex Libro feodorum Domini Regis Philippi penès nos ; page 7.)
           Cette famille de Thieuville qui a donné au diocèse d'Avranches un évêque dans le 13e siècle, un abbé à Lessay et un évêque à Coutances, dans le 14e avec deux abbesses à l'abbaye Royale de Caen était très-considérable au siècle de St.-Louis si l'on en juge par l'épitaphe de Raoul de Thieuville, évêque d'Avranches qui mourut en 1286 (V. Gall. Christ., tome XI col. 435. Abbatissae cadomi XXVII et XXX, 487 Episcopi Abrinc. XXXV colonn. 885 Episc. Constant. n°. XLVIII. lbid colonn. 920 Abbates Exaquii, n. XXV).
           Tous les biens de la branche aînée, et notamment la seigneurie dn Mesnil-Garnier passèrent dans une autre maison par le mariage de Catherine de Thieuville héritière de cette branche avec Olivier de Mauny, baron de Torigny celui-ci ne laissa qu'une fille de ce mariage elle épousa (Hist. de Matign. p. 10. Gds. Offic. de la couronne tome V, p. 382. Beziers hist des gds. baillis de Caen p. 93) Jean Goyon de Matignon qui devint ainsi seigneur de Torigny et du Mesnil-Garnier. Alain de Goyon, son second fils, était seigneur de cette paroisse en 1470 et grand bailli de Caen (V. Beziers, ibid sup. – La branche Cadette desThieuville conserva la seigneurie de Guéhébert, dont elle porte souvent le nom dans les 15e et 16e siècles. Elle acquit les seigneuries de Montchaton, de Saint-Patrice de Claids, de Graignes et de Briquebosq. Le marquis de Thieuvitie mort en 1786 fut le dernier de cette famille qui, dès le 13e siècle avait produit tant de Mars et tant du Soleils (unde tut Martes et tot sotes). Son fils unique héritier de ce nom illustre, fut tué à la chasse en 1769.
          Ses deux filles, Ies dames d'Octeville et de Thiboutot, vivent encore elles n'ont pas dégénéré. Je ne crains pas d'être accusé de flatterie, en assurant que leurs vertus, leur loyauté et leur bienfaisance sont au-dessus de tout éloge.
    ).

          Après être restée longtemps dans la famille de Matignon, cette seigneurie fut vendue au commencement du 17e siècle à Thomas Morant qui bientôt après cette acquisition prit le titre de baron du Mesnil Garnier. Ses descendants firent ériger cette terre en marquisat (Gds. offic. de la couronne, tome IX p. 321). Les Poilvilains, comtes de Cresnay devinrent possesseurs du Mesnil-Garnier après les Morants. Les possesseurs actuels appartiennent à la famille Génoise de Cambiaso qui a occupé la première place dans son pays et en a eu une très distinguée en France.
           Le Mesnil-Garnier est à peu-près à une lieue au sud-ouest de Gavray. Je n'ai pu y retrouver le lieu ou fut jadis le château des Thieuvilles. Dans le 17e siècle il avait fait place à la magnifique habitation qu'y construisirent les Morant. Ce château qui prouvait l'opulence et le bon goût de ceux qui le firent bâtir a disparu à son tour. Les comtes de Cresnay ne se sont pas même crus dans le cas de l'entretenir.
           Ils l'ont fait remplacer par une petite habitation commode et bien distribuée qui est déjà en décadence, Les plantations des Morants et la disposition du terrain suffisent encore dans leur état d'abandon et de dégradation pour attester leur magnificence et leur bon goût. Le voyageur qui parcourt ces alentours est encore frappé de ces accessoires abandonnés d'un château qui n'existe plus.
           Un couvent de Dominicains et un hospice d'aliénés furent fondés au même lieu par ces seigneurs, et subsistèrent jusqu'à la révolution comme des témoins irrécusables des idées religieuses et vraiment patriotiques des hommes du siècle de Louis XIV.
           Les armes de Thieuville sont d'argent à deux bandes accompagnées de sept coquilles de même, 2, 3 et 2.
           Les Morants portaient d'azur à trois Cormorants d'argent.
           Et les Poilvilains partie d'or et d'azur.

     

    73. MONTAIGU-LES-BOIS.

     

          Si l'on en juge par le service qu'ils devaient au château de Gavray, les seigneurs de Montaigu étaient inférieurs à ceux du Mesnil-Garnier mais si une part distinguée à la conquête d'Angleterre si de grandes récompenses de la part du Conquérant, si une importance signalée en France et surtout en Angleterre sont de justes motifs de compensa-
    tion, Montaigu mérite encore plus l'attention de ceux qui recherchent le berceau des familles Anglo-Normandes.
           Nous avons en Normandie plusieurs paroisses de Montaigu il y en a deux dans le département de la Manche mais c'est dans le canton de Gavray qu'il faut chercher l'origine de la famille qui porte ce nom et de son château.
           Drogon de Montaigu qui était à la conquête d'Angleterre eut des descendants en Normandie aussi bien que dans le pays conquis. Sa postérité a possédé la seigneurie de Montaigu les-Bois jusqu'à la mort de Sébastien de Montaigu arrivée en 1715. Il ne laissa point de postérité, et cette seigneurie passa dans la famille de Cresnay (Poilvilain) par le mariage de sa soeur avec Georges de Cresnay vers 1683 (La Chesa. D. B. dictionn. de la noblesse verbo Montaigu).
    En 1249, Richard de Montaigu y fonda la chapelle du château elle y subsistait encore en 1775.
           Les armes des Montaigu de notre département étaient d'argent à deux bandes de sable accompagnées de sept coquilles de même.
    Ces armes qui, sauf les couleurs sont les mêmes que celles de Thieuville me semblent indiquer une grande probabilité d'origine commune avec les anciens seigneurs du Mesnil-Garnier. L'usage des brisures par le changement des couleurs a été assez fréquent entre dinérentes branches d'une même famille. Je ne donne d'ailleurs ceci que comme une conjecture.
           La famille de Montaigu, très puissante et très illustre en Angleterre, y a subsisté encore plus longtemps qu'en Normandie. Le duc de Manchester se fait honneur d'en être descendu. Voici en partie le précis généalogique de cette famille.
          Drogon qui se trouva à la conquête dans le corps d'armée de Robert comte de Mortain, était particulièrement aimé de ce Prince qui donna à un de ses propres châteaux dans le comté de Somerset, le nom de Montaigu, soit en honneur de son ami, soit (ce qui me paraît plus probable) parce que ce château était bâti sur une montagne (Collinson hist, of Somersetshire tome 1 p. 49, 95, 99, 312, 313, etc. ).
           Vers la fin du règne de Henri ler, Guillaume de Montaigu succéda à Drogon son père. Richard qui vint après Guillaume mourut la huitième année du règne de Henri II, laissant ses biens à Drogon deuxième du nom, son fils : celui-ci épousa Olive, fille d'Alain Basset ; il en eut un fils nommé Guillaume qui, pour sa part de la rançon de Richard-cœur de-Lion, fut imposé à une somme considérable. Deux autres Guillaumes se succédèrent sous le règne de Henri III ; Simon vint après eux sous le règne d'Edouard 1er puis un autre Guillaume sous celui d'Édouard II. Après lui deux autres Guillaumes furent successivement comtes de Salisbury. Tout le monde a entendu parler de la bravoure mais bien plus encore de la beauté de cette fameuse comtesse de Salisbury pour l'amour de laquelle (dit-on) le roi Édouard III établit, en 1349 l'ordre de la jarretière. Elle était la femme de Guillaume Montaigu, second comte de Salisbury un des plus fameux guerriers de son temps (Banks extinct. Baronnage tome III p. 649 et seqq. Collins's Peerage, édit. de 1711 tome II - part. Il p. 214 et 215. V. Le Froissart de Bucbon. tome II. p.172. Note). Il fut le septième des chevaliers du nouvel ordre élus à la première promotion. Il s'était particulièrement distingué à la bataille de Crécy quelques années avant cette institution à celle de Poitiers en 1356, il commandait l'arrière-garde de l'armée Anglaise. Jean de Montaigu lui succéda il prit le parti du roi Richard II contre Henri IV et perdit la vie sur l'échafaud. Thomas son fils fut nommé lieutenant-général de la Normandie pendant que les Anglais la possédèrent sous les règnes de Henri V et de Henri VI. Il réduisit beaucoup de forteresses dans notre province battit l'armée du Roi de France à Crevant aida le duc de Bedford à remporter la victoire de Verneuil et fut dans ces guerres un des plus grands généraux que les Anglais eussent en France (Banks, Collins La Chesn. des B. ubi supr.).
          Nous pourrions suivre cette famille vraiment historique jusqu'à des temps très rapprochés : nous trouverions un duc de Montague dont le titre s'est éteint de nos jours (Banks extinct. baronnage, v°, Salisbury, tome III p. 530 et seqq. Ibid. p. 655 et 654) nous verrions qu'aujourd'hui encore les familles les plus distinguées de la Grande-Brétagne cherchent à se rattacher à ce nom nous en reconnaîtrions qui se distinguèrent en France sous le règne de Philippe-Auguste, de Philippe-le Hardi et de Philippe-le-Bel, et combattirent à Poitiers contre leurs parents d'Angleterre. On n'en finirait pas si on voulait rapporter tous les services des Montaigus leurs exploits leurs fondations religieuses.
    Croirait-on après cela que le château de Montaigu ne vaut pas la peine d'être examiné qu'il n'y a ni mottes ni fossés ni à peine la trace d'anciennes fortifications c'est pourtant ce que j'ai vérifié il y a peu d'années (8 juin 1822). Ce qu'on appelle l'ancien château est sur un terrain uni et qui ne semble pas avoir été susceptible de défense. Le manoir est à quelques centaines de mètres au midi de l'église près d'un petit ruisseau qui en remplit l'étang. Les derniers propriétaires qui l'habitaient au commencement du dix-huitième siècle étaient de la famille de Cresnay.
           Dans l'église qui n'est ni ancienne ni remarquable, il y avait un caveau funéraire où l'on a déposé dans le 18e siècle le corps d'un chevalier de Cresnay et celui d'un enfant.
           Les armes des Montaigus d'Angleterre ont extrêmement varié. Des alliances, des adoptions, et plusieurs autres raisons particulières à la Grande-Brétagne, ont souvent fait changer dans ce pays les écussons primitifs des familles qui ont la prétention de remonter à une origine Normande. On sent combien cette variation a du apporter d'embarras dans mes recherches. Ce qu'il y a de plus fâcheux c'est que cette instabilité remonte jusqu'au temps des ducs de Normandie qui furent rois d'Angleterre et que le remède de ce mal ne peut pas même se trouver dans les archives des hérauts d'armes.
           Je n'indiquerai pas les différentes armoiries des Montaigus d'Angleterre, elles sont trop nombreuses. Je citerai seulement une partie des ouvrages où l'on peut les examiner (Banks extinct. Baronnage tome III p. 530. Hutchins Dorset Collinson Somerset, tome 1).
          Nous avons dans le département de la Manche deux autres châteaux de Montaigu l'un est à Montanel arrondissement d'Avranches près de l'ancienne limite de la Bretagne. En vous donnant mes recherches sur les anciens châteaux de cet arrondissement je vous dirai ce que je connais de celui-ci l'autre est tout près de Torigny je vous en parlerai aussi quand nous serons à l'arrondissement de Saint-Lo.

     

         Aujourd'hui cette indication me conduit naturellement à donner publiquement une explication qui m'a été dernièrement demandée par un de nos savants compatriotes que la société des Antiquaires se fait gloire de pouvoir compter sur la liste de ses membres, et qu'elle a unanimement choisi pour le premier de ses directeurs.
           M. l'abbé de la Rue craint que je n'aie trop multiplié le nombre des forteresses de mon département en opposition à la jurisprudence « castrale établie dans le moyen âge et notamment dans une assemblée des barons tenue à Caen sous Robert de Courteheuse. Cette assemblée ne fit que confirmer les lois établies par les premiers ducs de Normandie lois qui furent et depuis le retour de la Normandie à la France.
           Il semble ajoute notre savant collègue que j'aurais du borner l'indication de nos châteaux forts à ceux des barons qui allaient de plein droit à l'échiquier de Normandie sous les Rois de France. "
           La réponse que j'ai faite à ces objections est toute simple elle sort naturellement de mon travail en le lisant on verra que je n'ai pas cherché à établir une jurisprudence castrale différente de celle qui est fixée par l'assemblée des barons dont je remercie notre savant collègue de m'avoir donné l'indication. Mais le droit et le fait sont souvent en contradiction ils l'ont été d'une manière évidente aux époques indiquées par mon introduction. Plusieurs châteaux-forts qui n'appartenaient pas à des baronnies donnant droit de séance à l'échiquier ont été assiégés, pris ou démolis. Parmi ceux-là je citerai dans la presqu'île du Cotentin Saint-Pierre-Église, Grenneville, Beuseville la Bastille, l'Estre ; dans l'arrondissement de Coutances je puis citer Canville, Lithaire, le Plessis, Montchaton, Briqueville, Regniéville, Chantetou ; je pourrais rappeler ce que j'ai dit des désordres qui permirent de fortifier tant de châteaux (sans droit si l'on veut) sous les règnes du duc Guillaume, de Robert Courteheuse lui même et sous tant d'autres que j'ai indiqués.
           En lisant chacun de mes articles on voit que je ne donne pas à mes châteaux plus de fortifications qu'il ne leur en appartient. Quand je pèche c'est par omission et la preuve que je n'en dis pas trop c'est que je ne retrouve qu'une petite partie de ces châteaux que les comtes deChester et d'autres barons du 12e siècle fortifiaient par douzaines et par trentaines (Voici des passages d'historiens contemporains qui pourront servir à prouver combien la Jurisprudence castrale établie par Robert Courteheuse a été mal observée de son temps et à des époques trés rapprochées les expressions des auteurs me semblent faire allusion aux objections dont je viens de parler. Après la bataille de Tinchebray où Robert Courtebeuse fut fait prisonnier avec le comte de Mortain celui-ci perdit tous ses châteaux, " omnia castella comitis Moritonii. Guill. Gemet. 1. VIII apud Duchesne, Norm. scriptores, p. 298.
           En parlant de la puissance de Robert de Bellesme qui vivait à la fin de l'onzième siècle Orderic Vital dit qu'il possédait trente-quatre castella munitissima, apud Duchesne Norm. script. p. 708.
           Voici un autre passage ou l'auteur en peignant l'état malheureux de la Normandie du temps de Robert Courtebeuse parle des châteaux élevés contre le droit qui couvraient la province : Adultérina passim municipia condebant et ibidem filii luporum ad dilacerandas bidentes nutriebantur. "
          Un autre historien emploie encore une expression analogue en partant du règne d'Étienne de Blois : Singuli sibi castella
    construxerunt et adversus eum tenuerunt. Terram castellis impleverunt. " Chronicon Saxon. Gibson. p. 103.
           Je citerai encore un exemple, parce qu'il appartient à une
    autre des époques que j'ai indiquées dans mon introduction. C'est celle de la minorité de Guillaume-le-Conquerant : Sub
    ejus ineunte aetate Normannorum plurimi aberrantes ab ejus fidelitate in plura loca aggeres erexerunt et tutissimas sibi munitiones cunstruxerunt. " Gemet. de duc. Norm. L.VI Camden's collect., p.649.
          En donnant ici le précis des réponses faites à notre savant collegue, j'espère avoir démontré que mon opinion est fondée ; je crois même pouvoir assurer qu'il en a été généralement satisfait de mon côté je me plais à reconnaître que je n'ai jamais été attaqué d'une manière plus franche plus rigoureuse et plus faite pour jeter de la lumière sur une question.
          Il est impossible de trouver un adversaire plus loyal et plus savant.
    ).

          Je n'ai jamais prétendu que tous ces châteaux fussent des forteresses il en est beaucoup qui ont pu à peine résister à un coup de main du seigneur voisin mais le besoin de tout fortifier, besoin qui s'est fait sentir même sous le règne de Henri IV, permet l'emploi du mot château-fort, auquel je ne donne qu'une importance relative.
            En donnant de la publicité à une réponse que j'ai déjà faite à notre savant et respectable collègue, je n'ai eu qu'un motif celui de donner à la société des Antiquaires de Normandie une explication dont un homme aussi éclairé que lui a cru avoir besoin. S'il ne m'a pas bien compris il faut que ce soit ma faute. Je crois devoir m'empresser de la reconnaître et de la réparer.
           On m'a proposé une autre difficulté bien moins sérieuse en me disant que j'avais omis bien des circonstances relatives à plusieurs de mes châteaux. Je le sais et je reconnais encore une fois la vérité de ce reproche mais si on eût voulu avant de le faire lire attentivement mon introduction, on aurait vu que loin de prendre l'engagement de tout dire je ne donnais que des recherches et que souvent je serais obligé
    de convenir que je ne pouvais rien dire. Je prie donc ceux qui auraient encore l'idée de me faire de pareilles objections de vouloir bien me donner leurs renseignements sans reproche et de compter sur ma reconnaissance.

    Charles de Guerville

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